« Il faut prendre cela dans un sens ironique » affirmait Bernard-Marie Koltès face à l’incertitude de la réception exprimée dans Der Spiegel : « on ne sait pas vraiment jusqu’à quel point vos sentences philosophiques sont à prendre au sérieux ». Nous proposons d’explorer l’efficacité « séductrice » dont semble emprunte l'écriture koltésienne – notamment à partir de 1977 – si l'on en juge par l'intérêt qu'elle suscite très tôt et continue à susciter, par le fil tendu de l'ironie. Le concept ancien et moderne d’ironie offre à la lecture un outil opérant lorsqu’il s’agit de suivre les lignes de fuite de l’écriture koltésienne. Le concept d’ironie tel que Kierkegaard nous offre de le percevoir se fonde sur la tension insurmontable d’un « ou bien / ou bien » (aut-aut). Tensions entre les contraires, dissonances, sabotages, disparitions, masques, secret gardé par l’écriture, mentions des stratégies du mensonge et des apparences, paradoxes faits d’alliances inextricables entre comique et tragique, violence et sacré, sont autant de procédés d’écriture repérables qui semblent viser la possibilité d’une « vraie » rencontre, bien qu’intenable, entre le monde, l’auteur et son destinataire. Au carrefour de questionnements multiples, d'ordre pragmatique, esthétique, dramaturgique, philosophique, cette recherche littéraire interroge le « pacte » d’écriture d’un auteur avec l’autre, avec le monde, en quête d’un espace « vrai » à partager, dont la vérité tiendrait précisément de son impossible affirmation. Un théâtre qui dit une chose pour en faire entendre une autre. / "We must take this in an ironic sense," said Bernard-Marie Koltès faced to the uncertainty of the reception expressed in Der Spiegel : "one never knows how far your philosophical sentences must be taken seriously." We suggest to explore the "seductive" effectiveness which seems to belong to Koltesian writing - especially from 1977 - judging by the interest it arouses very early and continues to suggest, through the tight wire of irony. The ancient and modern concept of irony offers an operative tool to reading, when it comes to following the lines of escape of Koltesian writing. The concept of irony such as developped by Kierkegaard, is based on the insurmountable tension of a « something /or else" (aut-aut). Tensions between opposites, dissonances, sabotage, disappearance, masks, secret kept by writing, mentions of the strategies of lies and appearances, paradoxes made of inextricable alliances between comic and tragic, violence and sacred, are different ways of writing ; they seem to aim the possibility of a "real" meeting, although inalienable, between the world, the author and his recipient. At the crossroads of multiple pragmatic, aesthetic, dramaturgical, philosophical matters, this literary search questions the "pact" of writing from an author towards everyone, towards the world, looking for a "true" space to be shared and whose truth would precisely be the result of its impossible affirmation. A theater that says something to whisper something else.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2017UBFCC009 |
Date | 19 June 2017 |
Creators | Rousselot, Carine |
Contributors | Bourgogne Franche-Comté, Marchal-Ninosque, France, Bident, Christophe |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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