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Relations entre l'excès de poids, la qualité de l'alimentation et l'insécurité alimentaire chez les Premières Nations vivant sur les réserves de la Colombie-Britannique, Canada

La prévalence de l’excès de poids (EP) est en pleine croissance à travers le monde. Au
Canada, elle serait de 59,1% dans la population générale, dont 23,1% d’obésité et 36,0% d’embonpoint. Ces pourcentages sont encore plus élevés dans la population autochtone, en
plus d’une forte prévalence d’insécurité alimentaire (IA) et une alimentation en transition
vers de moins en moins de nourritures traditionnelles, et de plus en plus de nourritures
commerciales de faible densité nutritionnelle. L’Organisation mondiale de la santé (OMS)
recommande des initiatives pour documenter le statut sanitaire de cette population afin
d’orienter les actions pouvant prévenir les conséquences négatives sur la santé.
Notre étude visait donc à décrire les phénomènes de l’EP et de l’IA chez les Premières
Nations (PN) adultes de 19 ans et plus, vivant sur les réserves en Colombie-Britannique
(CB). Cet échantillon est en effet le premier d’un projet de 10 ans dénommé « First Nations
Food, Nutrition and Environment Study » ou (FNFNES), visant à documenter l’état
nutritionnel et l’exposition à certains contaminants chez les PN vivant au sud du 60ème
parallèle au Canada. Plus particulièrement, cette thèse cherche à associer trois dimensions
de la santé, soit l’EP, la qualité de l’alimentation (QA) et l’IA. Nous avons voulu en effet
vérifier dans le contexte des PN de la CB: 1) si une QA inadéquate serait associée à un
risque plus élevé d’EP; 2) si l’IA des ménages serait associée à une qualité inadéquate de
l’alimentation; et 3) si la QA et l’IA expliqueraient ensemble la présence d’EP.
A l’issue des analyses (univariées, bivariées, MANOVA et régressions logistiques) de nos
données transversales colligées en 2008/2009, les prévalences respectives chez les femmes
(n = 493) et les hommes (n = 356) adultes étaient de 44,8% et 35,4% pour l’obésité, de
31,6% et 41,3% pour l’embonpoint, soit un total de 76,4% et 76,7% d’EP. Elles étaient de
39,3% et de 34,8% pour l’IA. Seuls 42,4% des femmes et 43,8% des hommes avaient un
accès suffisant aux aliments traditionnels. Après ajustement pour les variables
sociodémographiques et du mode de vie, les résultats des analyses multivariées ont montré
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que bien que les prévalences d’EP et d’IA soient assez similaires dans les deux sexes, les
processus reliant l’EP, la QA et l’IA seraient différents. En effet, chez les femmes, l’EP
serait expliqué par une QA compromise par des apports énergétiques relativement élevés
(RC = 2,26; IC: 1,13 - 4,52), la consommation fréquente des boissons gazeuses (pour
l’embonpoint, RC = 2,70; IC: 1,11 - 6,56 et pour l’obésité, RC = 2,53; IC: 1,05 - 6,09), en
synergie avec l’inactivité physique (RC = 0,52; IC: 0,28 – 0,98 pour le groupe à activité
modérée, et RC = 0,36; IC: 0,18 – 0,72 pour le groupe le plus actif), tandis que les produits
céréaliers (RC = 0,35; IC: 0,16 - 0,75) et le lait et substituts (RC = 0,40; IC: 0,16 - 0,95)
joueraient un rôle protecteur contre l’EP. D’autre part, l’IA des ménages influencerait la
QA (à travers les gras saturés, p = 0,02) mais lorsque les trois variables sont étudiées
ensemble, seules des dimensions de la QA apparaissent associées à l’EP. Par contre chez
les hommes, le seul facteur alimentaire associé à l’EP est le pain blanc mais dans un rôle
protecteur (pour l’embonpoint, RC = 0,38; IC: 0,18 - 0,76 et pour l’obésité, RC = 0,36; IC:
0,16 - 0,80); de même, lorsque les trois variables sont étudiées ensemble, l’IA joue un rôle
protecteur de l’EP, dans un contexte de tabagisme relativement élevé et également
protecteur, ce qui n’expliquerait pas la forte prévalence d’EP observée chez les hommes PN
vivant sur les réserves de la CB.
Des études plus approfondies et sur des échantillons plus grands seraient nécessaires pour
mieux cerner la nature des relations mais d’ores et déjà, notre travail suggère que des effets
positifs sur l’EP peuvent être attendus des politiques et programmes visant à réduire la
consommation des boissons gazeuses et l’inactivité physique, et à encourager la
consommation des produits céréaliers et de lait et substituts chez les femmes. Quant aux
hommes, les conclusions de notre étude ne nous permettent pas encore de formuler des
recommandations précises. Alors, les comportements santé recommandés aux femmes
