Au Rwanda, d'avril à juillet 1994, les photographes et les cameramen des agences d'information internationales eurent de grandes difficultés à documenter le génocide des Tutsi, recouvert par la guerre civile entre les Forces armées rwandaises et le Front patriotique rwandais et par l'exil massif des civils Hutu dans les camps de réfugiés des pays voisins. Les reporters rencontrèrent de nombreux obstacles pour prendre, envoyer et diffuser leurs images en Occident : avaries techniques, censure militaire et politique, relative indifférence des rédactions, etc. Après l'événement, quelques photojournalistes et cameramen décidèrent de rompre avec le système des mass-médias. Ils ont ainsi entamé une déconstruction de leurs images par la représentation artistique, plus apte à incarner le génocide et à rendre au spectateur l'autonomie de son regard. En parallèle, d'autres artistes ont entrepris d'élaborer la mémoire du génocide des Tutsi, recueillant les visages et les témoignages des rescapés et des génocidaires, filmant ou photographiant les sites de l'extermination devenus mémoriaux. En l'espace de dix-huit années, la somme des représentations du génocide des Tutsi est donc conséquente. S'inscrivant dans une histoire visuelle dont la Shoah constitue le paradigme, ces œuvres entendent poser les jalons d'une réflexion historique, politique et esthétique sur l'extermination des Tutsi et ses conséquences dans la société rwandaise post-génocide. / In Rwanda, from April to July 1994, photographers and cameramen from international news agencies had big difficulties to document the genocide of the Tutsi, blurred by the civil war between the Armed Forces of Rwanda and the Rwandan Patriotic Front, and by the exile of the Hutu civilians in the refugee camps of the neighboring countries. Reporters found many impediments on their road, to take, to send and to spread their images in the Western world : technical damages, military and political censoring, lack of interest from editors, etc. Soon after the event, some photojournalists and cameramen decided to break with the mass-media system. They began to deconstruct their images by artistic representation, more suited to incarnate the genocide and to help the viewer recover the primacy of his look. Concurrently, other artists undertook to elaborate the memory of the genocide, collecting faces and testimonies of survivors and perpetrators, filming or photographing the places of the killings that became memorials. Within 18 years, the amount of artistic representations of the Tutsi genocide is important. Placed in a visual history which paradigm is the destruction of the Jews, these works show the way of a historical, political and aesthetical reflection on the extermination of the Tutsi and its consequences in the Rwandan society after the genocide.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2012AIXM3081 |
Date | 03 December 2012 |
Creators | Réra, Nathan |
Contributors | Aix-Marseille, Wat, Pierre, Lindeperg, Sylvie |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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