Cette thèse de doctorat est issue d’un étonnement ressenti à la lecture de la réception critique des créations scéniques de Roger Blin quand il monte les pièces de Samuel Beckett et de Jean Genet. Malgré des interrogations sur la présence en scène d’êtres artificiels vidés de toute substance ainsi que sur un certain comique, la critique perçoit le jeu des acteurs comme naturel. Elle évoque à ce propos la création d’un « nouveau réalisme » ou d’un « nouveau théâtre », expressions qui supposent d’abord un renouveau dans la manière de figurer l’humain sur scène.Roger Blin, profondément marqué par les surréalistes et Antonin Artaud, cherche en effet à défendre un théâtre poétique et militant qui, tout en s’attaquant à la bourgeoisie et à ses codes de représentations, propose un être scénique hybride au croisement de diverses formes spectaculaires (marionnette, clown, cabaret, formes extrême-orientales, etc.). En cela, ses rencontres successives avec Beckett puis Genet, dont les pièces altèrent le personnage traditionnel et interrogent formellement la scène, lui permettent d’engager des compagnonnages fructueux. Dans la lignée du Cartel, il cherche en effet à révéler les mouvements profonds de l’oeuvre. Depuis la mise en scène invisible avec Beckett, jusqu’à la mise en scène visible avec Genet, Blin semble réclamer de la part de ses comédiens un jeu en équilibre entre monstration du faire théâtral et recherche de l’évidence littérale du geste et de la parole, ceci afin d’exposer la survivance d’une certaine tendresse humaine. Il semble en résulter un effet poétique puissant qui fait écho aux angoisses intimes des spectateurs, bouleversés par un contexte historique fort : les conséquences de la découverte des camps de concentration, de l’utilisation de la bombe atomique, et de la décolonisation. / This PhD thesis originates from the surprise felt while reading critical receptions of Roger Blin’s stage creations of plays written by Samuel Beckett and Jean Genet. Though reflecting upon the presence on stage of artificial beings bereft of any substance and upon an established comic tone, the critics perceive the performance of the actors as natural. They point out the establishment of some “new realism” or “new theatre”, words that speculate in the first place a renewal in the way the human is figured on stage.Roger Blin, who had been deeply influenced by surrealists and Antonin Artaud, indeed stands up for a committed and poetic theatre that, all the while tackling the bourgeoisie and its codes, introduces on stage a hybrid creature that crosses various performance arts (puppet theatre, the clown, cabaret, far-eastern forms, etc.). In this respect, Blin’s repeated meetings with Beckett and Genet, whose plays distort classic characters and formally interrogate the stage, enable him to commit into fruitful companionships. In line with the Cartel, Blin tries to reveal the very essence of the oeuvre. From his invisible staging of Beckett’s plays to his visible staging of Genet’s plays, Blin seems to demand from his actors a balanced performance in between theatrical demonstration and a quest for the precise combination of gesture and words, in order to expose the persistence of some human kindness. This may trigger a powerful poetic effect that echoes the private anguishes of the members of the audience, facing a hard historical context: the consequences of discovering the concentration camps, of the use of the atomic bomb, and of the decolonisation process.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2018REN20006 |
Date | 24 January 2018 |
Creators | Dumontet, Mathilde |
Contributors | Rennes 2, Lucet, Sophie, Boisson, Bénédicte |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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