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Le libéralisme politique et l’éducation à l’autonomie individuelle

Ce mémoire explore la question des conséquences de l’interprétation rawlsienne du pluralisme
éthique pour la légitimité de l’autonomie individuelle comme objectif d’éducation publique.
Rawls (1993, 2003) soutient que seuls des objectifs éducatifs strictement politiques peuvent
guider l’élaboration des politiques publiques en matière d’éducation obligatoire et justifier une
intervention étatique dans l’éducation des enfants. Or, puisque Rawls définit l’autonomie
individuelle comme un idéal éthique privé, il conclut qu’elle n’est pas un objectif légitime
d’éducation publique. La thèse principale qui est défendue dans le cadre de ce mémoire est que
Rawls est aveugle aux implications réelles de sa propre théorie politique en matière d’éducation
commune, qui, contrairement à ce qu’il soutient, exigent précisément la promotion de
l’autonomie individuelle comme idéal éthique (et non politique). Cette thèse remet en question le
principe de neutralité de l’État envers toutes les doctrines éthiques, y compris l’idéal d’autonomie
individuelle, qui caractérise et distingue la théorie rawlsienne des versions classiques du
libéralisme. La deuxième partie de cette étude considère une stratégie possible pour sauver la
neutralité du libéralisme politique, qui consiste à définir le concept d’autonomie individuelle de
manière procédurale et éthiquement neutre. Ce chapitre montre que, indépendamment de la
plausibilité strictement conceptuelle d’une telle caractérisation de l’autonomie individuelle, elle
n’est pas appropriée au projet éducatif rawlsien, parce que celui-ci demande la valorisation de la
pensée critique, et comporte donc un élément éthique incontournable. Enfin, la troisième partie
de cette étude explore la problématique des moyens de promotion de l’autonomie individuelle et,
plus spécifiquement, de la légitimité des écoles séparées religieuses. Elle soutient, d’un côté que
l’école religieuse peut avoir une importante valeur instrumentale vis-à-vis du développement de
l’autonomie individuelle, mais de l’autre côté, que l’école commune est nécessaire à un certain
stade de développement. / This study explores the consequences of the rawlsian interpretation of ethical pluralism for the
legitimacy of individual autonomy as a goal of public educational policies. Rawls (1993, 2003)
affirms that the only educational goals that can legitimately justify public policies and the state’s
intervention in children’s education are strictly political goals. Now, Rawls defines personal
autonomy as a private ethical ideal. Therefore, he concludes that personal autonomy is not a
legitimate goal of public education. The main thesis defended in this study is that Rawls fails to
realize the implications of his own political theory for educational policies. His ideal of
citizenship demands in fact a public promotion of individual autonomy. One effect of this thesis
is to challenge the principle of the state’s neutrality towards all ethical doctrines, which
characterizes and distinguishes Rawls’ theory from the classical versions of liberalism. The
second part of the study considers an alternative strategy that aims at defending the principle of
neutrality by redefining the very concept of personal autonomy in procedural and non-ethical
terms. However, this study shows that, independently of its conceptual plausibility, a purely
procedural notion of personal autonomy is not appropriate in the context of the rawlsian
educational project. Rawls’ political theory demands in fact the valorization of the practice of
autonomy and involves thereby an unavoidable ethical partiality for certain ways of life. Finally,
the third part of this study explores the normative debate about the means needed for the
promotion of personal autonomy in public education. More specifically, it focuses on the
question of the legitimacy of religious schools. It argues, on the one hand, that religious schools
can play an important instrumental role for the development of personal autonomy, but that, on
the other hand, common schooling is, at the certain stage, necessary for a full development of
children’s personal autonomy within a pluralistic society.

Identiferoai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/4769
Date12 1900
CreatorsCormier, Andrée-Anne
ContributorsNadeau, Christian
Source SetsUniversité de Montréal
Languagefra
Detected LanguageFrench
Typethesis, thèse
Formatapplication/pdf

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