Cette étude dévoile que les intervenants sociaux québécois ne sont pas familiers avec le terme autonégligence mais qu'ils sont néanmoins capables de parler du phénomène à partir de leurs expériences pratiques. Ils conçoivent le phénomène comme un manque de volonté ou une incapacité à prendre soin de soi-même, ce qui fait référence à une notion d'intention que nous avons retenue afin de proposer une définition qui s'appuie sur nos données empiriques. De plus, les participants à cette étude associent un potentiel de risque à la santé ou à la sécurité de l'aîné qui s'autonéglige ou encore à son environnement. Bien que la conception du phénomène par les participants ne fasse pas consensus, il ressort que l'autonégligence est nécessairement influencée socialement et culturellement. Le cadre théorique de Berger et Luckmann (1986) a été utilisé afin de reconstruire le sens donné par les participants au phénomène de l'autonégligence. Les principaux défis soulevés par les participants de notre étude sont : la gestion du risque, la collaboration de l'aîné, les pressions de l'environnement exercées sur l'intervenant social et l'intensité et la fréquence des services accordés à l'aîné et à son environnement. Pour relever ces quatre défis, en nous appuyant sur le cadre de référence de la compétence proposé par Le Boterf (2000), cette étude présente plusieurs ressources (savoirs) mobilisées dans l'intervention auprès des aînés qui s'autonégligent. Ces ressources ne sont pas toutes spécifiques à l'intervention dans ces situations mais elles traduisent la complexité du phénomène et de la pratique du travail social. Ensuite, nous inspirant des travaux de l'Ordre professionnel des travailleurs sociaux et des thérapeutes familiaux et conjugaux du Québec (OPTSTCFQ), nous avons regroupé en quatre grandes familles les activités professionnelles mises de l'avant par nos participants dans ces situations: l'évaluation psychosociale, la planification de l'intervention, la réalisation de l'intervention puis l'établissement de la collaboration professionnelle et le travail d'équipe. À la lumière des résultats de cette étude, notre réflexion sur les liens possibles entre l'autonégligence et la maltraitance nous amène à affirmer qu'il s'agit de deux phénomènes sensibles et complexes qui présentent plusieurs liens de parenté. La discussion sur l'autonégligence en est encore à ses débuts au Québec et la pensée des intervenants n'est pas à son plein développement considérant que la plupart n'avait jamais entendu ce terme avant la présentation de notre étude. Néanmoins, nous voyons certainement l'occasion d'améliorer les conditions de vie des aînés en conjuguant les efforts de prévention, dépistage et intervention sur ces deux phénomènes, d'autant plus que la frontière est mince entre l'autonégligence et la maltraitance, une même situation pouvant basculer vers l'un ou l'autre. Finalement, nous proposons quelques pistes de réflexion et d'action pour des pratiques plus efficaces ou prometteuses. Il s'agit de l'évaluation des risques, de l'évaluation biopsychosociale, de l'approche de réduction des méfaits, de l'éthique et des valeurs, du soutien organisationnel et enfin de la possession de connaissances à jour sur la maltraitance et l'autonégligence
Identifer | oai:union.ndltd.org:usherbrooke.ca/oai:savoirs.usherbrooke.ca:11143/6526 |
Date | January 2012 |
Creators | Neesham-Grenon, Fiona |
Contributors | Beaulieu, Marie |
Publisher | Université de Sherbrooke |
Source Sets | Université de Sherbrooke |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Mémoire |
Rights | © Fiona Neesham-Grenon |
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