Après un crime de masse ou un génocide, le travail de mémoire peut commencer dès la chute du régime, ou après un certain temps de latence. Il s’articule avec ce qu’on appelle devoir de mémoire. Au Cambodge, tout le monde s’accorde pour dire que quarante ans après la chute du régime des Khmers rouges, il n’est pas question de devoir de mémoire, tant une omerta semble peser sur ces évènements. Les procès ont permis qu’une parole se libère, que ce silence se lève un peu. Dans un premier temps, nous questionnerons les processus mémoriels pris en charge par le politique et leurs effets d’appropriation de l’histoire par les sujets, puis les processus de symbolisation, d’inscription et de traitement du réel par le symbolique. Nous dégagerons une tension entre division (du sujet) et castration que l’on retrouvera tout au long de ce travail. La question du réel est au premier plan, un réel qui a pris la forme de la jouissance d’un Autre féroce qui a détruit méthodiquement tout ce qui participait des repères symboliques : destruction de la famille, des liens, des institutions sociales, et destruction du langage. C’est au travers des témoignages des victimes, mais aussi des acteurs de ce drame que nous aborderons des notions essentielles pour saisir les rouages de ce génocide telles que la croyance, l’idéologie, et l’idéal de pureté. Nous tirerons un second fil de la tresse que nous garderons tout le long de la thèse, celui du démenti. L’atteinte du langage, autant de la lalangue que de la chaine signifiante, aura des effets de déstructuration qui se vérifie encore de nos jours. En nous appuyant sur la théorisation par Lacan des structures discursives qui organisent le lien social, nous vérifierons notre hypothèse, à savoir que le Discours Capitaliste prospère sur le réel des Khmers rouges, que le réel fait le lit de ce discours. La corruption endémique actuelle nous servira de terrain d’analyse, et nous pourrons vérifier et confirmer notre hypothèse, à condition d’un petit effet de retournement. Nous terminerons ce travail par l’évocation d’un espoir pour le Cambodge, la pratique de l’art, moyen de subjectivation du réel et obstacle du Discours Capitaliste. / After a mass crime or genocide, the work of memory may start from the regime’s fall, or after a certain latency. It articulates with what is called the duty of memory. In Cambodia, everyone agrees that forty years after the fall of the Khmer Rouge regime, there is no question of duty of memory, as an omerta seems to weigh on the events. The trial allowed a word to be released, and silence rises slightly. First, we will question the memory processes supported by the political and effects of appropriation of history by the subjects, and then the process of symbolization, inscription and treatment of the real by the symbolic. We will extract a tension between division (of the subject) and castration which we will find throughout this work. The question of the real is at the forefront, a real that has taken the form of jouissance of a fierce Other that destroyed methodically everything participated of symbolic landmarks : the destruction of the family, relationships, social institutions, and destruction of the language. It is through the testimony of victims but also actors in this drama we will discuss essential concepts to understand the processes of that genocide such as belief, ideology, and the ideal of purity. We will make a second wire of the braid we will keep all along the thesis, that of denial.Harm of the language, as many lalangue that the chain of signifiers, will have effects of destructuring that is still true nowadays. From Lacan’s theorization of discursive structures that organize the social link, we will verify our hypothesis, namely that the Capitalist Discourse thrives on the real of Khmer Rouge, that the real is preparing the way of this discourse. The current endemic corruption will be our ground of analysis, and we will check and confirm our hypothesis, with a small turning effect. We will complete this work with a hope for Cambodia, the practice of art, a way for a subjectivation of the real, and an obstacle for capitalist discourse.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2016TOU20020 |
Date | 12 March 2016 |
Creators | Sidoit, Véronique |
Contributors | Toulouse 2, Sauret, Marie-Jean |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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