« Ce qu’il y a de plus profond en l’homme, c’est la peau – en tant qu’il se connaît » écrit Paul Valéry dans L’Idée fixe. Peu d’œuvres autobiographiques se sont pourtant abandonnées à l’exploration de cette profondeur : depuis Rousseau, les impératifs du genre exigent d’aller in cute. L’Histoire de ma vie est de ce petit nombre. Casanova, longtemps l’homme de toutes les superficialités, parcourt sans discontinuer cette surface de l’être, non pour s’y oublier, mais justement « en tant qu’il se connaît ». Sur l’épiderme, s’affichent les plus vertigineuses métamorphoses autant que se dévoilent les plus éclatantes révélations : l’homme y découvre de quelle étoffe il est fait. La réflexivité du récit de soi ne saurait faire l’économie de cette médiation, et ce que tente de retrouver l’écrivain au fil des pages, c’est moins une vérité ou une essence qu’un corps à nouveau capable de profondeur. L’œuvre tend à recomposer ses tissus, à rétablir sa splendeur et à rejouer ses élans, espérant ainsi triompher de la seule réalité véritablement superficielle : le Temps. La mémoire du désir renvoie à cette anamnèse charnelle, qui se déploie à l’écart de la conscience et de l’intériorité mais au sein du théâtre des peaux et des parures. L’Histoire de ma vie tente d’en recueillir et d’en relancer l’intensité, de redonner au sujet écrivant cette chair perdue, la seule qu’il connaisse et que chaque ligne tente de reconquérir. Cette mémoire à sa temporalité propre, elle façonne un sujet inédit et génère un régime d’écriture singulier : elle ouvre ainsi au sein de l’univers des écritures du Moi un espace immense et encore insuffisamment exploré. / «What is deepest in man, it is the skin - as he knows himself," wrote Paul Valéry in L’idée fixe. Few autobiographical works have quite explored of this depth: since Rousseau, the imperatives of the genre require to go in cute. L’Histoire de ma vie belongs to this little number. Casanova, for long man of all superficialities, runs continuously the surface of being, not to forget himself, but precisely "as he knows himself." On the epidermis, appear the most dizzying metamorphoses as the most brilliant revelations: man discovers of what stuff is made. The reflexivity of the narrative itself cannot do without this mediation, and that the writer tries to find as the pages go by, it's less a truth or essence than a body again capable of depth. The work tends to recompose its tissues, to restore its splendor and to replay his impulses, hoping to overcome the only truly superficial reality: Time. Desire’s memory refers to this carnal anamnesis, which unfolds away from consciousness and interiority but in the theater of skins and ornaments. L’Histoire de ma vie tries to collect and to raise the intensity, giving back to the subject writing this flesh lost, the only one he knows and that each line is trying to regain. This memory has its own temporality; it shapes a unique subject and generates a unique writing system: it opens within the world of writing of the self an immense space and still insufficiently explored.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2012LYO30054 |
Date | 25 June 2012 |
Creators | Francès, Cyril |
Contributors | Lyon 3, Jomand-Baudry, Régine |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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