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Combatant socialization and the perpetration of violence against civilians in intrastate conflicts

Au courant des dernières années, les chercheurs s’intéressant aux guerres civiles ont proposé une multitude de théories pour expliquer pourquoi les groupes rebelles en viennent parfois à cibler les populations civiles. Malgré cette abondance théorique, notre compréhension des processus et des mécanismes menant les combattants de rang inférieur à participer à cette violence demeure, étonnamment, très limitée. Cette carence est en partie due au fait que les travaux existants reposent souvent sur des postulats implicites – et parfois infondés – à propos des combattants se situant au bas de la hiérarchie militaire et qui sont ceux qui mettent en œuvre la violence envers les civils sur le terrain. Ainsi, certaines questions importantes sur les micro-déterminants de la violence au sein des groupes rebelles demeurent, à ce jour, sous-étudiées dans la littérature sur les guerres civiles. Cette thèse pose donc la question suivante : comment les combattants rebelles en viennent-ils à tuer des civils non-armés durant les conflits intra-étatiques? Mobilisant des méthodes mixtes (i.e. analyses statistiques et études de cas) et explorant une variété de cas empiriques, cette thèse puise dans la sociologie et la psychologie pour soutenir que la participation des combattants rebelles à la violence envers les civils peut être comprise comme étant le fruit d’un processus de socialisation. Spécifiquement, la thèse conceptualise cette participation comme découlant des puissants besoins, sanctions, contraintes, influences et incitatifs sociaux auxquels les combattants font face – et qui deviennent souvent prépondérants – durant les guerres civiles. Au fil du temps, ces forces sociales façonnent les dispositions attitudinales et les tendances comportementales des combattants, motivant chez ceux-ci la recherche d’un alignement par rapport aux normes et aux attentes de leurs dirigeants et de leurs pairs. Bien que les trois articles qui forment cette thèse abordent des sujets distincts, ils sont tous informés et unis par ce cadre théorique.
Le premier article de la thèse synthétise les théories existantes sur la socialisation des combattants et les incorporent dans un modèle intégré, qui distingue cinq trajectoires pouvant mener ceux-ci à la violence. Ce faisant, l’article spécifie les principaux mécanismes socio- psychologiques au travers desquels les dynamiques de socialisation peuvent encourager la participation à cette violence. Sur cette base, l’article illustre la valeur ajoutée de ce modèle en explorant les trajectoires vers la violence des combattants rebelles durant la guerre civile au Sierra Leone.
Le deuxième article explore la manière dont le contexte opérationnel au sein duquel les combattants évoluent peut façonner la nature des influences de socialisation auxquelles ils sont exposés. S’intéressant aux variations entre et au sein des groupes rebelles utilisant des tactiques de guérilla, l’article soutient que le degré « d’intégration opérationnelle » (operational embeddedness) de ces groupes au sein des populations locales influence de manière importante le type de relations que les combattants développent avec les civils. Entamant un dialogue entre les littératures sur la gouvernance rebelle et la socialisation des combattants, cet article mobilise des tests statistiques et une étude de cas qualitative (l’insurrection des Talibans en Afghanistan), mettant en lumière la manière dont l’environnement opérationnel d’un groupe affecte l’essence des dynamiques de socialisation et, par conséquent, le répertoire d’actions des combattants.
Le troisième article examine comment les caractéristiques organisationnelles des « new new insurgencies » (NNIs) – tel que définies par Walter – affectent la propension de ces groupes djihadistes transnationaux à cibler les populations civiles. L’article soutient que l’idéologie de plus en plus fratricide des NNIs, le fait que leurs dirigeants ancrent leur autorité dans des sources divines et la présence de combattants étrangers radicalisés au sein de ces groupes créent de puissantes dynamiques de socialisation, qui tendront à motiver une participation accrue à la violence envers les civils. Mobilisant également des analyses quantitatives et une étude de cas qualitative (l’insurrection d’al-Shabaab en Somalie), cet article démontre que les NNIs sont associées à des taux de violence particulièrement élevés par rapport à la fois aux autres types de groupes rebelles, mais aussi aux groupes islamistes antérieurs et non-transnationaux. L’article souligne ainsi l’importance de prendre en considération l’idéologie, l’autorité et les processus de mobilisation transnationaux pour mieux comprendre le comportement rebelle.
