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Le cinéma documentaire comme pratique sociale et comme expérience imaginaire de sociabilité : analyse de La moindre des choses, Ce gamin-là et Le moindre geste

L'objectif de ce projet de recherche était d'approfondir notre compréhension des liens entre communauté et cinéma, rendus possibles par et pour le film documentaire, à travers l'analyse des interactions entre le cinéaste, la personne filmée et le spectateur. L'expérience cinématographique sera analysée d'une part en tant que pratique sociale à travers la prise en considération du contexte de production des films. D'autre part, le film sera aussi considéré comme expérience imaginaire de sociabilité. Les trois films de notre corpus s'intéressent à des expériences communautaires atypiques et mettent en scène des relations fragiles et précaires avec des personnes souffrant de troubles sociaux majeurs, c'est-à-dire des psychotiques, des déficients intellectuels profonds ou des autistes. C'est à partir de l'expérience de l'apparente insociabilité de ces individus que nous réfléchirons au lien d'accompagnement ainsi qu'au concept de care qui seront envisagés, aussi, comme pouvant traduire la relation particulière qui a lieu entre le spectateur et le film. En effet, le cinéma permet l'élaboration d'une expérience relationnelle construite dans les œuvres médiatiques. Le dispositif filmique donne l'occasion au spectateur d'expérimenter des postures morales et affectives nouvelles. Nous tiendrons compte, au cours de ce mémoire, de la façon dont les choix esthétiques du cinéaste peuvent éduquer et faire évoluer la sensibilité du spectateur. Nous essaierons aussi de souligner les différents jeux de pouvoir et d'influence entre les trois instances que sont le cinéaste, la personne filmée et le spectateur.
Après avoir décrit le cadre et les enjeux théoriques du projet, le premier chapitre concernera le film La Moindre des choses (1996) dans lequel Nicolas Philibert filme, jour après jour, les pensionnaires de la clinique psychiatrique de la Borde. Ce film nous a servi de prétexte pour penser ou repenser la place du spectateur comme étant inclus dans la relation entre le cinéaste et la personne filmée et cela à partir de cette phrase d'un des protagonistes du film : « On est entre nous, mais vous aussi, vous êtes entre nous. »
Le deuxième chapitre s'intéressera au film Ce Gamin là (1985) de Renaud Victor qui cherche à faire voir au spectateur ce que le projet de Fernand Deligny de vivre dans les Cévennes en compagnie d'enfants autistes a d'original et de particulier. Nous pensons que l'enfant autiste nous amène à dépasser nos expériences de sociabilités habituelles. Le lien d'accompagnement d'enfants autistes, puisque toujours fragile et précaire, révèle quelque chose sur nos façons d'avoir du commun. L'étude des médias et de la médiation est pertinente parce qu'elle nous permet de multiplier et de diversifier les modes de communications. Dans Ce Gamin-là, bien que les images permettent au cinéaste de rendre compte de l'événement d'un contact, l'accent sera mis sur l'analyse du commentaire de Deligny, puisqu'il accompagne le spectateur dans l'appréhension d'une réalité qui lui est étrangère. Ce film nous a aussi appris que l’étude des techniques utilisées nous renseigne sur les différentes façons de dire ou de montrer un lien communautaire, affectif ou social particulier.
Le Moindre Geste (1971) qui permet à Yves Guignard, déficient intellectuel sévère, de devenir le héros d'un film, se distingue des deux autres films de par la distinction radicale entre les deux étapes du tournage et du montage. Le troisième chapitre se concentrera, d'une part, sur l'analyse de la relation qui se développe entre Yves et Josée Manenti à la caméra. Ensuite, nous verrons de quelle façon le jeu du montage de Jean-Pierre Daniel laisse une grande liberté à Yves, mais aussi au spectateur en multipliant les possibilités d'interprétations. / This master's thesis explores the interactions between community and cinema through the analysis of three films about people with mental disorders, intellectual disability and autism. Special attention will be given to the interactions between the filmmaker, the filmed person and the viewer in a documentary film context. Our study of the interactions between cinema and sociality will consider two things. First, cinema is seen as a social practice through the material aspect of film production. Second, we will adopt an aesthetic approach as an analysis of the imaginary social experience created by cinema.
Our corpus integrates three movies showing atypical community experiences and fragile relationships. The thesis pays special attention to the possible interactions with young autistics through the concept of supportive care, which in a way reflects the filmmaker's relationship with the viewer. In such, cinema permits relational experiences to be constructed through the medias. The cinematographic fabric gives the viewer the opportunity to experiment with new moral and affective perspectives. In this thesis, we will consider how the aesthetic choices of the filmmaker can educate the viewer's sensitivity. Also, we will try to underline the different mechanisms of power and influence engaging the filmmaker, the filmed person and the viewer.
In the first chapter, we will study the movie La Moindre des choses (1996) in which Nicolas Philibert films, day after day, the residents of a psychiatric institution. The movie enables us to think or to rethink the viewer's position as one included in a small community formed by the filmmaker, the filmed person and the viewer, based on one of the protagonist's lines : « We're among ourselves, but you're also among us ».
The second chapter examines the movie Ce Gamin-là (1985) in which Renaud Victor shows the particular nature of Fernand Deligny's project of living amongst autistic children in a rural French community. We don't think that autism signifies that no bonding is possible. The autistic child helps us go beyond our ordinary social experiences and find other ways of being together. The analysis of medias and mediation is relevant, since it helps multiply and diversify our channels of communications.
The movie Le Moindre Geste (1971) gives a central role to Yves Guignard, a severely intellectually disabled men. The particularity of this movie is that it shows the radical segregation between the filming step and the editing step. The third chapter will focus first on the analysis of the relationship that develops between Yves Guignard and the camerawoman, and then on the editing role of Jean-Pierre Daniel and how it gives Yves Guignard greater liberty, which consequently helps the viewer experience multiple interpretation possibilities.

Identiferoai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QMU.1866/9661
Date08 1900
CreatorsHermann, Julie
ContributorsChanady, Amaryll
Source SetsLibrary and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeThèse ou Mémoire numérique / Electronic Thesis or Dissertation

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