Ce mémoire porte sur les défis que pose aux futurs maîtres québécois l'éducation des jeunes par rapport à la diversité sexuelle et l'homophobie. Dans un contexte québécois (et canadien) où les personnes gaies et lesbiennes bénéficient d'une égalité juridique formelle, l'attention du politique et des groupes militants est désormais tournée vers les moyens permettant d'atteindre une complète égalité, se traduisant par la reconnaissance sociale des ces personnes. À l'heure actuelle, l'homophobie et la violence homophobe demeurent présentes dans les institutions et les relations interindividuelles. L'École, importante institution de socialisation, est l'une des premières à être ciblée pour mener la lutte contre l'homophobie et convier les jeunes à une plus grande ouverture face à la diversité sexuelle. Bien entendu, les différents professionnels du monde de l'éducation, et plus particulièrement les enseignants et les futurs maîtres, sont identifiés comme des acteurs-clés pour conduire à ladite reconnaissance. C'est à ces derniers que nous nous intéressons dans le présent mémoire, considérant qu'ils ont été témoins des avancées socio-juridiques des gais et des lesbiennes, de même que de leur visibilité accrue dans les médias. En ce sens, ils apparaissent comme les mieux positionnés pour adopter des pratiques inclusives de la diversité sexuelle. Au cours de l'hiver et du printemps 2010, 163 futurs maîtres de trois universités québécoises en milieu urbain ont répondu à un questionnaire auto-administré (volet quantitatif), et 7 autres ont participé à des entrevues semi dirigées (volet qualitatif). Ces deux méthodes ont permis de jauger leurs dispositions en regard de la diversité sexuelle et de l'homophobie (représentations, attitudes, « résistances », etc.), leur préparation formelle à ce sujet (contenus de la formation universitaire, contextes, etc.), ainsi que leurs évaluations et leurs perceptions de divers appuis normatifs à la pratique enseignante (programmes scolaires, curriculum, politiques, directions d'établissements, etc.). De plus, quelques questions ont permis de prendre connaissance des différentes pratiques éducatives en lien avec la diversité sexuelle mises de l'avant ou projetées par notre échantillon, et leur portée éthique. En nous servant de la « grammaire de la responsabilité » de Jean-Louis Genard (1999) comme grille analytique, nous mettons en relief que les défis posés aux futurs maîtres par l'éducation à la diversité sexuelle et à l'homophobie n'ont plus vraiment à voir avec leurs dispositions dites personnelles (modalité VOULOIR) et leur volonté à y prendre part (modalité DEVOIR), mais plutôt avec une formation universitaire (modalité SAVOIR) et des appuis normatifs largement insuffisants ou inappropriés (modalité POUVOIR). Puisque dans les sociétés modernes la responsabilité s'évalue en premier lieu à l'aune des modalités SAVOIR et POUVOIR, nous expliquons qu'il est actuellement illusoire de confier aux futurs maîtres québécois le mandat d'y éduquer les jeunes. Il existe effectivement un creux normatif qui rend ardue l'adoption de pratiques éducatives allant de pair avec les exigeants objectifs de reconnaissance émanant du politique et des groupes d'intérêt, ceci invitant l'institution scolaire et une pluralité d'acteurs (facultés d'éducation, professeurs, directions d'établissements, etc.) à réviser leur rôle et leurs manières de faire.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : reconnaissance sociale, formation des maîtres, homosexualité, homophobie.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QMUQ.4431 |
Date | 11 1900 |
Creators | Bernier, Michaël |
Source Sets | Library and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada |
Detected Language | French |
Type | Mémoire accepté, NonPeerReviewed |
Format | application/pdf |
Relation | http://www.archipel.uqam.ca/4431/ |
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