Cette thèse porte sur l’analyse technologique d’assemblages lithiques provenant du Témiscouata dans le Bas-Saint-Laurent (Québec, Canada) et datés entre le Sylvicole moyen tardif (500 à 1000 apr. J.-C.) et la période de Contact (XVIe et XVIIe siècles apr. J.-C.). Cette région, située dans l’extrémité septentrionale de la haute vallée de la rivière Saint-Jean, possède une importante source de matière première lithique, le chert Touladi, qui a été fortement exploitée à la préhistoire et même durant la période historique par les Premières Nations. Les chaînes opératoires lithiques de cinq sites archéologiques du Témiscouata ont été analysées via l’approche technologique afin d’en reconstituer les schèmes techno-économiques et leur implication dans les modes de vie des chasseurs-cueilleurs nomades de la région.
Les industries lithiques du Témiscouata montrent l’existence de trois chaînes opératoires : la taille de pièces bifaciales, le débitage de nucléus et l’utilisation de pièces esquillées. Quant à l’outillage, il est constitué par des pièces bifaciales et des outils simples sur éclats (outils ad hoc, grattoirs et pièces esquillées). La production des outils sur éclats a été faite sur des supports issus de ces trois chaînes opératoires, mais c’est le processus bifacial qui est cependant à l’origine de la majorité d’entre eux et c’est pourquoi il occupait une place centrale dans ces industries. Les pièces bifaciales combinaient ainsi les rôles d’outils et de « nucléus » fournissant l’essentiel des supports. Les artefacts en chert local ont permis de mieux comprendre comment les technologies étaient organisées pour les besoins à une échelle locale, mais également territoriale alors que les groupes profitaient des carrières de chert Touladi pour se préparer à leurs besoins futurs, anticipés ou non. Quant aux pièces en matériaux exogènes, même si elles comptent pour une part minime des assemblages lithiques, elles ont permis d’entrevoir les stratégies économiques adoptées préalablement à l’occupation du Témiscouata, dans des contextes de rareté en matières premières lithiques de bonne qualité.
Les schèmes techno-économiques mis en œuvre par les communautés de chasseurs-cueilleurs du Témiscouata ont constitué des éléments importants de leur stratégie d’adaptation en leur fournissant l’outillage nécessaire selon les multiples contextes rencontrés au cours de leur cycle annuel de nomadisme. Ils traduisent ainsi des choix révélateurs de leurs modes de vie, de leurs modalités d’occupation des sites et de leur réalité socio-économique. / This thesis presents data and analyses on chipped stone tool techno-economic patterns of nomadic hunters-gatherers at a quarry source area in the Témiscouata region (Québec, Canada) during the latter part of the Middle Woodland (500-1000 AD), the Late Woodland (1000-1550 AD) and also the early historic period (XVIe-XVIIe centuries AD). Located in the hinterland of the Bas-Saint-Laurent region, in the upper St. John river drainage, the Témiscouata region is rich in natural resources, perhaps among the most important is an important chert outcrop. The Touladi chert is present in two main quarries and is also found in pebble form scattered in the vicinity of the surrounding lakes and rivers. We applied a technological analysis, from the technological approach in the French tradition, to five lithic collections with the objective of reconstructing the chaînes opératoires and their economic management patterns (techno-economy).
The most prominent artifacts found are of course the countless flakes which have been derived from three different chaînes opératoires: the bifacial process, the multidirectional (ad hoc) core reduction, and the use of pièces esquillées. The production of bifacial tools is the most important process in the Témiscouata lithic industries and is the one which produced most of the flakes found on the prehistoric settlements. The tool assemblage is first characterized by the bifacial tools which are primarily manufactured from tabular blocks of chert. As for the flake tools, they are mostly represented by informal (ad hoc) tools (retouched and used flakes), endscrapers and pièces esquillées. Techno-economic patterns of Touladi chert use have demonstrated that most of the flake tools were made on flake blanks derived from the bifacial process, mostly from the early and middle stages of this chaîne opératoire. The bifacial process was also segmented in time and space so that blanks and preforms could be carried throughout the territory to be used as “cores”. The two other production sequences are quite secondary based on the small amount of tools manufactured and they are far less mobile than the bifacial process. Stone tools that are made of exotic materials, even if they represent a small part of the archaeological record, reveal the patterns that prevailed while hunters-gatherers were outside the quarries zone.
The technological analysis provides empirical evidence that hunter-gatherers of the Témiscouata region adopted flexible and simple, yet efficient, techno-economical strategies. These management schemes, which use the bifacial chaîne opératoire as the central element of tool manufacturing, are well adapted to their way of life based on a generalist, seasonal and flexible subsistence economy.
Identifer | oai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/18427 |
Date | 01 1900 |
Creators | Eid, Patrick |
Contributors | Burke, Adrian L., Chabot, Jacques |
Source Sets | Université de Montréal |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Thèse ou Mémoire numérique / Electronic Thesis or Dissertation |
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