La Société Centrale d'Hypothèques et de Logement (SCHL) a été instaurée le 1er janvier 1946 en tant qu'instance suprême en matière d'habitation au Canada. L'histoire de l'architecture domestique canadienne lui attribue la responsabilité de la répétitivité architecturale et de l'homogénéité sociale de nos banlieues. Il nous semble que la Société soit moins responsable de la monotonie suburbaine que de la création d'une image archétypale de l'architecture pavilIonnaire : une maison fonctionnaIiste matérialisant les valeurs de la classe moyenne salariée intégrée à la vie de banlieue nord-américaine. Entre 1946 et 1974, la SCHL a contribué de manière peu ordinaire à la popularisation de la maison individuelle au Canada. Entre autres, elle a conçu et diffusé une image particulière de la maison par l'entremise de publications didactiques adressées aux clients, bâtisseurs, architectes et planificateurs urbains canadiens. Nous avons considéré ces publications comme des documents historiques à part entière et nous les avons analysés dans le but d'identifier l'image que la SCHL projette de la maison. La Société a tout d'abord créé Monsieur Canada, père de famille nucléaire ordinaire et client fictif du concours d'architecture de maisons de 1946. La SCHL a ensuite réagi aux banlieues dortoirs monotones en proposant un nouveau modèle suburbain basé sur Radburn au New Jersey, banlieue pittoresque qui intègre des maisons individuelles dans un tracé urbain novateur et diversifié. Puis la Société a créé une maison pour cette famiIle et cette banlieue: elle a favorisé un système constructif industriel à ossature de bois, elle a mis sur pied un programme domestique articulé autour des principes modernes de zonage, et elle a publié des catalogues contenant 630 modèles de maisons reflétant les tendances esthétiques de l'époque. L'image qui en résulte est celle d'une maison normalisée, économique, fonctionnelle et symbolique de l'American way of life que la Société cherche à implanter en sol canadien. Cette maison représente une amélioration des conditions du logement par rapport à la norme antérieure. Nos analyses révèlent que l'architecture de la maison de la SCHL reflète le mode de vie de la classe moyenne intégrée à la vie de banlieue et en ce sens, l'action de la SCHL est idéologique. Elle fait passer l'image de la famille nucléaire et de la maison fonctionnaliste de banlieue comme allant de soi pour les couples en recherche d'un logis pour fonder un foyer, alors que cette image cache un attachement à la société de consommation et à la culture de masse, condition associée à la réception du Mouvement moderne en Amérique du Nord. En faisant la promotion d'une mythologie fonctionnaliste adaptée à l'architecture domestique des années 1950, la SCHL reflète la culture architecturale savante de son temps; son rôle de médiateur peut être considéré comme une contribution significative à la modernisation sociale et architecturale du Canada urbain. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Architecture domestique, Bungalows, Fonctionnalisme, Banlieue, SCHL, Canada.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QMUQ.2227 |
Date | January 2009 |
Creators | Lachance, Jonathan |
Source Sets | Library and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada |
Detected Language | French |
Type | Mémoire accepté, NonPeerReviewed |
Format | application/pdf |
Relation | http://www.archipel.uqam.ca/2227/ |
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