Une double dynamique traverse l’œuvre de Mongo Beti, et ce dès 1953 et ses débuts en littérature : en premier lieu, un engagement inflexible, intransigeant, que l’écrivain brandit comme un signe identificateur de son esthétique romanesque et de son action citoyenne. En second lieu, un courant d’échanges souvent fructueux s’instaure entre « prose latérale » (écrits journalistiques et politiques, essais, pamphlets) et production fictionnelle. Autant dire que l’homme et l’œuvre, pour reprendre une formule désuète, sont indissociablement liés et que les combats de l’un trouve toujours un écho et une transposition, plus ou moins distanciée selon les périodes, dans l’autre. Dans le sillage de Sartre et fidèle en cela à la volonté affichée par les promoteurs de la revue Les Temps modernes, Beti refuse le silence du clerc. Et si trahison il y a, elle se niche, selon lui, dans le refus obstiné de dire l’injustice criante et les manquements aux droits de l’homme. C’est cette ligne de conduite idéologique et scripturaire qui unit tous les ouvrages de Mongo Beti, de la « chronique coloniale » aux « romans d’un retour au pays natal » que ce travail souhaite mettre en évidence, tout en s’interrogeant sur les limites et les tensions qu’engendre une telle posture. Mais, parce qu’il n’est pas un propagandiste appointé mettant son œuvre au service d’une cause qui la transcenderait, Beti évite le piège du roman à thèse - même si certains textes, ceux du « cycle Dzewatama » en particulier, témoignent d’un didactisme pesant - et livre une œuvre qui est avant tout le témoignage passionné et ironique sur plus de soixante-dix ans de l’histoire, souvent douloureuse et tragique, parfois drolatique, de l’Afrique. / Two tendencies underpin the works of Mongo Beti, right from his literary beginnings in 1953. First, an inflexible, uncompromising commitment that the writer raises as a sign identifying his novelistic aesthetics and his action as a public figure. Second, a channel permitting frequently productive exchanges between “secondary prose” (journalistic and political writing, essays, political pamphlets) and fictional production. All of which means, as the hackneyed saying goes, that the man and his works cannot be dissociated and that the struggles of the former are always echoed in the latter, and transposed, at a distance varying from great to small depending on the period. Following in the steps of Sartre and thus respectful of the ideal promoted by those who defended the literary review Les Temps modernes, Beti refused to be a silent cleric. If there be betrayal, in his view, it is to be found in the stubborn refusal to denounce patent injustice and failures to respect human rights. It is this ideological and scriptural line of conduct which unites all the works of Mongo Beti, from the “Colonial Chronicles” to the “Returned to Homeland” cycle. However, since he is not an official propagandist dedicating his works to a cause that might transcend him, Beti avoids the pitfalls of thesis novels, even if some texts, particularly those of the “Dzewatama Cycle”, are weightily didactic. His works are above all the impassioned and ironic testimony of more than 70 years of African history: often painful and tragic, sometimes droll.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2010LARE0010 |
Date | 08 December 2010 |
Creators | Aït-Aarab, Mohamed |
Contributors | La Réunion, Ponnau, Gwenhaël |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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