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Quand la puissance publique délègue l'égalité : ethnographie de la politique de développement du football féminin en France (2011 - 2017) / When public authorities delegate equality : ethnography of the development policy of women's football in France (2011 - 2017)

Le fonctionnement du secteur associatif ne peut être compris sans envisager le lien qu'il entretient aux pouvoirs publics et cette intrication entre secteurs public et privé non lucratif s’avère particulièrement structurante dans le domaine du sport. En effet, ces activités sont largement administrées par des structures associatives mais la reconnaissance de l'utilité publique est ancienne et invite à leur encadrement public. L'action publique dans le domaine du sport est alors largement déléguée aux associations et fédérations sportives, lesquelles se voient attribuer dans ce cadre des ressources matérielles, humaines et symboliques qui assurent le pouvoir de prescription de l'Etat sur leur fonctionnement. C'est dans un tel contente que je propose d'envisager la politique de féminisation du football engagée par la Fédération Française de Football comme une politique publique sectorielle en faveur de l'égalité entre les femmes et les hommes, déléguée par l’État. Ainsi, ce travail propose une réflexion sur les effets de la délégation de politiques publiques vers le secteur associatif, en réalisant un détour par l’observation du travail concret des salarié-e-s de droit privé à qui incombent ces missions de service public, pour rendre compte des rapports de domination dans lesquelles ils et elles se voient pris-e-s et qui constituent autant de contraintes sur leur activité. Cette démarche permet ainsi d'envisager conjointement les conséquences de cette délégation sur les modalités de réalisation de ces missions (les effets sur les usager-e-s) et sur le travail de celles et ceux à qui incombent leur définition et leur mise en œuvre (effet sur les prestataires, salarié-e-s et bénévoles). Cette présentation s'adosse ainsi à un travail ethnographique de plusieurs années au sein des instances gestionnaires de la FFF, lequel s'est construit en partie autour de ma participation aux activités fédérales. Après avoir proposé une évaluation quantitative des modalités de diffusion du football féminin depuis le début des années 1990, je montre qu’en dépit du caractère hautement ambigu de la position de salarié-e associatif-ve – contractuellement rémunéré-e-s dans des organisations structurées par une éthique de désintéressement – celles et ceux qui sont chargé-e-s de la mise en œuvre de la féminisation à la FFF construisent leur activité autour de la vocation de service public qui la justifie et orientent en conséquence le contenu de leur activité. J’envisage ensuite la manière dont les rapports de genre dans lesquels sont prises les salariées chargées du développement du football féminin informent les orientations qu’elles donnent aux dispositifs de diffusion de cette pratique, au gré d’un travail de naturalisation des dispositions féminines, et de qualification individualisée des rapports sociaux de sexe. Ainsi, c'est en articulant des questionnements propres à la sociologie du travail (associatif), du genre et de l'action publique qu'il s'est agi de proposer une réflexion sur les enjeux de la recomposition de l'action publique, au travers des effets sociaux de sa délégation au secteur associatif. / This doctoral research has begun after I joined a workgroup of the French Football Association – the Fédération Française de Football (FFF) – in October 2012. This workgroup was focused on how to develop female football. The reason I joined the group was initially to get access to administrative data to study the career of the players. I got this access in exchange of doing some statistical work for the group. Thus, I worked during four years, with four employees of the FFF, in charge of the development of female football. Doing so, I got the chance to observe the negotiations about gender equality in football and debates about the best orientation to give to the policy of development.This work precisely deals with the construction and implementation of this new policy, created in 2011. This policy takes place in the institutional context of a partnership between the ministry of sports and the sports associations. Thus, the policy of football feminization will be seen as a delegated sectorial policy for gender equality. This mechanism of policy delegation exists in the domain of sport since the 50’s. In other words, the policy of sports is partially operated by the sports associations. The ministry of sports provides them with funds and human support (nearly 1,600 civil servants work for the sport associations). Thus, the public authority keeps a control over the policy of sport and delegates its implementation. This delegation scheme is not specific to sport and has been used in various fields since the 80’s. It is reflected in the growing number of employees in the non-profit associations sector; this sector having increasingly a role of intermediate in the public policies.Therefore, the purpose will be to illustrate the impacts of delegating the public policy related to gender equality to employees working under private law for the FFF. Consequently, their working conditions, the social relationships in which they are included will be objectively examined, to grasp how they embodied this policy and they reflect it. In that matter, it will be demonstrated that despite the great ambiguity of the employee’s status in an association – contractually hired in an organization structured around an ethic of selflessness –, the ones in charge of implementing the feminization within the FFF, build their activity around public service values which consequently impacts the content of their activities. Subsequently, I will consider how the gender inequality, in which the female employees developing the female football evolve, influences the orientations that they give to the policy of development of female football. I will demonstrate that the marginal position occupied by the female employees in the FFF reduces not only their range of actions but creates the risk of a transfer of gender inequality from the female employees to the female players. Indeed, this work proposes to reflect on the impact of delegating public policies to non-profit associations thanks to an observation study of the actual work of privately hired employees to whom the responsibility of public policy is delegated. Hence, it will interlink questionings in sociology related to gender, associative work and public policy.

Identiferoai:union.ndltd.org:theses.fr/2017EHES0146
Date01 December 2017
CreatorsMartin, Camille
ContributorsParis, EHESS, Beaud, Stéphane
Source SetsDépôt national des thèses électroniques françaises
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeElectronic Thesis or Dissertation, Text

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