La période de l'Union des Canadas est surtout connue – aux points de vue politique et idéologique – sous l'angle des deux principaux groupes politiques de cette période chez les Canadiens français : les réformistes et les rouges. En effet, c'est sur ces deux groupes que s'est majoritairement penchée l'historiographie. Ainsi, l'on retient des premiers leur acceptation de l'Union, l'alliance avec les réformistes du Haut-Canada dans le but d'obtenir le gouvernement responsable, leur adhésion au libéralisme économique et leur alliance avec l'Église catholique ultramontaine. De leur côté, les seconds sont connus pour leur rejet de l'Union, leur anticléricalisme, le libéralisme démocratique et leur anticolonialisme, qui a conduit certains d'entre eux à préconiser l'annexion aux États-Unis à la fin des années 1840. Entre ces deux groupes durant l'Union, il ne semble pas y avoir eu d'alternatives valables pour les Canadiens français dans l'historiographie. Ceux qui n'ont pas adhéré aux visions de l'un de ces deux groupes sont perçus comme des marginaux ou des individus qui ont erré. C'est notamment le sort réservé à l'homme qui est l'objet d'étude de ce mémoire : Denis-Benjamin Viger. Le portrait d'ensemble qui ressort de ce dernier dans les ouvrages consacrés à la période de l'Union est plutôt négatif, en grande partie à cause du rôle qu'il a joué au sein du Conseil exécutif de Charles Metcalfe, de 1843 à 1846. En retraçant le parcours politique et idéologique de Viger depuis le début du XIXe siècle, notre étude vise à faire toute la lumière sur cet épisode controversé. Il en ressort un portrait beaucoup plus nuancé du personnage, qui a occupé le poste politique le plus important chez les Canadiens français durant près de trois années. Inspiré par divers courants idéologiques tels que l'humanisme civique des Anciens, le conservatisme d'un Edmund Burke ou d'un Joseph de Maistre, le libéralisme catholique de Félicité de Lamennais, de même que par le courant nationalitaire européen, Denis-Benjamin Viger rejette l'Union dans les années 1840, mais prône tout de même la participation politique des Canadiens français pour que ceux-ci œuvrent de l'intérieur afin de défaire un état de fait qu'il considère « contre-nature ». C'est dans cette optique qu'il met progressivement sur pied une stratégie originale qui réussit durant quelque temps à ébranler l'unité des réformistes de Louis-Hippolyte LaFontaine et qui perdurera dans une version édulcorée durant toute la période de l'Union des Canadas : la double majorité. Ainsi, par ses idées et son action politique dans les années 1840, Denis-Benjamin Viger proposait une autre vision du présent et de l'avenir pour les Canadiens français. C'est cette vision que nous analysons dans ce mémoire.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : histoire politique, Union des Canadas, Denis-Benjamin Viger, double majorité, nationalisme.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QMUQ.5783 |
Date | 10 1900 |
Creators | Lavallée, Martin |
Source Sets | Library and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada |
Detected Language | French |
Type | Mémoire accepté, NonPeerReviewed |
Format | application/pdf |
Relation | http://www.archipel.uqam.ca/5783/ |
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