Cette thèse porte sur le développement du travail « en 12 heures » des infirmières et des aides-soignantes de l’hôpital public depuis une dizaine d’années. Elle l’envisage comme un dispositif révélateur des transformations de l’action publique et du travail. Permettant à la fois de dégager des économies pour les directions et de condenser le nombre de journées travaillées pour les soignants, ce mode d’organisation du temps de travail cristallise les enjeux actuels de l’institution hospitalière, entre rationalisation gestionnaire, intensification du travail et aspiration des soignants à se réapproprier une vie « à eux » en dehors de l’hôpital. Défini en 2002 comme une dérogation à la durée maximale du travail dans les cas où « les contraintes de continuité du service public l’exigent en permanence », la normalisation du recours au dispositif vient parallèlement nourrir un écart grandissant entre droit et pratiques. Alliant sociologie du travail, sociologie de l’action publique et sociologie du droit, la thèse se présente comme une ethnographie multi-située du travail en 12 heures, interrogeant les conditions d’émergence du dispositif et les appropriations/retraductions qu’en font les différents acteurs (réformateurs, intermédiaires du droit, soignants). La thèse montre ainsi que, à côté de l’idée d’une amélioration de la qualité du service et de l’épanouissement de soignants (qui y trouvent un équilibre entre travail et vie privée), le dispositif s’accommode de l’intensification du travail et fait le jeu de la rationalisation à l’œuvre à l’hôpital. / This thesis focuses on the development of 12 hours-shift work of nurses and nurses’ aides in public hospital since a decade. It considers the program as an indicator of public policy and work transformations. Drawing savings for the administrative heads of hospital and reducing the number of working days for nurses, this working time organization crystallises current issues of public hospital : new public management, intensification of work, aspiration of work/life balance of nurses. Defined in 2002 as an express exception of the maximum legal working time (due to the necessity of public service continuity), the standardization of the use of the program contributes to increase the gap between norms and practices. At the intersection of sociology of work, sociology of public policy and sociology of law, the thesis is based on a multi-sited 12 hours-shift work ethnography. It examines the conditions of emergence of the program and the way actors appropriate it. The thesis shows that beside the idea of an improvement of the service quality and the nurses’ satisfaction, the program goes with the intensification of work and contributes to the rationalization of hospital.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2016PSLED047 |
Date | 09 December 2016 |
Creators | Vincent, Fanny |
Contributors | Paris Sciences et Lettres, Méda, Dominique |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
Page generated in 0.003 seconds