Entre les dernières décennies du XXe siècle et les années 1960 naît et se développe en Égypte une importante production littéraire de femmes : des Égyptiennes éduquées en français (comme Out-el-Kouloub et Doria Shafik) choisissent cette langue pour dire les aspirations de la « femme nouvelle », qui quitte alors l'espace privé et confiné du harem pour investir l'espace public et porter haut et fort, malgré les réticences séculaires et les résistances des milieux conservateurs, des revendications sociales (féminisme, nationalisme) et culturelles. Des Françaises comme Jehan d'Ivray ou Valentine de Saint-Point s'installent à cette même période en Égypte, et deviennent les témoins et les actrices de cette Renaissance culturelle. Ces auteures investissent divers genres littéraires comme le roman et la poésie mais aussi l'essai ou l'écrit de recherche universitaire, elles publient dans des périodiques, ou créent des revues pour se dire. Elles mettent ainsi à l'épreuve les catégories opposant genres dits féminins et genres dits masculins. Elles contribuent à élaborer une œuvre interculturelle prenant en compte les traditions génériques françaises et égyptiennes, et proposent un renouvellement de la représentation de la femme et de l'Orient. Les écrits littéraires de femmes rassemblent une production très vaste mais qui demeure pourtant peu connue, peu rééditée et peu lue de nos jours, alors même qu'elle jouissait parfois d'une véritable reconnaissance des lecteurs et des institutions littéraires à l'époque de leur parution. Notre travail a consisté à constituer un corpus, c'est-à-dire à l'identifier, à le rassembler, à le classer avant de l'analyser. Il s'agit d'écrire un chapitre oublié de l'histoire littéraire et de s'interroger sur le statut de la littérature des femmes et de la littérature francophone dans la tradition critique. / An important literary production emerged and developed in Egypt from the end of the 19th century until the 1960's: Egyptian women educated in French culture (like Out-el-Kouloub or Doria Shafik) chose this language to write the ambitions of the “new woman”, who was abandoning the private and confined space of the harem and investing public space to loudly proclaim cultural and social demands (feminism, nationalism), despite secular reluctance and resistance from conservatives. At the same time, French women such as Jehan d'Ivray or Valentine Saint-Point, settled to live in Egypt, and became witnesses and actors of this cultural renaissance. These authors adopted various literary genres such as the novel and poetry but also the essay or academic writing, publishing in periodicals or founding magazines in order to express themselves. They question the contradiction between so-called women's and men's literary genres, while contributing to the creation of intercultural literature which encompasses both French and Egyptian traditions. At the same time, they propose a reassessment of the representations of women and the East. This women's literature forms a large production which nevertheless remains relatively unknown as it is rarely republished or read today, even though it often received considerable attention from both readers and literary institutions at the time of publication. This thesis builds a corpus, identifying, collecting and classifying the works before analyzing them. It aims at writing a forgotten chapter of literary history while examining the status of women's literature and francophone literature in the critical tradition.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2013GRENL007 |
Date | 02 December 2013 |
Creators | Gaden, Élodie |
Contributors | Grenoble, Lançon, Daniel |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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