Ce travail examine le problème de l'exploration, tel qu'il se présente dans les chroniques de voyage qui ont forgé la cartographie du monde moderne entre la Renaissance et les Lumières, en privilégiant l'analyse des enjeux épistémologiques entre le nouveau et l'inconnu. A travers une lecture de ce corpus portant sur l'Amérique et des spéculations géographiques et politiques sur le continent austral, il montre, d'une part, que dans ces textes un régime de spatialité trouve son instance inaugurale ; de l'autre, que l'histoire de celui-ci est aussi celle de la philosophie elle-même, pour autant qu'elle s'est conçue sur le modèle d'une exploration dans la tradition baconienne jusqu'au XVIIIème siècle chez D'Alembert. Il montre l'ancrage historique des images géographiques ainsi que la continuité entre la production de savoir et la production d'un espace à découvrir au sein des voyages d'exploration, face auxquels, contrairement à la métaphorologie blumenbergienne, l'archéologie foucaldienne trouve une limite. Puis, il interroge l'horizon de sens anthropologique de l'exploration, en particulier à travers la polémique de la présence d'une espèce d'hommes géants au Nouveau Monde, et examine l'appropriation scientifique de cette figure littéraire, dans l'histoire naturelle d'Acosta à Buffon. Enfin, après un regard sur le rapport ambigu entre les usages de la thèse du vieillissement du monde et l'ouverture épistémologique des objets possibles de l'exploration, il propose une analyse de la centralité de la gigantum demonstratio au sein du programme philosophique de Vico. / This study examines the issue of exploration, as it stands in the travel chronicles that have forged modern world cartography between the Renaissance and the Enlightenment, favouring the analysis of epistemological questions between the new and the unknown. Through an examination of this corpus about America, and the geographical and political speculation about the Southern Land, it shows, on the one hand, that a regime of spatiality begins with these texts; on the other, that its history is also the history of philosophy, as far as it conceived itself on the model of exploration in the baconian tradition until D’Alembert in the 18th century. It identifies the historical foundation of geographical images used in the modern thought, as well as continuity among knowledge production and the production of a space to discover by exploration travels, about which, unlike Blumenberg’s metaphorology, Foucault’s archaeology founds a limit. Then, it questions the exploration’s anthropological horizon of meaning, particularly by the controversy of a giant human species in the New World, and examines the scientific appropriation of this literary figure in the natural history from Acosta to Buffon. Lastly, after a look on the ambiguous relation between the ageing world thesis and the epistemological openness of possible objects of exploration, it proposes an analysis of the importance of the gigantum demonstratio in Vico’s philosophical program.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2016PA01H204 |
Date | 22 June 2016 |
Creators | Gallegos Gabilondo, Simon |
Contributors | Paris 1, Binoche, Bertrand |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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