Dans la Mise en scène de la vie quotidienne (1956), Erving Goffman fait ressortir que, dans la sphère « hors ligne », l’individu se produit quotidiennement sur différentes « scènes » identitaires, en fonction de différents « public ». En fonction des contextes, l’acteur choisit de se présenter sous un « masque social » approprié, selon qu’il se trouve, par exemple, avec ses parents, avec ses amis, avec son « crush » ou face à son employeur. Or, sur Instagram, l’utilisateur doit composer avec le mélange de ses différents « publics », sur une unique « scène » identitaire : son compte principal. Les individus issus de la génération Z en tant que « digital natives » sont très actifs dans la construction de leur identité numérique, si bien qu’ils ont parfois du mal à distinguer les limites entre la sphère réelle et la sphère virtuelle. D’autre part, ces jeunes adultes se trouvent à une étape charnière de leur vie, pris entre plusieurs préoccupations : trouver l’amour, assurer leur avenir professionnel, satisfaire leurs parents, marquer leur appartenance à un groupe de pairs…
L’objectif de ce mémoire consiste à mieux comprendre la façon dont les individus issus de la génération Z organisent leur présentation de soi sur Instagram. Pour ce faire, douze utilisateurs issus de la génération Z, actifs sur le réseau social Instagram ont été interrogés.
Les résultats de la recherche montrent que, en réaction aux différentes attentes qui pèsent sur eux, les jeunes utilisateurs développent sur leur compte principal une présentation de soi marquée par la recherche de neutralité, un profil Instagram « vitrine », une « façade » aseptisée qui satisfait les différents publics présents parmi leurs abonnés. Ce compte principal constitue la face « émergée » de l’identité sur Instagram. Mais, comme le suggère la métaphore tirée de l’iceberg, à travers d’autres fonctionnalités, sur Instagram, les utilisateurs développent, en parallèle de leurs contenus « grand public » et à l’abri de certains regards inquisiteurs, une identité « underground », qui correspond la face « immergée » de leur identité sur Instagram. Par le biais de leurs stories « amis proches » d’abord, puis, dans un détournement d’usage, via un compte secondaire (dit « Finstagram »), les jeunes utilisateurs revêtent un « masque social » bien différent du premier. La validation de leur identité n’étant plus une priorité sur cette scène « cachée », dans les « coulisses » de leur présentation de soi, les utilisateurs ne craignent plus d’exprimer leurs opinions, de se présenter sous le prisme de l’auto-dérision ou même d’exposer des pratiques socialement dévalorisées.
Ce mémoire constitue une première étude qualitative de l’organisation de la présentation de soi par les utilisateurs issus de la génération Z sur Instagram. / In The Presentation of Self in Everyday Life (1956), Erving Goffman highlights that in the “offline” sphere, the individual performs daily on different identity “stages” according to different “audiences.” The actor selects the appropriate “social mask” based on the context and the presence of certain “audience” members such as his parents, friends, “crush,” or employer. However, on Instagram, the user must perform for a mixture of different “audiences” on a single identity “stage”: his main account. As “digital natives,” individuals from Generation Z are highly active in constructing their online personas, to the point that they may sometimes have difficulty distinguishing the boundaries between real and online worlds. On the other hand, these young adults are at a pivotal stage of their lives where they are caught between various concerns: finding love, ensuring their professional future, meeting parental expectations, establishing their sense of belonging in a group of peers…
The objective of this thesis is to better understand the way individuals from Generation Z organize their self-presentation on Instagram. To pursue this goal, we interviewed twelve users from Generation Z who are active on the Instagram.
The results of this research show that in response to the various expectations weighing on them, young users developed a self-presentation on their primary Instagram account that emphasized neutrality. This account serves as a “showcase” profile and a sanitized “façade” that intends to satisfy the various audience members among their followers. It constitutes the “emerged” facet of identity on Instagram. However, as the iceberg metaphor suggests, users utilized other features on Instagram to develop an “underground” or “submerged” identity visible only to a select few alongside their “mainstream” content. First, through “close friends” stories, then, in a reconfiguration of Instagram features, through a secondary account (known as a “finstagram”), young users adopted a “social mask” very different from the one on their primary account. Since the validation of their identity is no longer a priority on this “hidden” stage, in the “backstage” of their self-presentation, users are no longer afraid to express their opinions, present themselves through the lens of self-deprecation or even expose socially stigmatized activity.
This thesis constitutes a first qualitative study about the organization of self-presentation by users from Generation Z on Instagram.
Identifer | oai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/32016 |
Date | 12 1900 |
Creators | Cadillac, Léo |
Contributors | Sirois, Guillaume |
Source Sets | Université de Montréal |
Language | fra |
Detected Language | French |
Type | thesis, thèse |
Format | application/pdf |
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