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La littérature de l’éclatement ou l’utopie de la totalité au tournant du XXIème siècle : 2066 de Roberto Bolaño, Flores de Mario Bellatin et Vidas perpendiculares d’Álvaro Enrigue / Fragmented literature or the utopia of totality in the late 90' and at the beginning of the XXIth century : Roberto Bolaño's 2666, Mario Bellatin's Flores, Álvaro Enrigue's Vidas perpendiculares

Un tournant s'est opéré dès la fin du XXème siècle dans la littérature hispano-américaine, après quelques tentatives inachevées de recherche d'une « totalité » à travers le mouvement du boom latino-américain des années 60.Une nouvelle littérature postmoderne s'est alors développée, opposée aux objectifs « utopiques » du boom (tel que celui de « roman total », qui embrassait tous les genres, proposait un érotisme exalté, une réflexion métatextuelle et un engagement politique). Les écrivains nés dans les années 1950 se sont appropriés de nouveaux procédés qui visaient à « morceler » la littérature. Parmi ces procédés figurent des voix narratives multiples, des univers parallèles, l'hybridité générique, une écriture « cinématographique » (visuelle et sonore), fragmentée, parsemée d'analepses et de prolepses.Afin de pouvoir analyser les limites de la totalité littéraire – plus précisément, romanesque – et de définir cette écriture postmoderne « éclatée », « antitotale », je me suis centrée sur trois œuvres qui englobent les années 1995-2010, écrites par des auteurs hispano-américains d'origine diverse (bien qu'appartenant à la même génération post-moderne ou post-nationale), imprégnées d'une esthétique propre, mais parsemées de personnages, d'une réflexion sur la littérature et d'une atmosphère/tonalité communs.Le roman fragmentaire, bref et polyphonique Flores (2004), du Mexicain Mario Bellatin, raconte de nombreuses histoires qui s'entrecroisent, dans un espace indéterminé et claustrophobique, dans lesquelles les personnages sont réduits à leur « Corps ».Vidas perpendiculares (2008), du Mexicain Álvaro Enrigue, utilise la même stratégie du « puzzle », de la fragmentation et simultanéité des récits. Ici, le narrateur relate cinq histoires d'amour qui ont marqué la vie d'un même personnage, Jerónimo, sous la forme de « réincarnations » successives, sur un ton ironique et plaisant.Quant au long roman (anti)total et apocalyptique du Chilien Roberto Bolaño, 2666 (2004), il évoque le destin de nombreux personnages – liés dans leur majorité au monde de la littérature- dans la ville fictive de Santa Teresa (Ciudad Juárez).Le Mexicain Jorge Volpi a intitulé l'un de ses articles les plus polémiques « La literatura latinoamericana ya no existe », mais le fait que la littérature se déconstruise, rompe avec les codes qui la définissaient, joue avec eux et/ou les réinvente, n'est-ce pas finalement une forme de littérature (et non pas d'absence de littérature), celle de l'éclatement, de la dislocation ?C'est justement cette nouvelle esthétique qui se cherche, en pleine quête identitaire, qui constitue à mon sens un grand intérêt. Et ce, particulièrement à une époque de « l'entre-deux » (siècles, générations, mondes).Pour approfondir ces aspects de la littérature contemporaine de langue hispanique, je me focaliserai essentiellement sur quatre aspects de l'esthétique élaborée par les écrivains qui conforment mon corpus : je définirai tout d'abord le concepts de totalité, d'unité, de modernité et de postmodernité, essentiels à toute réflexion ultérieure ; puis j'examinerai la structure à la fois totalisante et détotalisante de l'Œuvre de Bolaño, Bellatin et Enrigue ; et enfin, je m'intéresserai à la nature paradoxale et dichotomique de la littérature postmoderne latino-américaine, toujours à travers le prisme des trois auteurs.C'est seulement grâce à une étude comparative, théorique et analytique que je pourrai prétendre apporter un plus au domaine de la critique littéraire. Il s'agit donc pour moi de déterminer les caractéristiques (communes ou différentielles) de la littérature contemporaine, post-moderne, d'en souligner les desseins, les limites et les contradictions, tout en prenant en compte un contexte (politique, social, culturel, économique etc.) de plus en plus (omni)présent. / A turning point was apparent from the end of the twentieth century in Latin-American literature, after a few uncompleted attempts to search for “totality” through the literary movement of the Latin-American boom of the ‘60s.Then, a new postmodern literature developed, opposed to the “utopian” objectives of the boom (such as the “total novel”, which embraced all the genres, proposed exhilarated eroticism, a metafictional reflection and a political commitment). The writers born in the ‘50s took over new processes which aimed for “dislocate” literature. Among these processes figure numerous narrative voices, parallel universes, generic hybridity, a “cinematic” (visual and sonorous), fragmented writing, scattered with flashbacks and flash-forwards.In order to analyze the limits of literary totality –more accurately, novelistic totality– and to define this postmodern “dislocated”, “antitotal” writing, I focused on three works which cover the years 1995-2010, published by Spanish-American writers from diverse countries (even though they belong to the same postmodern or postnational generation), being spread through a proper aesthetics, but sprinkled with communal characters, reflection on literature and atmosphere/tone.Mario Bellatin's fragmentary, short and polyphonic novel Flores (2004) relates many criss-crossed stories, in an indeterminate and claustrophobic space, in which characters are come down to their “body”.Vidas perpendiculares (2008), by the Mexican Álvaro Enrigue, uses the same strategy as a “puzzle”, as stories' fragmentation and simultaneity. Here, the narrator recounts five love stories which left a mark on the life of one character, Jerónimo, in the form of successive “reincarnations”, on an ironic and pleasant tone.As for the long (anti)total and apocalyptic novel of the Chilean Roberto Bolaño, 2666 (2004), it evokes the destiny of many characters –most of them related to the literary world– in the fictional city of Santa Teresa (Ciudad Juárez).The Mexican Jorge Volpi entitled one of his most polemical article ”La literatura latinoamericana ya no existe”, but the fact that literature disintegrates itself, breaks with the codes that defined itself, plays with them and/or reinvents them, isn't it after all a form of literature (and not of lack of literature), such as the form of splitting, dislocation?It is precisely this new aesthetics that tries to find itself, in pursuit of identity, that constitutes, according to me, a major interest. And even more in an intervening period (between two different centuries, generations, worlds).To deal with these aspects of contemporary Latin-American literature in depth, I will principally focus on four angles of the aesthetics elaborated by the writers of my corpus : I will define first the concepts of totality, unity, modernity and postmodernity, essential to any later reflection ; then, I will examine the structure both totalizing and distotalizing of Bolaño, Bellatin and Enrigue's work ; and finally, I will be interested in the paradoxical and dichotomous nature of postmodern Latin-American literature, always through the prism of the three authors.This is only thanks to a comparative, theoretical and analytical study that I could try to provide the literary criticism field with other approaches. Therefore, I will attempt to determine contemporary, postmodern literature's (differential and similar) features, to underline its intents, limits and contradictions, while I will take a political, social, cultural, economic context each time more (omni)present.

Identiferoai:union.ndltd.org:theses.fr/2014CERG0724
Date15 November 2014
CreatorsCotteaux, Iris
ContributorsCergy-Pontoise, Guerrero, Gustavo
Source SetsDépôt national des thèses électroniques françaises
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeElectronic Thesis or Dissertation, Text

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