Essentiellement circonscrites dans la diégèse, la modernité et la postmodernité du roman africain francophone constituent moins deux esthétiques opposées, qu’elles ne s'identifient à une « coopération textuelle ». Le travail de réécriture de la première, par la seconde, prolonge et renouvelle le projet littéraire du roman africain francophone. Dès lors, la modernité littéraire de ce dernier s'inscrit, au-delà d’un déterminisme, dans une dynamique et un dynamitage textuels. Le texte, considéré dans son « insularité », fonde une littérarité surdéterminée, sinon par une logique de violence, du moins par un principe de subversion, qui s’expliquent par un rapport « problématique du langage » et par une volonté « de créer son propre lieu de parole ». Ce qui conduit à une esthétique structurale promouvant un formalisme élaboré et dominant, dont l'impact moderne en terme de renouvellement et d'inventivité investit davantage le signifiant qu'il n'incarne le signifié. Aussi la postmodernité littéraire désigne-t-elle ce par quoi le roman africain francophone dévie la tentation du fétichisme formel. Ainsi décentre-t-il son enjeu esthétique vers un travail de reconstruction de récits, insistant davantage sur les thèmes, les chroniques et autres histoires de violence. L'hétérogénéité, l'hybridation, la dissémination et les « jeux de langage » (banalisation, ironie, ludisme et effet d'irréel) incarnent des pratiques narratives de cette écriture du tragique. Par conséquent, cette dernière, plutôt qu'une représentation de la crise ou une crise de la représentation, procède d'une « mise en crise », lieu esthétique qui ouvre les potentialités créatrices d'un art poétique postmoderne. Finalement, au-delà des écritures de violence, la modernité et la postmodernité littéraires résultent, fondamentalement, d'un renversement d'optique propre au déploiement (ou redéploiement) de la subjectivité dans le roman africain de langue française. Subjectivité littéraire dont le bien-fondé consiste à dessiner deux cartographies narratives, moderne et postmoderne, par lesquelles les littératures, maghrébine et négro-africaine, d'expression française, balisent une voie d'accès à la Weltliteratur. / The modernity and postmodernity of the francophone African novel, mainly confined to the level of diegesis, do not so much form two opposing aesthetics as take part in “textual cooperation.” The task of rewriting the former by the latter extends and renews the literary project of the francophone African novel. As a result, its literary modernity goes beyond a certain determinism to become part of a textual dynamics and indeed, a dynamiting. Taken in terms of its “insularity,” the text establishes an overdetermined literariness through, if not a logic of violence, at least a principle of subversion, which can be explained by a “problematic relationship to language” and a desire “to create its own place from which to speak.” This leads to a structural aesthetic that fosters an elaborate, dominant formalism whose modern impact, in terms of renewal and inventiveness, is more fully contained in the signifier than it is embodied in the signified. This is how literary postmodernity denotes that through which the francophone African novel diverts the temptation of formal fetishism. It decentres its aesthetic concern towards the task of reconstructing narratives, placing more emphasis on the themes, accounts and other stories of violence. Among the characteristic narrative practices of this writing of the tragic are heterogeneity, hybridization, dissemination and “language play” (banalization, irony, playfulness and unreal effect). As a result, such writing proceeds not from a representation of the crisis or a crisis of representation, but from an “enactment of crisis,” an aesthetic site that opens up the creative potential of postmodern poetic art. Fundamentally, going beyond writings of violence, literary modernity and postmodernity are the result of a shift in perspective related to the deployment (or redeployment) of subjectivity in the francophone African novel. And the value of this literary subjectivity consists in setting out two narrative cartographies, modern and postmodern, through which francophone literatures—Maghribi and Negro-African—stake out a path of access to Weiliteratur.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2010LYO20064 |
Date | 22 November 2010 |
Creators | Toure, Thierno Dia |
Contributors | Lyon 2, Université de Saint-Louis (Sénégal), Bonn, Charles |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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