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L'investissement subjectif des travailleurs : contribution à la sociologie critique du management

D'abord regroupés sous la surveillance d'un capitaliste, les ouvriers de métier ont perdu graduellement la maîtrise de leur activité et de leur savoir par l'introduction progressive de la coopération des métiers, de leur division en tâches parcellaires, de la machine puis du manager. La corporation et, avant elle, le capitaliste bourgeois considèrent que la jouissance pleine et entière de leur droit de propriété inclut le droit d'organiser les différents éléments productifs. C'est sous ce principe que l'institution du marché sera intégrée à l'entreprise et que le travail sera modifié en emploi. À partir de l'instauration du toyotisme, les incertitudes liées à l'environnement que la corporation doit affronter seront désormais déversées sur les employés. Avec les nouveaux outils de mobilisation des employés, l'organisation corporative a réussi à allier la gestion et le travail, et à incorporer les principes managériaux dans le travail. Pour comprendre de façon systématique cette dynamique, nous avons eu recours à une analyse discursive portant sur les ouvrages de Tom Peters. La confrontation du concept préconstruit d'investissement subjectif au corpus nous a permis de dégager de nouveaux éléments conceptuels. Globalement, il est ressorti de l'analyse un imaginaire typiquement américain du travail, qui inscrit l'orientation de la pratique dans un paradigme pragmatique. L'inscription de la vie individuelle et collective dans des visées utilitaires et entrepreneuriales se prolonge et trouve son effectivité dans les techniques cognitivo-comportementales. La coercition nécessaire au relais de ces idéologies, déjà anciennes, mais dont l'importance accrue ne se dément pas, est assurée par la dernière dimension, celle de coopération, où nous avons posé comme déterminante l'adhésion de l'employé aux objectifs et à l'univers de l'organisation. L'individu produit du management est la figure que nous avons développée du normopathe, que l'on doit opposer à celle de l'individu dit souffrant. Nous trouvons donc ici la pertinence de réinterroger la catégorie de souffrance héritée de la psychopathologique du travail en l'articulant avec le concept d'aliénation. Celui-ci, entendu comme triple moment de coupure (dont les trois moments sont la coupure avec le monde, la coupure avec soi et leur synthèse dans l'activité) est ce sur quoi le management tente précisément d'agir pour supprimer les inconvénients provoqués par l'aliénation. Le sujet est retrouvé dans la propriété sous forme coopérative, la médiation dans l'activité par l'autonomie et la qualité totale, et l'objet par la consommation et les loisirs organisés.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : travail, subjectivité, management, corporation, flexibilité, aliénation, souffrance, Tom Peters.

Identiferoai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QMUQ.4139
Date05 1900
CreatorsLaurin-Lamothe, Audrey
Source SetsLibrary and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada
Detected LanguageFrench
TypeMémoire accepté, NonPeerReviewed
Formatapplication/pdf
Relationhttp://www.archipel.uqam.ca/4139/

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