La relation mère-fille est duelle, ambivalente, jeu de miroirs. A la fois lieu de la matrice, lieu de maternage, et de matriçage. Le couple mère-fille en appelle en effet au corps, revenant à l’origine de cette relation qui valorise une transmission au féminin, et ce à l’intérieur-même d’une société patriarcale tendant à assujettir les femmes. Il peut toutefois aussi devenir désastre. La fille réagit face à sa mère, première personne à laquelle elle peut s’identifier, premier lien à la vie. La confrontation est, semble-t-il, nécessaire, elle permet à l’enfant de se détacher de la figure maternelle tout en s’en servant de modèle. Afin d’éviter une union destructrice, la fille doit prendre conscience d’un amour maternel envers lequel il faut qu’elle prenne ses distances de façon à être, à son tour, quelqu’un, et plus précisément une femme. La fuite des filles, ou du moins leur recherche d’indépendance face à leur mère dans les romans analysés indique cette nécessité de se construire soi-même sans pour autant détruire le lien à la mère. L’espace prend alors une place prépondérante dans la découverte et le rétablissement de cette relation maternelle exclusive. Il s’avère être symbole de la mère, antidote contre la solitude filiale, espace à conquérir et à comprendre, lieu de résistance, incitation à écrire cette relation mère-fille. Le meurtre symbolique de la mère, illustré ici par l’absence de celle-ci lors du processus d’identification et de libération de la fille assure a posteriori la persistance de la relation maternelle ainsi que l’affirmation d’une lignée féminine – et non leur anéantissement. / The mother-daughter relationship is dual, ambivalent, a hall of mirrors; it is at once the site of the womb and maternity, a veritable matrix of meaning. The mother-daughter pairing moves through the body, constantly calling attention to its origins and valorising a transmission au féminin even from within a patriarchal society. However, it can also prove catastrophic. Though the mother is the first person with whom the daughter identifies—her first link to life—the daughter not only reacts to her, but also pushes against her. It would appear that this confrontation is necessary, that it allows the child to detach herself from the mother even as she models herself on her. In order to avoid a destructive union, the daughter must become conscious of the maternal love from which she must take her distance if she is to become someone, and more precisely, a woman. In the novels analysed here, the daughter’s flight—her quest for independence from her mother—points to her need to create herself, to come into her own without destroying the mother-daughter bond. The notion of space is of the utmost importance in the discovery and (re-)establishment of this exclusive filial/maternal relationship. Space becomes the symbol of the mother and the antidote to filial solitude, a site of resistance, one to be conquered and understood, and thus an incentive to write the mother-daughter relationship. The symbolic matricide—depicted in these novels through the absence of the mother during the process of identification and the liberation of the daughter—ensures, a posteriori, the continuation rather than destruction of the filial/maternal relationship, as well as the affirmation of a female lineage.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2013PA030012 |
Date | 18 January 2013 |
Creators | Vignon, Elodie |
Contributors | Paris 3, Queen's university at Kingston, Calle-Gruber, Mireille, Dhavernas, Catherine |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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