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Navettage et santé mentale: le rôle du conflit travail-familleBarreck, Annie 12 1900 (has links)
Le navettage pour se rendre au travail et en revenir occupe une grande part de la vie professionnelle. Ses effets revêtant d’importantes implications pour la santé, l’économie, la société et l’environnement, les questions autour de cette activité sont devenues une préoccupation répandue. Bien que conduite dans certaines disciplines, l’étude du navettage dans les enjeux spécifiques à la santé mentale au travail demeure insuffisante. En effet, malgré l’intérêt croissant et rapide des dernières années envers le phénomène, la littérature demeure peu étayée par la théorie et les résultats, souvent mitigés. Dans ce contexte, cette thèse vise à 1) établir la contribution du navettage, mesurée par la durée, le mode et le type dans l’explication de la détresse psychologique; 2) examiner le rôle de médiation du conflit travail-famille et 3) examiner le rôle de modération du genre dans cette relation. Ceci, tout en intégrant à l’apport la contribution des facteurs du travail, hors travail et individuels reconnus comme d’importants déterminants des problèmes de santé mentale des travailleurs.
Pour se faire, un modèle théorique intégrateur a été développé sur la base du modèle des déterminants de la santé mentale au travail (Marchand, 2004) et de la théorie des frontières travail/famille (Clark, 2000). Selon ce modèle, le navettage est conditionné par un ensemble de structures en interaction symbolisées par trois niveaux de la vie en société et représente une activité de transition entre les structures de la vie. Cette activité peut ainsi être vécue comme une demande ou une ressource transfrontalière en opérant à travers les niveaux de segmentation et d’intégration (flexibilité et perméabilité) des domaines. Un modèle d’analyse découlant ce modèle théorique a été évalué.
Des analyses d’équation structurelles multiniveaux ont été réalisées sur un échantillon de 1830 employés nichés dans 65 milieux de travail provenant des données du Cycle 1 de l’Étude longitudinale de l’Observatoire sur la santé et le mieux-être (ELOSMET), recueillie avant la pandémie de la COVID-19 entre 2019 et 2020. Les résultats indiquent que les relations entre le navettage, le conflit travail-famille, la détresse psychologique et le genre s’organisent autour d’une vue d’ensemble complexe. Tout d’abord, la durée de trajet agit comme un facteur de stress et le seul chemin par lequel cette mesure du navettage influence la santé mentale est par la voie du conflit travail-famille (les deux directions). Ceci, peu importe le genre ou le mode. Ensuite, alors que les déplacements actifs semblent agir directement et négativement sur la détresse psychologique, les transports en commun s’y acheminent également négativement, mais à travers le mécanisme de médiation de l’interférence du travail vers la famille et ce, peu importe le genre. La voiture semble agir comme facteur de protection en comparaison aux autres modes. Enfin, les chemins vers la détresse psychologique sont différents selon le type, passant, en comparaison au navettage traditionnel, par des relations directes et négatives pour le navettage de banlieue, des relations de médiation impliquant le l’interférence famille-travail de manière partielle pour le navettage inverse à des relations de médiation complète impliquant l’interférence travail-famille pour le navettage urbain. S’y rajoutent des relations de médiation modérée par le genre pour le navettage rural soutenant que les femmes vivent moins d’interférence famille-travail, ce qui se répercute sur des niveaux plus faibles de détresse psychologique.
Sur le plan empirique, ce projet a permis de préciser des liens étayés entre les différentes caractéristiques de navettage, les problèmes de santé mentale et de conciliation des sphères professionnelles et familiales chez les travailleuses et travailleurs. Ceci, dans des modèles prenant en considération divers déterminants de ces enjeux, y compris les facteurs psychosociaux du travail. Sur le plan théorique, ce projet a avancé une conception élargie du navettage intégrée dans un modèle considérant les divers éléments de la vie en société et leurs interactions, répondant ainsi aux appels de la communauté scientifique pour élargir la compréhension du rôle du navettage et ses mécanismes opératoires. Bien que des recherches futures soient nécessaires pour mieux comprendre ce phénomène complexe, ce projet a des retombées gouvernementales et organisationnelles quant au développement de pratiques et politiques liées au travail, à la santé et à la mobilité durable. / Commuting to and from work is an important part of people's lives. Issues surrounding this
activity have become a widespread concern because of its significant health, economic, social and
environmental impacts. The study of commuting in relation to issues specific to mental health at work,
although carried out in certain disciplines, remains insufficient. Indeed, despite the rapid and growing
interest in the phenomenon in recent years, the literature remains poorly supported by theory and the
results are often mixed. In this context, this thesis aims to 1) establish the contribution of commuting,
measured by duration, mode, and type, in explaining psychological distress; 2) examine the mediating
role of work-family conflict and 3) examine the moderating role of gender in this relationship. All this
while integrating the contribution of work, non-work, and individual factors that are recognized as
important determinants of mental health problems among workers.
To this end, an integrative theoretical model has been developed based on the determinants of
mental health at work model (Marchand, 2004) and the work/family boundary theory (Clark, 2000).
According to this model, commuting is conditioned by a set of interacting structures symbolized by three
levels of life in society and represents a transactional activity between life structures. This activity can
thus be experienced as a cross-border demand or resource, operating through levels of segmentation and
integration (flexibility and permeability) of domains. An analysis model derived from this theoretical
model has been evaluated.
Multilevel structural equation analyses were performed on a sample of 1,830 employees nested
in 65 workplaces from the Cycle 1 of the Longitudinal Study of the Observatoire sur la santé et le mieuxêtre au travail (ELOSMET), collected before the COVID-19 pandemic between 2019 and 2020. The
results indicate that the relationships between commuting, work-family conflict, psychological distress
and gender are organized around a complex overview. Firstly, commuting time acts as a stressor, and the
only way this measure of commuting influences mental health is through work-family conflict (both
directions). This, regardless of gender or mode. Then, while active commuting seems to have a direct and
negative effect on psychological distress, public transport also has a negative effect, but through the
mediating mechanism of work-family interference, regardless of gender. The car seems to act as a
protective factor compared to other modes. Lastly, the pathways to psychological distress differ according
to type of commuting, in comparison to traditional commuting, from direct and negative relationships for
suburban commuting, mediated relationships involving family-work interference in a partial way for
reverse commuting to fully mediated relationships involving work-family interference for urban commuting. In addition, gender-moderated mediation relationships were found for rural commuting,
arguing that women experience less family-work interference, which is reflected in lower levels of
psychological distress.
From an empirical point of view, this project has enabled us to identify the underlying links
between different commuting characteristics, mental health problems and work-life balance among
workers. This was achieved through models that considered various determinants of these issues,
including psychosocial factors at work. On a more theoretical level, this project has advanced an expanded
conception of commuting integrated into a model considering various elements of life in society and their
interactions, thus responding to calls from the scientific community to broaden understanding of the role
of commuting and its operating mechanisms. While further research is needed to better understand this
complex phenomenon, this project has governmental and organizational implications for the development
of practices and policies related to work, health and sustainable mobility.
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