Mémoire numérisé par la Direction des bibliothèques de l'Université de Montréal. / La mortalité maternelle suscite des inquiétudes de plus en plus vives dans les pays en voie de développement. Dix ans après le lancement de l'initiative internationale de la maternité sans risque, l'Afrique subsaharienne enregistre toujours des ratios de mortalité maternelle que la plupart des pays développés n’ont plus connus depuis plus d’une trentaine d’années.
Au Burkina Faso, divers programmes de protection de la mère et de l’enfant se sont succédé de 1959 à nos jours sans pour autant faire baisser l’ampleur des décès maternels dans les pays. En fait, le niveau exact du problème n’est pas connu. Les facteurs qui fertilisent le développement et le maintien de la tragédie dans le pays le sont encore moins. Selon les sources, des ratios de 610, 700, 810 et 900 décès pour 100 000 naissances vivantes ont été avancés pour les mêmes périodes de référence. Le milieu rural serait plus atteint que le milieu urbain. Aussi divergents soient-ils, ces estimés sont suffisamment alarmants pour justifier le développement de nouvelles stratégies de lutte qui s’appuient sur l’approche selon le risque, la décentralisation et l’amélioration de la qualité des soins de santé. Le manque d’information valide sur le niveau et les facteurs de risque a été reconnu comme un frein à l’optimisation des programmes de maternité sans risque tant au niveau central que périphérique.
La présente étude a été initiée dans le but de contribuer à réduire la pénurie de l’information. Les objectifs visés étaient de décrire la mortalité maternelle en milieu rural d’une part, et d’autre part, d’analyser les facteurs de risque qui y sont associés. L’étude s’est déroulée de janvier à avril 1996 dans 29 villages du district sanitaire de Nouna, au nord-ouest du Burkina Faso. Les décès maternels survenus entre 1991 et 1995 ont été examinés. Un devis cas-témoins a été utilisé. Les informations ont été recueillies par enquête à base communautaire à l’aide de questionnaires administrés par interview directe. En outre, la banque de données du Projet recherche-action pour l’amélioration des services de santé (PRAPASS) a été exploitée pour générer des listes d’échantillonnage des témoins et fournir des informations complémentaires.
Le cadre théorique qui a guidé l’étude est une adaptation du modèle d’analyse des déterminants de la mortalité et la morbidité maternelles de Mc Carthy et Maine (1992). Le traitement et l'analyse des données ont été faits à l'aide du logiciel SPSS. Une estimation du niveau de mortalité maternelle a été faite en calculant des taux et des ratios de mortalité maternelle. Une comparaison a été faite entre les caractéristiques des cas et des témoins à travers l'étude de la distribution de fréquences. La régression logistique univariée a été utilisée pour l'identification des facteurs de risque potentiels. La régression logistique multivariée a permis de faire des ajustements en contrôlant certains facteurs de confusion.
Le niveau minimal de mortalité maternelle dans le district de Nouna a été évalué à 521,85 pour 100 000 naissances vivantes. Le taux moyen de mortalité maternelle était de 74,9 pour 100 000 femmes en âge de procréer de 1991 à 1995. Malgré un sérieux manque de puissance et des éventualités de sous-représentation différentielle des cas et des témoins, 9 variables indépendantes ont été identifiées après la régression multivariée comme facteurs de risque potentiels de mortalité maternelle. Être cultivatrice ou plus des tâches ménagères (RC = 38,7 ; P = 0,05), vivre dans une famille dépourvue de charrette et de bicyclette (RC = 28,72, P<0,001), appartenir à une famille de plus de 15 membres (RC=13,87 P=0,02) et ne pas chercher du recours pendant les maladies de la grossesse (RC=1,96, P=0,01) étaient les 4 facteurs les plus fortement associés à la mort maternelle.
En conclusion, il apparaît que le niveau de la mortalité maternelle demeure élevé dans la province de la Kossi. La réduction des facteurs de risque les plus impliqués dans cette communauté nécessite une intervention multidisciplinaire. La tâche particulière des agents de santé des districts serait de trouver des moyens autres que les postes de santé primaires, d'améliorer les conditions de prise en charge de la grossesse et de l'accouchement à domicile. Si le manque de puissance dans la présente étude, les analyses devraient être refaites ultérieurement avec un plus grand nombre de cas pour vérifier les résultats actuels.
Identifer | oai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/33281 |
Date | 12 1900 |
Creators | Nikiema, Béatrice |
Contributors | Goulet, Lise, Séguin, Louise |
Source Sets | Université de Montréal |
Language | fra |
Detected Language | French |
Type | thesis, thèse |
Format | application/pdf |
Page generated in 0.0022 seconds