Le Popol Vuh est une œuvre littéraire aux dimensions mythologique et historique issue de la culture maya-quichée du Guatemala. Rédigé vers 1550 en langue quichée au moyen de l’alphabet latin suivant la phonétique espagnole, le texte a connu depuis le début du XVIIIe siècle de nombreuses traductions et retraductions. Ces versions diffèrent à bien des égards : format bilingue ou unilingue, composition du paratexte, titre, découpage en chapitres, précision du transfert, style littéraire, stratégie de traduction des noms de personnages et des toponymes, etc. En outre, le paratexte de ces différentes versions suggère l’existence d’un dialogue transhistorique émulateur entre leurs traducteurs successifs, en particulier vers l’espagnol, le français et l’anglais.
Afin de mieux comprendre ces phénomènes, la présente thèse propose de décrire l’histoire des traductions et des retraductions du Popol Vuh vers l’espagnol, le français et l’anglais et d’avancer une explication aux caractéristiques de cette histoire. Pour ce faire, nous avons adop-té un cadre théorique bermanien (Berman, 1990, 1995) et une méthodologie adaptée au champ d’étude de l’histoire de la traduction et à notre objet d’étude (Berman, 1995; Lépinette, 1997; Pym, 1998). Nous avons d’abord constitué un catalogue de traductions et de retraductions du Popol Vuh en espagnol, en français et en anglais comme point de départ pour retracer, grâce à leur paratexte, les grandes lignes du dialogue transhistorique entre les auteurs des différentes versions du Popol Vuh dans ces langues. Une fois les interlocuteurs principaux identifiés, nous avons procédé à une analyse descriptive et comparative des approches adoptées par les traduc-teurs des versions identifiées comme les plus pertinentes dans l’histoire des traductions et des retraductions du Popol Vuh, à savoir les versions de Ximénez (env. 1703), Brasseur (1861), Raynaud (1925), Recinos (1947), Edmonson (1971), Chávez (1978), Tedlock (1985) et Sam Colop (2008). Cette analyse comprend pour chaque version l’étude de son paratexte et d’un échantillon de traduction, en l’occurrence, l’épisode de la mort de Vucub-Caquix.
Grâce à la méthodologie que nous avons adoptée, qui tient compte du profil, de l’horizon et de la position traductive du sujet traduisant, et qui éclaire l’analyse du texte traduit à la lumière de son paratexte, nous avons pu avancer des explications aux caractéristiques observées pour chaque version de notre corpus. Notre thèse permet ainsi de démontrer que les versions du Po-pol Vuh varient avec leur contexte au sens large, mais surtout avec la vision de l’œuvre quichée propre au cercle dans lequel évolue chaque traducteur, de même qu’elles varient en fonction de l’intention de chaque traducteur. Nous avons également confirmé que l’approche adoptée par les traducteurs du Popol Vuh semble être de plus en plus sourcière, même s’ils veillent, notam-ment dans le paratexte, à continuer d’accompagner le lecteur cible dans sa découverte d’un objet littéraire qui est le fruit d’un univers pour lui étranger, l’accessibilité de l’œuvre restant une priorité dans les divers projets de traduction analysés.
Notre thèse constitue une étude de cas dont la méthodologie ne demande qu’à être testée dans le cadre de l’étude du cycle de retraductions d’autres textes autochtones américains anciens. Par ailleurs, elle invite aussi à interroger le rôle de la traduction dans le parcours littéraire de ce genre de textes. / The Popol Vuh is a literary work with mythological and historical dimensions that comes from the Mayan-Quichean culture of Guatemala. Written around 1550 in the Quichean language using the Latin alphabet according to Spanish phonetics, the text has been translated and retranslated many times since the beginning of the 18th century. These versions differ in many ways: bilingual or unilingual edition, composition of the paratext, title, division into chapters, precision of the transfer, literary style, strategy for translating character names and toponyms, etc. Moreover, the paratext of these different versions suggests the existence of an emulating transhistorical dialogue between their successive translators, particularly into Span-ish, French and English.
In order to better understand these phenomena, this dissertation intends to describe the history of translations and retranslations of the Popol Vuh into Spanish, French and English and to offer an explanation of the characteristics of this history. To do so, we have adopted a Ber-manian theoretical framework (Berman, 1990, 1995) and a methodology adapted to the field of study of the history of translation and to our object of study (Berman, 1995; Lépinette, 1997; Pym, 1998). We began by compiling a catalog of translations and retranslations of the Popol Vuh into Spanish, French, and English as a starting point for tracing, through their par-atext, the main lines of the transhistorical dialogue between the authors of the different ver-sions of the Popol Vuh in these languages. Once the main interlocutors were identified, we proceeded to a descriptive and comparative analysis of the approaches taken by the translators of the versions identified as the most relevant in the history of translations and retranslations of the Popol Vuh, namely the versions by Ximénez (c. 1703), Brasseur (1861), Raynaud (1925), Recinos (1947), Edmonson (1971), Chávez (1978), Tedlock (1985) and Sam Colop (2008). This analysis includes for each version the study of its paratext and a translation sam-ple, in this case the episode of Vucub-Caquix's death.
The methodology we have adopted, which takes into account the profile, horizon and translat-ing position of the translating subject, and which sheds light on the analysis of the translated text thanks to its paratext, enables us to put forward explanations of the characteristics ob-served for each version of our corpus. Thus our dissertation reveals that the versions of the Popol Vuh vary with their context in the broadest sense, but above all with the vision of the Quichean text specific to the circle in which each translator evolves, just as they vary accord-ing to each translator's intention. We have also confirmed that the approach adopted by the translators of the Popol Vuh seems to be increasingly source-oriented, even if they are careful, particularly in the paratext, to continue to help the target readers in their discovery of a literary work that is the fruit of a universe that is foreign to them, the accessibility of the work remain-ing a priority in the various translation projects analyzed.
Our dissertation is a case study whose methodology could be tested for the study of the cycle of retranslations of other ancient Native American texts. Furthermore, it also invites us to ques-tion the role of translation in the literary journey of these texts.
Identifer | oai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/25944 |
Date | 08 1900 |
Creators | Lovisi, Séverine |
Contributors | Bastin, Georges, Echeverri Arias, Alvaro |
Source Sets | Université de Montréal |
Language | fra |
Detected Language | French |
Type | thesis, thèse |
Format | application/pdf |
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