La forme dialoguée a fait l’objet de réactualisations philosophiques et littéraires diverses au fil des siècles. Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, elle est réinvestie comme vecteur d’une nouvelle méthode éducative, qui affiche une conception renouvelée de l’enfant comme être singulier auquel il faut adapter la parole et les enseignements, afin de démontrer, par la « pratique », ce qu’est une éducation réussie. Prenant en compte la nature, l’âge et le caractère de l’enfant, ces mises en scène pédagogiques ont pour objectif de créer des modèles pour une éducation idéale, à la fois générale et raisonnée.Jouant sur la séduction d’une forme littéraire à la fois « totale », « nouvelle » et « naturelle », de nombreux auteurs recourent au dialogue pour présenter en détail des échanges éducatifs suivis : le dialogue permet en effet d’intégrer de nouvelles données dans l’éducation des enfants, par l’évocation vivante de la relation éducative, une temporalité enrichie et l’introduction d’éléments de réflexivité sur la pratique présentée. Les premières cibles de ces projets de rénovation éducative sont les jeunes filles, auxquelles sont dédiés des fictions spécifiques proposant une éducation domestique souvent ambitieuse.Situé au carrefour de deux questions cruciales, celle de la rénovation éducative du temps des Lumières, et celle de la constitution d’un champ littéraire – la littérature pour enfants, encore en gestation –, le dialogue éducatif de cette période se comprend mieux si l’on tient compte des stratégies rhétoriques et éditoriales de ses promoteurs. Celles-ci permettent de mieux percevoir et mesurer les ambitions et les résistances éducatives de cette période. L’illusion mimétique et pratique sur laquelle repose le dialogue éducatif donne accès à ce qui fait la doxa éducative des Lumières, prise entre pesanteurs, prétentions à la nouveauté et innovations effectives. / In the second half of the eighteenth century, the dialogic form has been used as a vehicle for a new educational methodology, which claims a renewed conception of the child as a unique being to which one must adapt one’s speech and teaching, in order to show, through “practice”, that which is a successful education. Taking into account the nature, the age and the character of the child, these pedagogical directions aim to create the models for an ideal education, both general and reasoned.Playing on the seduction of a literary form, at the same time “total”, “new” and “natural”, many authors resort to multi-faceted dialogue to present in detail some educational exchanges: indeed, dialogue permits the integration of new facts into children’s education, by the living reminder of the educational relationship, an enriched temporality and the introduction of elements of reflectivity on the presented practice. The first targets of these projects of educational reform are young girls, to which specific fictions are dedicated proposing an often ambitious domestic education.Situated at the intersection of two crucial questions, that of the educational reform of the Enlightenment, and that of the creation of a literary domain – children’s literature, still in gestation –, the educational dialogue of this period is best understood if one takes into account the rhetorical and editorial strategies of its promotors. These allow one to better perceive and measure the educational ambitions and oppositions of this period. The mimetic and practical illusion on which the educational dialogue is based gives access to that which makes the educational doxa of the Enlightenment, caught between ponderousness, ambitions to originality and effective innovation.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2016PESC0015 |
Date | 02 July 2016 |
Creators | Chiron, Jeanne |
Contributors | Paris Est, Plagnol-Diéval, Marie-Emmanuelle |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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