L’œuvre de Rabelais est celle d’un humaniste qui n’a cessé de transformer la matière de ses lectures pour en nourrir sa prose. Dans le vaste champ de l’intertexte de sa Chronique, les auteurs grecs tiennent une place importante. Après avoir cerné ce qui pourrait être une méthode de l’altération des sources à l’œuvre chez un Rabelais envisagé comme grand Altérateur, ce travail s’attache à évaluer la dette de ses livres vis-à-vis de la tradition textuelle grecque, et notamment par rapport aux deux auteurs qui ont fait l’objet de la plus constante réécriture, Lucien de Samosate et Plutarque de Chéronée. Ces deux écrivains de l’Empire, auteurs de nombreux opuscules profus et variés, permirent au Chinonais d’approfondir sa connaissance de l’hellénisme, à la fois par le sourire allusif et la polymathie sérieuse. On montrera que la parodie rabelaisienne témoigne à chaque ligne d’une excellente connaissance de ces modèles, dont l’imitatio, si elle se fit toujours avec une saine irrévérence, engageait avant tout des compétences (parfois trop sous-estimées) d’helléniste et de philologue hors pair. Rabelais apparut dès son entrée en littérature un « Lucian françois » — surnom dont il hériterait bientôt — ; quant au rôle de Plutarque il ne fut vraiment décisif qu’à partir du Tiers livre de 1546. On s’attachera à comprendre cette passion des livres de la maturité de Rabelais pour le polygraphe de Chéronée, grâce à l’étude du dernier exemplaire grec des Moralia que posséda Rabelais et qu’il annota (BnF GR Rés. g. R. 33), soit un document inestimable et inexplicablement négligé par la critique rabelaisienne. / Rabelais has always written his books transforming the matter of his readings. Greek authors have an important place in the wide field of the rabelaisian intertext. In its first part, this work aims at studying a writing method based on intertextual alteration, a word that appears as a Leitmotiv in Rabelais’s books. Then, the influence of his two favourite greek authors is analysed. In a second part, we try to consider the rabelaisian debt to the eclectic works of Lucian of Samosata, who was a model for Rabelais’s use of allusion and parody. The father of Pantagruel has discovered the lucianesque fictions early in his life of hellenist and deserved still after his death the nickname of « French Lucian ». In a third part, we show that the reading of Plutarch’s Moralia plays an important role in the genesis of the Tiers and Quart livre. Rabelais’s annotations in the in-folio BnF GR Rés. g. R. 33 allow us to understand how the French comic has read the Moralia, enjoying their polymathy and their use of the myth.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2012PA040262 |
Date | 10 November 2012 |
Creators | Menini, Romain |
Contributors | Paris 4, Huchon, Mireille |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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