Pour Boltanski et Chiapello (1999), la critique artiste a été récupérée par le capitalisme. La motivation repose aujourd’hui grandement sur certains principes au nom desquels il était critiqué dans les années 60. Pourtant n’existe-t-il pas dans certaines organisations artistiques des grandeurs, valeurs ou pratiques, des modes d’organisation et de vie commune, constituant un ferment critique qui n’a pas été récupéré par le capitalisme contemporain ? Une exploration de type ethnographique a été menée au sein d’Odin Teatret, au Danemark, une organisation où la critique artiste s’élabore et se vit. Nous avons observé et participé au total pendant six mois aux créations et activités de ce groupe hors norme. Dans un premier temps, en nous inspirant de la description dense de Geertz, nous avons constaté que, bien que parfois avec des formes et une acuité particulière, bien des ressorts décrits par Boltanski et Chiapello étaient à l’oeuvre mais que cependant certaines énigmes demeuraient. Abandonnant l’approche cognitive de Geertz pour celle plus réflexive et tournée vers les affects de Stewart, nous avons ensuite entrepris de poursuivre et re-décrire notre expérience en insistant sur le désir, la transformation, la présence, pour chercher une autre manière de faire sens, riche et affective, de l’activité à Odin. Dans un troisième temps, cette expérience à Odin est réfléchie grâce aux concepts de Stiegler. Nous comprenons alors que ce lieu est le théâtre de certains processus différents de l’entreprise capitaliste, fut-elle organisée en réseau. L’individuation psychique, collective et technique, le rôle du désir et d’une certaine économie libidinale, le rôle du non calculable, l’insistance de la recherche non de motivations mais de ce qui fait que la vie mérite d’être vécue… sont autant de facettes qui ne peuvent être que partiellement récupérées par l’économie capitaliste. Par ailleurs la présence, l’ouverture au possible, la créativité, peut-être même l’authenticité, demandent un entraînement long, répété et épuisant (exigeant). A la différence de la standardisation et de la pulsion dans la consommation, il s’agit de mettre son être en mouvement – non pour devenir une forme précise, mais cherchant le mouvement pour lui-même qui ouvre à la présence et à une intensité de vie. Une critique artiste, réinterrogeant ces éléments, peut toujours être présente, même virulente contre un capitalisme qui fait de nous des endormis et des corps stupides / [non communiqué]
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2010TELE0033 |
Date | 21 December 2011 |
Creators | Dos Santos Paes, Isabela |
Contributors | Evry, Institut national des télécommunications, Moriceau, Jean-Luc |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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