Le présent travail, en analysant la trajectoire biographique du réalisateur japonais Sômai Shinji de son passage dans les mouvements de contestation de la Nouvelle gauche à ses premiers films tournés dans les années quatre-vingt, se veut une étude critique sur le sens généralement accordé à l’utilisation de la technique dite du « plan-séquence » dans le contexte du cinéma japonais. Le plan-séquence est une méthode de mise en scène que différents auteurs occidentaux, de Noël Burch à Donald Richie, ont régulièrement qualifié d’ « essentiellement » japonaise tant elle semble selon eux présenter une utilisation de l’espace qui la rapproche des arts de représentation traditionnels comme le théâtre kabuki ou la peinture de Heian. En mettant en évidence les fonctions de contestation et de résistance que cette technique joue dans l’esthétique des films de Sômai Shinji, activiste de la Quatrième internationale japonaise de 1967 à 1971, nous démontrons que le jugement selon lequel le plan-séquence découlerait d’une sensibilité propre au peuple japonais-en effet, d’une « japonité »-est pour le moins à revoir. Sômai, de par son passé politique, est un réalisateur qui est constamment en lutte avec les valeurs de ce que nous appelons l’ « idéologie dominante », si bien que sa trajectoire ne peut se comprendre qu’en tenant compte des notions de conflits et de contradictions, bien loin de l’image lisse et homogène du peuple japonais dont nous abreuve un certain discours. Au-delà de la relecture du sens accordé à l’usage de la technique du plan-séquence-à laquelle nous associons rapidement des cinéastes comme Mizoguchi Kenji ou Sone Chûsei-, cette thèse soulève donc certaines interrogations sur la perception que nous avons, à travers les médias audiovisuels, de la nation comme entité homogène et fixée dans le temps. / The present work, while examining the biographical trajectory of Japanese filmmaker Sômai Shinji from his past in the Japanese New Left to his first movies made in the 80s, is aimed at being a critical study of the significance regarding the use of the technique called “one scene-one shot” generally admitted in the context of Japanese cinema. The one scene-one shot is a method of mise-en-scène considered by several non-Japanese authors, like Noël Burch or Donald Richie, to be “essentially” Japanese because of what they think to be similarities with methods of representation usually found in kabuki theatre and Heian paintings. While we enhance the functions of protest and resistance this technique plays in the aesthetic of Sômai Shinji-who was an activist of the Japanese Fourth International from 1967 to 1971-films, we assess that the argument regarding the one scene-one shot as a method of filming particular to the Japanese sensibility-indeed, an expression of “Japaneseness”-is at best to be reconsidered. Sômai, because of his political past, was a filmmaker constantly struggling with the values of what we call the “dominant ideology”. His work cannot properly be understood unless we put the notions of conflicts and contradictions at the core of our analysis, departing from the traditionally peaceful and homogenous image that certain discourses usually express regarding the Japanese people. Beyond a reexamination of the significance traditionally given to the use of the one scene-one shot in the context of Japanese cinema-to which we associate filmmakers such as Mizoguchi Kenji and Sone Chûsei-, this dissertation questions the images of the nation, expressed through audiovisual means, as a homogenous and fixed community.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2013LYO30056 |
Date | 29 November 2013 |
Creators | Carpentras, Fabien |
Contributors | Lyon 3, Giraud, Jean-Pierre |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
Page generated in 0.0024 seconds