Dans cette thèse d'histoire de l'art, nous posons un lien inédit entre la philosophie de Johann Gottlieb Fichte (1762-1814) et quelques pratiques artistiques et/ou littéraires issues du premier romantisme allemand : notamment celles de Friedrich Schlegel (1772-1829), de August Wilhelm Schlegel (1767-1845), de Friedrich von Hardenberg (« Novalis », 1772-1801) et de Caspar David Friedrich (1774-1840). Bien que ce lien ait été posé dans l'historiographie traditionnelle, il l'a été en tenant compte soit des contenus particuliers enseignés dans la Wissenschaftslehre de Fichte (théorie du sujet, théorie de la liberté), soit des opinions politiques de cet auteur (républicanisme, égalitarisme, universalisme du droit). Or, le projet romantique tel qu'envisagé par ces praticiens a pour matrice la dynamique pragmatique du message fichtéen, c'est-à-dire la structure aussi bien communicationnelle que pédagogique de ce dernier. Dans cette optique, en prenant pour cadre de référence la recherche actuelle en études fichtéennes, nous démontrons que Fichte est l'auteur d'un dispositif réflexif original dans lequel l'usager d'un système représentationnel donné (en l'occurrence : les présentations scientifiques de la Doctrine de la science) se trouve indexé par le dispositif qu'il anime. Si bien que les fonctions de réception et de production du système --- qui sont du ressort de sa performativité --- s'avèrent parfaitement identiques.
Afin de proposer un métalangage adapté aux outils épistémologiques de notre champ disciplinaire (l'histoire de l'art), notre lecture de Fichte Fichte se déploie à partir d'un double cadre méthodologique : la sémiologie des représentations (Louis Marin) et la narratologie (Gérard Genette, Mieke Bal). En fonction de cette méthodologie, nous démontrons que le propre du projet romantique, tel qu'envisagé par ses protagonistes de la première heure (les frères Schlegel, Fr. von Hardenberg) et par son peintre le plus abouti (C.D. Friedrich), est d'avoir déployé le dispositif pragmatique fichtéen dans des pratiques littéraires et plastiques, en vue d'engendrer un nouveau rapport entre l'image et la Bildung (esthétique, politique) du spectateur. Dès lors, la finalité de ce travail est de contribuer aux savoirs sur l'efficacité de l'art dans l'économie spectatorielle de la modernité et d'analyser l'apport de Fichte et des romantiques à la problématique actuelle de l' « agentivité » (agency) des images. / The purpose of this art history dissertation is to shed new light on the relation between the philosophy of Johann Gottlieb Fichte (1762-1814) and the artistic practice of some of early German romanticism's leading figures, namely, Friedrich Schlegel (1772-1829), August Wilhelm Schlegel (1767-1845), Friedrich von Hardenberg (“Novalis,” 1772-1801), and Caspar David Friedrich (1774-1840). Although this link has previously been established in the historiography on German romanticism, I contend that Fichte's importance to the romantic movement does not hinge on the content of his philosophical writings (i.e., the Wissenschaftslehre as a theory of subjectivity or as a theory of freedom), nor on Fichte's political beliefs (republicanism, egalitarianism, the universality of Right). Rather, the driving force behind the romantic project resides in the pragmatic dynamics of the Wissenschaftslehre itself, that is, on its communicational and pedagogical framework. In reference to the work of leading Fichte scholars publishing in the field of the history of philosophy, I argue that Fichte's Wissenschaftslehre consists in an original, self-referential representational system whose putative user is indexed within the very system he or she drives. In the final analysis, the reception of such a system coincides with its production, and both are a function of its performative character.
In keeping with the epistemological framework of art history, I propose a reading of Fichte that makes use of two methodological approaches, namely, the semiology of representational systems (Louis Marin) and narratology (Gérard Genette, Mieke Bal). Based on this approach, I contend that the Schlegel brothers', Hardenberg's, and C. D. Friedrich's respective artistic practices make use of the Wissenschaftslehre's pragmatic dynamics in order to rethink the way in which pictorial or textual representations shape their beholders (both aesthetically and politically). Ultimately, this dissertation aims to contribute to current debates on the power of images in the modern context, and to understand Fichte’s and the romantics' heretofore unacknowledged contribution to the theory of the agency of images. / Thèse effectuée en cotutelle avec l'École des hautes études en sciences sociales, Paris. Pour
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Identifer | oai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QMU.1866/8257 |
Date | 10 1900 |
Creators | Ralickas, Eduardo |
Contributors | Lamoureux, Johanne, Michaud, Éric |
Source Sets | Library and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Thèse ou Mémoire numérique / Electronic Thesis or Dissertation |
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