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Maurice Sand, un créateur fantastique méconnu : la transversalité, brisant d’une œuvre au 19e siècle

Sauf par des regards fugitifs et distraits sur son travail d’illustrateur et son théâtre de marionnettes, l’histoire culturelle et littéraire n’a en général retenu de Maurice Sand que son état de fils bien-aimé de la plus célèbre écrivaine du 19e siècle. Étudiée pour elle-même, son œuvre multidisciplinaire - qui allie peinture, dessin, illustration, théâtre, histoire de l’art, sciences naturelles - se propose pourtant avec cohérence, marque d’une création soutenue plutôt que du dilettantisme où son souvenir s’est incrusté. Maurice Sand apparaît alors comme un de ces individus situés aux interstices des récits majeurs de la littérature et des arts qui, bien qu’ayant figure de minores, amènent à des réflexions nuancées sur la constitution de ces récits. Explorer son cas permet ainsi de scruter de plus près les mécanismes de la méconnaissance qui a pu et peut encore affecter un créateur et une œuvre soumis aux arbitrages mémoriels. Discrets angles morts de l’histoire, certains de ces mécanismes jalonnent clairement son parcours et les aléas de sa trace posthume. D’une part le vaste corpus des études sur George Sand, notamment des écrits biographiques et autobiographiques, fait voir à l’œuvre le mode déformant de la constitution de la mémoire d’un être saisi à partir des positions d’autrui : son existence devient cliché, elle se réduit peu à peu au rôle d’adjuvant dans des débats, passés ou actuels, qui font l’impasse sur le cours autonome de sa carrière, voire de sa vie. D’autre part la mise au jour de son œuvre, enfin vue comme un ensemble, dévoile une cause encore plus déterminante de sa méconnaissance. Presque tous les travaux de Maurice Sand sont traversés par une ligne de fantastique, au surplus connotée par son intérêt pour les sciences liées à la métamorphose, de l’ethnogénie à l’entomologie. Réinvention constante du passé, sa démarche cognitive et créatrice ignore les frontières disciplinaires, son objet est hybride et composé. L’œuvre se constitue ainsi par transversalité, trait et trame irrecevables en un siècle qui n’y perçut que dispersion, mais paradoxalement marque supérieure de qualité dans le champ éclaté où se déploient les arts de notre temps. / Aside from fleeting, inattentive glances at his illustration work and his puppet theatre, cultural and literary history has generally taken little notice of Maurice Sand except as the beloved son of the most famous woman writer of the 19th century. Yet considered on its own merits, his multidisciplinary work—in painting, drawing, illustration, theatre, art history, natural science—forms a very coherent whole, indicative of sustained creativity, rather than the dilettantism of which he is often accused. From this perspective, Maurice Sand appears to be one of those individuals whose work lies in the interstitial space between major literary and artistic narratives and who, though seemingly minor figures, prompt nuanced reflection on how those narratives are constructed. An exploration of his case is an opportunity for a closer examination of the mechanisms of misappreciation that affected, and can still affect, a creator and oeuvre that have fallen victim to the arbiters of memory. Some of those mechanisms have clearly turned various points in his career and posthumous traces into discrete blind spots of history. First, the extensive corpus of studies on George Sand, especially biographical and autobiographical writings, demonstrates how the recollection of someone constructed from the positions of others can be distorted: his existence becomes a cliché, gradually reduced to a mere adjunct to past or current discussions of his mother, which overlook his independent career and life. Second, bringing his oeuvre to light, so it can at last be seen as a whole, reveals an even more significant cause of history’s misappreciation of him. Virtually all Maurice Sand’s works are not only shot through with the fantastic, but also marked by his interest in the sciences of metamorphosis, from ethnogeny to entomology. Constantly reinventing the past, his cognitive and creative processes ignored boundaries between disciplines, embracing hybrid, composite subjects. The inherently transversal nature of his work, which made it totally unacceptable in a century that saw it as indicative of a lack of focus, is now paradoxically viewed as a mark of superior quality in the fragmented field of the arts today.

Identiferoai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/11986
Date12 1900
CreatorsBissonnette, Lise
ContributorsPierssens, Michel
Source SetsUniversité de Montréal
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeThèse ou Mémoire numérique / Electronic Thesis or Dissertation

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