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Le décadent ou la haine de la démocratie, de Charles Baudelaire à Elémir Bourges / The decadent or hatred of democracy, from Charles Baudelaire to Elémir Bourges

À la fin du XIXe siècle, avec l’avancée de la pensée démocratique, le décadent fait l’expérience de la rupture ontologique d’avec l’ordre ancien dont les hiérarchies, sous la pression de l’égalité sociale, ont été ruinées. Du système hiérarchique de l'Ancien Régime, qui par définition est transcendant et garant de la volonté divine, l'individu passe à un système démocratique du nivellement et de l’indifférenciation de l’immanence. Consécutive au mal fin de siècle, la haine que voue le décadent à la démocratie se manifeste par la condamnation de tout son fondement idéologique. Ainsi les Lumières se trouvent être la cible privilégiée de sa critique, en particulier Rousseau et son hypothèse philosophique de « l'homme naturellement bon », mais aussi leur héritage direct à travers la notion de Progrès. Car le décadent ne saurait être en accord avec l’idée concernant le progrès indéfini qui ne peut qu’être néfaste pour l’âme humaine, un frein à son Salut. Devant l'avènement de la démocratie, le décadent voit également son statut de poète menacé. Car la désacralisation et le désenchantement du monde sont aussi synonymes de la dé poétisation du poète. Sous l'effet de l'uniformisation des masses, la pensée conformiste et contagieuse de la société démocratique met en péril la singularité, l'individualité et le caractère aristocratique du décadent. Face à cet état de fait, il se retrouve face à une alternative. Ou bien il se retranche dans sa tour d’ivoire, à l’abri des valeurs bourgeoises de la société, afin de préserver sa singularité et son unicité, ou bien, dorénavant sans auréole, poète maudit, il chante la modernité en prose, celle d’un monde en déréliction, dans une compassion fraternelle avec tous les déshérités, pour ainsi créer une nouvelle harmonie. / At the end of 19th century, as the democratic thought process was evolving, the decadent experienced an ontological break away from the old order, whose hierarchies were crushed under the pressure of social equality. From the hierarchical system of the Ancien Régime which, by definition, transcended and pledged the divine will, one adopted a democratic system of levelling and non differentiation of immanence. As a consequence of the end of century malaise, the hatred which the decadent had for democracy was apparent through the condemnation of its entire ideological basis. Hence, Rousseau and his philosophical premise of « man being naturally good » became the preferred target of his critique, which besides was directed at the entire legacy of the Enlightened, particularly their belief in the notion of Progress. Indeed, the decadent could not agree with the idea that indefinite progress could but be harmful to the human soul and hinder its Salvation. During the advent of democracy, the status of poet enjoyed by the decadent was also in jeopardy, because the deconsecration and disillusionment of the world also lead to the poet being depoetized. In view of the standardisation of the masses, the conformist and contagious reflection of the democratic society endangered the singularity, the individuality and the aristocratic character of the decadent. Faced with such a situation, he had a choice : he could retreat in his ivory tower, away from the bourgeois values of society, in order to preserve his singularity and uniqueness, or, like a damned and haloless poet, he could henceforth talk in prose about modernity, that of a world in a state of dereliction, within the compassionate brotherhood of all deprived people, in order to create a new harmony.

Identiferoai:union.ndltd.org:theses.fr/2016LIL30007
Date24 June 2016
CreatorsSouty, Arnaud
ContributorsLille 3, Thorel-Cailleteau, Sylvie
Source SetsDépôt national des thèses électroniques françaises
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeElectronic Thesis or Dissertation, Text

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