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Représentations de l'homme immobile : inaction et réclusion dans la littérature occidentale des XVIIIe et XIXe siècles / Representations of the Immobile Man : inaction and Reclusion Throughout the Eighteenth and Nineteenth Centuries Western Literature

Entre le XVIIIe et le XIXe siècle, la littérature européenne redéfinit fondamentalement son rapport au récit de voyage : les notions d’apprentissage et de formation, telles qu’elles apparaissent au temps des Lumières et du Bildungsroman, s’érodent et laissent peu à peu la place à des variations excentriques ou parodiques. En 1795, le Voyage autour de ma chambre de Xavier de Maistre exalte ainsi les vertus didactiques d’une réclusion contemplative. La mode du récit de voyage voit ainsi lui succéder, d’une part, des excursions sans profit pédagogique, et, d’autre part, des retraites riches en enseignement, malgré l’abolition de toute trajectoire physique. À la suite de Xavier de Maistre, plusieurs dizaines d’imitateurs composent à leur tour un répertoire peu exploré de la littérature française : le voyage de chambre. Après les révolutions qui frappent l’Europe et l’Amérique à la fin du XVIIIe siècle, un nouveau modèle de personnage, l’homme immobile, émerge ainsi dans la littérature. Caractérisé par sa présence problématique dans une société en pleine mutation, il occupe l’espace narratif en spectre, refusant de s’engager dans l’action tandis qu’il explore les nouvelles possibilités de vie dans un espace privé. Des textes essentiels de la littérature du XIXe siècle abordent ainsi, sur un mode euphorique ou dysphorique, ces nouvelles modalités narratives : la fiction américaine de la Nouvelle-Angleterre relate la pénible transition d’un âge spirituel vers un âge politique, caractérisée par un climat léthargique qu’observent avec stupeur, tour à tour, Charles Brockden Brown, Washington Irving, Edgar Allan Poe, Nathaniel Hawthorne ou Hermann Melville. Dans les marges de cette littérature inquiète, le mouvement transcendantaliste propose un retour heureux à la solitude. En France, À rebours de Joris-Karl Huysmans, à travers l’opiniâtreté dont témoigne l’auteur dans sa quête éperdue de l’unité, demeure sans doute l’œuvre quintessentielle parmi l’ensemble des récits de réclusion. / Between the eighteenth and nineteenth centuries, European literature fundamentally redefines its relation to travel writing: notions of apprenticeship and formation, as they appear during the age of Enlightenment and the Bildungsroman era, become eroded and are gradually replaced by eccentric or parodist accounts of the travel experience. In 1795, Xavier de Maistre’s Journey Around My Room enhances the educational virtues of a contemplative seclusion. From then, the tradition of travel writing is supplanted by stories of excursions that provide very little educational value, on the one hand; and stories of valuable teachings inherited by captivity, despite a lack of physical mobility, on the other hand. Inspired by Xavier de Maistre’s book, dozens of imitators follow his path throughout the XIXth century and write their own accounts of room travel, a little studied phenomenon in French literature. After the revolutions that hit Europe and America in the late eighteenth century, a new model of character, the immobile man, appears in literature. Characterized by his problematic presence in a fast-changing society, which is undergoing some very profound changes, he occupies the narrative space like a ghost, refusing to engage in social action, as he would much rather investigate the new opportunities of living in his own private space. Essential 19th-century texts—be they euphoric of dysphoric—hint at these new narrative modalities: American fiction from New England, for example, tells the painful transition from a spiritual age to a political age, characterized by a lethargic climate alternately depicted by Charles Brockden Brown, Washington Irving, Edgar Allan Poe, Nathaniel Hawthorne or Hermann Melville. On the margins of this troubled literature, the transcendentalist movement advocates a more favorable return to solitude. In France, Joris-Karl Huysmans’s A rebours, through its author’s determination in the search for unity, certainly marks an important milestone among all the narratives of reclusion.

Identiferoai:union.ndltd.org:theses.fr/2016BOR30025
Date04 July 2016
CreatorsChateau, Jérémy
ContributorsBordeaux 3, Peylet, Gérard, Gannier, Odile
Source SetsDépôt national des thèses électroniques françaises
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeElectronic Thesis or Dissertation, Text

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