devraient être généralisés aux hommes en attendant les conclusions d’autres études. / There is consistent evidence showing that the prevalence of excess weight is increasing all over the world. In Canada, the prevalence is 59.4%, of which 23.1% can be ascribed to obesity and 36.0% to overweight. These proportions are higher in aboriginal populations,
along with higher prevalence of food insecurity and a transition diet characterized by less
traditional foods known to be of high nutrient content, and more market foods of lower
nutritional density. Because of this situation, the World Health Organization has
recommended new research strategies and initiatives in order to document the health status
of these populations and prevent negative health consequences.
Our study aimed to describe the phenomena of excess weight and food insecurity among
adult First Nations (FN), aged 19 years and over, living on the reserves of British Columbia
(BC); this sample is the first of a ten year project, the “First Nations Food, Nutrition and
Environment Study” (FNFNES) aiming to document the nutritional status and exposure to
contaminants in Canadian First Nations communities living south of the 60th parallel.
Specifically, this thesis aims to link three health dimensions: excess weight, diet quality and
food insecurity. We explored whether in the context of FN people living on the reserves of
BC, 1) an inadequate diet quality is associated with a higher risk of excess weight; 2)
household food insecurity is associated with inadequate diet quality; and 3) together, diet
quality and food insecurity might explain the high prevalence of excess weight.
Our results (from univariate, bivariate, MANOVA and logistic regression analysis of data
collected in 2008/2009) show that among women (n = 493) and men (n = 356) respectively,
the prevalences were 44.8% and 35.4% for obesity, and 31.6% and 41.3% for overweight,
for a total of 76.4% and 76.7% for excess weight; for food insecurity, the prevalence was
39.3% for women and 34.8% for men. Only 42.4% of women and 43.8% of men had
sufficient access to traditional foods. After controlling for sociodemographic and lifestyle
variables, the results of multivariate analysis suggest that although the prevalences of
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excess weight and food insecurity were similar between genders, the process linking excess
weight, diet quality and food insecurity was different among men and women. Indeed, in
women, the excess weight might be explained by compromised diet quality, as observed
through relatively high energy intakes (OR = 2.26; 95% CI: 1.13 - 4.52), more frequent
consumption of carbonated beverages (OR = 2.70; CI: 1.11- 6.56 for overweight and OR =
2.53; CI: 1.05 - 6.09 for obesity), together with physical inactivity (OR = 0.52; CI: 0.28 -
0.58 for the moderate physical activity group and OR = 0.36; CI: 0.18 - 0.72 for the active
group). Cereals (OR = 0.35; CI: 0.16- 0.75) and dairy products (OR = 0.40; CI: 0.16 - 0.95)
played a protective role against excess weight. Moreover, household food insecurity
influenced diet quality (through saturated fatty acids, p = 0.02) but when the three variables
were analysed together, the only dimension associated with excess weight in women was
diet quality, but not food insecurity. In men, the only dietary factor associated with excess
weight was white bread, in a paradoxically protective role (OR = 0.38; CI: 0.18-0.76 for
overweight and OR= 0.36; CI: 0.16-0.80 for obesity); also, when the three variables were
put together, food insecurity played a protective role for excess weight, in the context of
relatively high rate of smoking, also known to be protective of excess weight, which cannot
help explain the high prevalence of excess weight in men living on the reserves of BC.
More detailed studies, carried out in larger samples, would be necessary to better
understand these relationships. This study already suggests that positive effects on the
reduction of excess weight could result from policies and programmes aiming to reduce
carbonated drink intakes and physical inactivity, and to encourage consumption of cereals
and dairy products, especially in women. Regarding men, our results do not permit specific
recommendations. However, healthy behaviours recommended for women might be
extended to men, while waiting for results from further studies.

Identiferoai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/9139
Date01 1900
CreatorsBuhendwa Mirindi, Victor
ContributorsReceveur, Olivier
Source SetsUniversité de Montréal
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeThèse ou Mémoire numérique / Electronic Thesis or Dissertation

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