Quel rapport y-a-t-il entre lire et penser? En empruntant à l'Éthique de Spinoza et au Plaisir du texte de Roland Barthes, nous postulons que pour penser, le lecteur a besoin d'être affecté par ce qu'il lit. En empruntant aux principes d'émancipation intellectuelle de Joseph Jacotot, nous considérons que tout le monde peut penser à la lecture du texte philosophique quand il est touché par celui-ci, à contre-courant d'un imaginaire hiérarchique très ancien et toujours ambiant. À partir de là, qu'est-ce qui fait que le lecteur pense par ses propres moyens, qu'il s'interroge à la lumière de ce qu’il a lu? Diverses théories de la lecture (Iser, Jauss, Eco, Picard, Thérien) ont intégré à leurs propos l'affection du lecteur, y voyant un élément important de la composition du sens. Cependant, ces théories tendent à associer la constitution du sens à l'harmonisation des tensions ressenties. Mais alors, si un retour au calme se produit en rendant le texte « sensé », c’est-à-dire cohérent, comment faire pour continuer à penser, avec ce que la lecture nous a fait ressentir?
Notre apport repose sur une étude thématique montrant le lien intrinsèque entre les sensations et le phénomène scénique, ainsi que le rôle moteur de la scène dans les théories de la connaissance développées en Occident (chez Platon, Kant, Wittgenstein, Nietzsche). La scène permet ainsi de concevoir la pensée du lecteur au-delà de la composition du sens. En faisant comme si le texte philosophique qu’il lit était une scène – ce qui relève de la métaphore –, le lecteur élabore une cohérence d'ensemble. L’objectif de notre méthode est que, une fois la lecture achevée, sur la scène développée par le lecteur se déploient des sensations en tension. Ces tensions irrésolues donnent à penser, poussent à réfléchir, stimulent la capacité réflexive de chacun. L'approche élaborée est mise en pratique à la lecture du Banquet de Platon, du Maître ignorant de Rancière, de l’Ecce homo de Nietzsche et du Discours de la méthode de Descartes. Les « scènes de pensée » que nous construisons laissent des tensions insupportables. Elles donnent la matière et l'élan d'un questionnement sans réponse immédiate.
Identifer | oai:union.ndltd.org:uottawa.ca/oai:ruor.uottawa.ca:10393/35331 |
Date | January 2016 |
Creators | Molina, Vanessa |
Contributors | Giroux, Dalie |
Publisher | Université d'Ottawa / University of Ottawa |
Source Sets | Université d’Ottawa |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Thesis |
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