Ainsi, les trois articles brossent un portrait théorique systématique des processus et des mécanismes au travers desquels les combattants rebelles en viennent à tuer les civils durant les conflits intra-étatiques, plaçant ainsi cette littérature sur une base conceptuelle plus solide. Ce faisant, la thèse met en lumière la considérable diversité des trajectoires, l’inhérente complexité des processus menant à la violence et la fondamentale humanité des combattants rebelles. / Although the civil war literature is replete with theories purporting to explain why rebel groups wield violence against civilians, we still have a surprisingly limited understanding of the processes and mechanisms driving low-ranking combatants to participate in civilian targeting. As I argue in this thesis, this is in part because much of existing research on rebel behavior relies on implicit, unstated, or even unfounded assumptions about the flesh-and-blood individuals who carry out such violence on the ground. Accordingly, a number of fundamental questions about the perpetrators of wartime violence and the micro-level drivers of their behaviors have remained largely under-addressed in the scholarship on civil war violence. This thesis thus asks the following question: how do low-ranking rebel combatants come to kill unarmed civilians during intrastate conflicts?
Leveraging mixed methods that combine statistical analyses with case studies and exploring a variety of empirical cases, the thesis draws from the conceptual repertoire of sociology and psychology and contends that violence perpetration can best be understood as a socialization process. Specifically, I conceptualize participation in violence against civilians as deriving from the potent social influences, needs, incentives, sanctions, and constraints that rebel combatants experience – and which often become overriding – in the midst of civil wars. In turn, these powerful social forces progressively shape combatants’ attitudinal dispositions and behavioral tendencies, creating strong pressures for them to seek alignment with the violent norms and expectations of their leaders and peers. While the three articles that form this thesis tackle different topics, they are informed and united by this overarching theoretical approach.
In the first article, I synthesize existing theories of combatant socialization and combined them into an integrated framework, which charts five key pathways toward civilian targeting. The article also specifies the main underlying socio-psychological mechanisms through which socializing influences motivate participation in such violence. It then illustrates how these pathways map onto the actual experiences of civil war combatants by examining the drivers of individual participation in violence during the Sierra Leone Civil War.
In the second chapter, I explore how the environment in which rebel combatants operate can affect their repertoire of action by shaping the nature of the socializing influences to which they are exposed. Focusing on variations across and within rebel groups waging guerrilla warfare, this article argues that the extent of a group’s operational embeddedness – that is, the degree to which its operational bases are physically integrated within civilian communities – can considerably affect the type of relations that combatants come to nurture with civilians. Bridging the rebel governance and combatant socialization literatures, the article mobilizes cross-national statistical analyses and case study evidence from the Taliban’s insurgency in Afghanistan and finds strong empirical support for these arguments, highlighting the importance of the operational context in shaping socialization dynamics and, consequently, rebel behavior.
In the third chapter, I examine whether the organizational characteristics of “new new insurgencies” (NNIs) – as defined by Walter – affect the extent to which these transnational jihadist rebel groups target civilian populations. Specifically, this article argues that the increasingly fratricidal ideology of NNIs, the fact that their leaders anchor their authority claims in divine sources, and the presence of radicalized foreign fighters in their membership base create potent socialization dynamics that are likely to steer combatants toward violence. Using cross-national statistical tests and qualitative evidence from al-Shabaab’s insurgency in Somalia, the article highlights that this new – and increasingly prevalent – breed of insurgents indeed tends to impose a particularly heavy toll on civilian populations, relative to both other types of rebel groups as well as earlier and non-transnational Islamist groups. The article thus emphasizes the need to account for ideology, authority, and membership when studying the determinants of rebel behavior.
Together, these three articles thus offer a systematic theoretical account of the processes and mechanisms through which low-ranking rebel combatants come to kill civilians during civil wars, placing debates over the determinants of rebel behavior on a more solid conceptual footing. As a whole, therefore, this thesis advances our understanding of civil war violence by casting the focus on low-ranking combatants and by calling attention to the fundamental diversity of their trajectories, to the inherent complexity of the perpetration process, and to the basic humanity of perpetrators of political violence.

Identiferoai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/26850
Date08 1900
CreatorsCantin Paquet, Marc-Olivier
ContributorsSeymour, Lee Joseph Mars, McLauchlin, Théodore
Source SetsUniversité de Montréal
LanguageEnglish
Detected LanguageFrench
Typethesis, thèse
Formatapplication/pdf

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