Ce travail vise à ouvrir au champ de l’esthétique le complexe des problématiques biopolitiques défini par Michel Foucault. On y établit donc des croisements entre trois domaines originellement dissociés : celui de l’exercice médical (articulation entre théorie et pratique), celui de l’esthétique et celui du politique. La méthode se fonde sur un constat critique : celui des processus de désesthétisation en médecine, engageant une pensée de l’esthétique comme fondement des processus de subjectivation. Hannah Arendt, dans Juger, établissait chez Kant la fonction profondément politique du jugement esthétique en tant que fondateur de communauté. Ici, c’est en partant d’une pensée critique de la médecine que nous voulons établir cette fonction politique du rapport à l’esthétique. On élaborera ainsi ce que Brecht appelait un montage, au sens à la fois conceptuel et esthétique : non pas un simple collage, mais ce qui vise à faire surgir les résonances entre des plans discontinus, entre des seuils. On désignera d’abord comme politiques de désesthétisation ce qui tend, dans l’exercice médical à désapproprier le sujet de ses propres représentations au nom d’une pseudo-rationalité. On élaborera ensuite un concept de l’inassignable, du rapport à la mort aux conduites addictives, et aux conduites esthétiques. On montrera enfin, à partir du croisement entre les pensées de Rousseau, de Foucault, d’Edward Saïd et de Simone Weil, la nécessité réesthétisante d’un engagement du penseur dans son objet par une philosophie de terrain, à l’encontre de l’affectation de scientificité produite par le versant positiviste du discours médical. / This work aims at opening to the esthetics field the biopolitics issues’ complex as defined by Michel Foucault. Links are settled between three research fields originally dissociated : medical exercise (point of articulation between theory and practise), esthetics, and politics. The approach will be based on a critical statement of fact : the dis-esthetization of medical process, bound to esthetics thought as the basis of the subjectivation process. Hannah Arendt, in Juger, established in Kant’s thought the deeply political function of esthetic judgement as a base for the establishment of a community. Starting from a critical approach of medecine, we aim to found this political function of esthetics. We shall, in this way, work out what Brecht used to call a montage, in a both conceptual and esthetic acceptance : not a simple pasting, but what aims at cropping up echoes between broken levels, and between thresholds. We will first designate as dis-esthetization what strives, in the medical exercise, to take away from the subject his own representations in the name of a so-called rationality. We will then establish the concept of non-assignable, starting from our connection to death, then considering addictive behaviours and esthetic patterns. And we will at last show, while crossing Jean-Jacques Rousseau, Michel Foucault, Edward Saïd and Simone Weil’s thoughts, the need for a re-esthetic commitment of the thinker with his subject by turning to a field philosophy, opposed to the feigned scientific nature produced by the positivist side of medical discourse.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2014PA080065 |
Date | 06 September 2014 |
Creators | Vollaire, Christiane |
Contributors | Paris 8, Brossat, Alain |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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