Les adjectifs n’ont pas toujours eu bonne presse chez les grammairiens et les gens de lettre. Leur caractère facultatif a peut-être aussi rebuté les auteurs intéressés par les premiers développements des répertoires de l’enfant, conscients de leur probable rareté à ces stades précoces. C’est pourtant justement leur inscription sur ce versant optionnel et en outre souvent assez subjectif qui leur confère, à notre sens, tout leur intérêt. Leur choix n’étant contraint ni sur l’axe paradigmatique (lorsqu’ils sont épithètes) ni sur l’axe syntagmatique (fonctions déterminative et classifiante exclues), ces marqueurs seront des révélateurs privilégiés des mondes sensoriels, perceptuels et psychiques des locuteurs. Dans un cadre théorique souple et syncrétique, à la croisée des théories énonciatives françaises et des approches anglo-saxonnes dites basées sur l’usage, nous retracerons le développement des répertoires adjectivaux de trois enfants, francophone, anglophone et bilingue français anglais, jusqu’à leur quatrième anniversaire, période généralement admise comme la plus propice aux variations. Nous élargirons ensuite les perspectives aux autres classes de mots constitutives de ces premiers inventaires, afin de percevoir comment la catégorie des adjectifs se développe dans ce système global. Une attention particulière sera accordée aux propriétés de l’environnement susceptibles d’influencer les comportements des enfants. Les résultats montrent que les enfants se saisissent d’abord de propriétés concrètes et perceptuellement saillantes, souvent assez descriptives. Leurs parents utilisent dans le même temps des propriétés plutôt évaluatives, qui traduisent l’affect. La dyade anglophone utilise significativement plus de propriétés évaluatives que les autres dyades. Les adjectifs émergent quelques mois après les premiers mots conventionnels, et restent une catégorie somme toute assez peu fréquente (4 % du lexique total en moyenne). / Adjectives have not always had good press among writers, as they may reflect a distorted prose. Researchers in early lexical development currently regard adjectives as problematic: they may well emerge late in child language, and comprise a small portion of the lexicon. However, we argue that it is precisely this property, along with their subjective stance, which makes adjectives relevant for research. Given that their choice is non obligatory, both on the paradigmatic axis (for attributive adjectives) and on the syntagmatic one (determinative and classifying functions excluded), these markers may help reveal the speaker’s sensory, perceptual and mental worlds. Using a theoretical approach at the crossroads of the French enunciative and the Anglo-Saxon usage-based theories, the data of three children speaking French, English, and bilingual French English, were analysed. We first tracked how their inventories developed until their fourth birthday, the range during which considerable variations occur. These perspectives were then broadened to encompass other categories so as to further understand how the adjectival category develops within this larger system. The environmental properties that might have an impact on the children’s behaviour were examined in detail. The results show that children first use properties anchored in immediate perceptions, while their parents favour more abstract properties, often expressing affect. The English speaking dyad uses significantly more affective adjectives than the other dyads. Adjectives emerge a few months after the first conventional words, and remain a low frequency category (4% of the lexicon in average).
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2013PA030157 |
Date | 06 December 2013 |
Creators | Enzinger, Claire |
Contributors | Paris 3, Morgenstern, Aliyah, Hamm, Albert |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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