Contexte. L’émergence de la pandémie de COVID-19 a suscité des comparaisons avec d’autres épidémies, et en particulier celle du VIH/sida. Ces parallèles historiques ont toutefois leurs limites, notamment au Québec, où l’histoire des premières années de la réponse au sida a peu été étudiée, y compris au sein de sa population la plus touchée : les homosexuels. Ce projet de recherche documente cette histoire à partir du point de vue de ses principaux acteurs, en s’interrogeant notamment sur un potentiel « retard » de la mobilisation et sur l’impact des questions d’identité sexuelle sur les temporalités de cette réponse. Méthodologie. Cette étude qualitative s’appuie sur une démarche socio-historique. Dans cet esprit, les données mobilisées sont tant des sources documentaires et archivistiques que des sources orales. En effet, en plus d’une revue de la littérature, des fonds de la collection « sida » des Archives gaies du Québec ont été examinés et des entrevues semi-dirigées ont été menées auprès de quinze intervenants issus des milieux politique, communautaire, scientifique et médiatique ayant joué un rôle actif dans cette mobilisation. Résultats. Le projet a permis de déterminer comment s’est construite la réponse à cette épidémie au Québec. Il ressort d’abord que la mobilisation de professionnels de la santé a devancé celle des communautés touchées. Par ailleurs, les premiers groupes communautaires de lutte contre le sida ont été créés au sein d’organisations homosexuelles en 1983, mais la lutte communautaire contre le sida s’est dissociée du mouvement homosexuel dès 1985. À partir de 1987, un morcellement des organismes communautaires est survenu en raison de tensions linguistiques, identitaires et directionnelles. En ce qui concerne le milieu politique québécois, il est resté en retrait dans les premières années de l’épidémie, et il a fallu attendre 7 ans avant qu’il ne mette en place une politique structurée de lutte contre le sida dans la province. L’étude a également permis de faire ressortir des spécificités de la réponse québécoise à l’épidémie. Conclusion. L’analyse de la réponse à l’épidémie du sida au Québec éclaire sous un nouveau jour la notion de retard dans la mobilisation contre le VIH/sida qui a été observée dans presque tous les pays industrialisés. / Background. The emergence of the COVID-19 pandemic has prompted comparisons with other epidemics, like that of HIV/AIDS. However, these historical parallels have their limits, particularly in Québec, where the history of the early years of the AIDS response has barely been studied, including within its most affected population: homosexuals. The research project documents this history from the point of view of its main actors, by questioning the potential “delay” of the mobilization and the impact of sexual identity on the temporalities of this response. Methods. This qualitative study is based on a social history approach. For this reason, the data stems both from documentary and archival sources, as well as oral sources. Indeed, in addition to a literature review, the “AIDS” collection of the Archives gaies du Québec was examined, and semi-structured interviews were conducted with fifteen individuals from the political, community, scientific and media sectors who played an active role in this mobilization. Results. The project established how the response to this epidemic was developed in the province. Firstly, it appears the mobilization of health professionals preceded that of the affected communities. In addition, the first community-based AIDS groups were created in 1983 within homosexual organizations, but they separated from the homosexual movement in 1985. From 1987 onwards, a fragmentation of organizations occurred due to linguistic, identity and directional tensions. As for the Québec political milieu, it remained in the background in the early years of the epidemic, and it took seven years before it implemented a structured policy to fight AIDS in the province. The study also highlighted specificities of the Québec response to the epidemic. Conclusion. The analysis of the response to the AIDS epidemic in Québec sheds a new light on the notion of delay in the mobilization against HIV/AIDS that was observed in almost all industrialized countries.
Identifer | oai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/28436 |
Date | 08 1900 |
Creators | Fournier, Mariane |
Contributors | Girard, Gabriel, Klein, Alexandre |
Source Sets | Université de Montréal |
Language | fra |
Detected Language | French |
Type | thesis, thèse |
Format | application/pdf |
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