La présente thèse de doctorat s’intéresse à la formation de la croyance en la valeur littéraire en la situation coloniale et postcoloniale, entre 1950 et 2009, en France. Pour cela, nous avons fait le choix de porter notre attention sur les trajectoires de consécration de deux auteurs algériens de langue française ayant fait l’objet d’une consécration littéraire sociologiquement objectivable, à savoir Assia Djebar (1936-) et Kateb Yacine (1929-1989). La problématique littéraire algérienne de langue française ne pouvant pertinemment être abordée au prisme de la théorie des champs de Pierre Bourdieu, nous avons fait le choix de recourir, à travers notre étude, à la notion d’institution littéraire telle que l’a notamment définie Jacques Dubois. Selon ce que nous avons alors pu observer à travers un corpus constitué d’entretiens, d’articles de presse, de discours officiels, de correspondances privées, le phénomène de consécration littéraire des deux auteurs algériens de langue française serait modélisable sous la forme de cinq étapes : la découverte, la publication, la réception critique, l’entrée dans l’univers académique, l’entrée dans l’univers de l’enseignement scolaire et universitaire. L’intérêt de cette modélisation repose principalement sur sa capacité à révéler, au-delà de la doxa littéraire, les modalités sociales ayant concouru à la formation d’une croyance en la qualité des productions textuelles données. Et, à chaque étape de la trajectoire de consécration d’Assia Djebar et de Kateb Yacine, se donnent à voir des relations fortes entre, d’une part, le littéraire et, d’autre part, l’extra-littéraire. En ce sens, l’idée couramment répandue selon laquelle la consécration d’un auteur n’aurait pour seule cause que son talent se trouve fortement remise en cause. La littérature francophone ou, plus précisément, la francophonie littéraire – dénomination sous laquelle Assia Djebar et Kateb Yacine sont régulièrement catégorisés – apparaît donc être un système réglé selon des intérêts qui, loin d’être prétendûment « purs », relèvent de logiques politique et idéologique. Engagés dans des rapports de domination symbolique et matériel dont la consécration littéraire est l’une des formes paradoxales, Assia Djebar et Kateb Yacine ont tous deux, au cours de leur trajectoire respective, mis en place des stratégies spécifiques afin de limiter la valeur instrumentale dont leurs productions textuelles ont été investies et imposer leur définition de ce que serait la littérature algérienne de langue française. / The present doctoral thesis is intersestd in the formation of the belief in literary value in colonial and postcolonial situation, between 1950 and 2009, in France. For that, we made the choice to pay our attention to the paths of recognition of two Algerian authors of French language who have been the object of an objectivable literary achievment, namely Assia Djebar (1936-) and Kateb Yacine (1929-1989). Since the Algerian literary of French language core statement can’t pertinently be approached via the prism of the fields theory by Pierre Bourdieu, we made the choice to resort, through our study, to the concept of literary insitution defined by the likes of Jacques Dubois. According to what we then could have observed through a corpus made up of talks, press articles, official discourses, private correspondences, the literary phenomenon of recognition of the two Algerian authors would be modeled in the form of five stages: the discovery, the publication, the critical reception, the entry in the academic field and the entry in the universe of secondary education. The interest of this modeling is mainly based on its capacity to reveal, beyond the literary doxa, the social methods that have contributed to the formation of a belief in the quality of the given textual productions. And, at each stage of the paths of recognition of Assia Djebar and Kateb Yacine, we can observe strong relations between, on the one hand, the literary and, on the other hand, the extra-literary. In this direction, the commonly widespread idea according to which the recognition of an author would only be based on talent is strongly questionned. The French-speaking literature or, more precisely, the literary francophonie – denomination under which Assia Djebar and Kateb Yacine are regularly categorized – thus appears to be a regulated system depending on interests far from being allegedly “pure”, but driven by ideological and political logics. Engaged in relations of symbolic domination, Assia Djebar and Kateb Yacine have both, during their respective paths, set up of specific strategies in order to limit the instrumental value of their textual productions and impose their own definition of what Algerian literature of French language truly should be.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2014PA030077 |
Date | 12 September 2014 |
Creators | Harchi, Kaoutar |
Contributors | Paris 3, Péquignot, Bruno |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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