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La raison de l’odieux. Essai sur l’histoire d’une passion : la haine dans le premier XVIIe siècle / The Reason of Hatred. Historical essay on an emotion in early seventeenth century France (1610- 1659).Rodier, Yann 17 November 2012 (has links)
Cette recherche a pour point de départ l’engouement suscité par le genre du traité des passions,soucieux de proposer une anatomie des passions de l’âme et en particulier de la haine. Celle-ci futincriminée aux lendemains des guerres de Religion dans le premier XVIIe siècle (1610-1659) comme laprincipale fautive dans le dérèglement du corps social. Une raison de l’odieux s’esquisse par la volonté dedomestiquer les effets funestes de cette odieuse passion mais aussi d’en faire un usage vertueux. Par letransfert à la pensée politique et religieuse du modèle anthropologique et moral d’une raison qui gouverneles passions haineuses, tous les champs de l’activité humaine se trouvèrent investis. Ce désir de pacifier lespassions du corps individuel comme du corps social et politique contribua à l’élaboration et à la diffusiond’une pensée théologico-politique favorable au renforcement de l’absolutisme. Le contrôle des mauvaisespassions impliqua de faire valoir le modèle d’une haine vertueuse, d’une raison de l’odieux, justifiée parl’exercice d’une passion d’Etat. La xénophobie politique voire étatique participa à l’artificialisation d’unehaine publique contre les « ennemis d’Etat » et renforça l’idée d’un sentiment ou d’un ressentimentnational. Il s’agit davantage de retracer l’imaginaire de la haine et de ses usages socio-politiques, plus qued’étudier cette passion comme une émotion. Le champ polémique des libelles, véritables fabriques del’odieux, permet d’étudier les stratégies politiques (anti-)pathiques mises en oeuvre, publicisées etinstrumentalisées dans l’écriture polémique, de la régence de Marie de Médicis aux ministères cardinaux deRichelieu puis Mazarin. / This research takes as its starting point the enthusiasm aroused by the genre of the treatise on the passions, which attempted to offer an anatomy of the passions of the soul in general and hatred in particular. In early seventeenth century France, hatred was held to be the primary cause of the disturbances that had shaken the body politic during the French Wars of Religion. Rational understandings of hatred began to emerge, driven by a desire to domesticate the dire effects of this odious passion and to find a virtuous use for it. The transfer into political and religious thought of an anthropological and moral model of a reason that governed hateful passions ensured that all fields of human activity were concerned. This desire to pacify the passions of the individual body as well as those of the body politic and economic contributed to the elaboration and diffusion of theologico-political thought favorable to the strengthening of Absolutism. Controlling evil passions involved highlighting a model of virtuous hatred, a “reason of the odious”, justified by the practice of a passion d’Etat. Political orstate xenophobia contributed to the artificialisation of public hatred against “enemies of the state” and reinforced the idea of national sentiment or resentment. The goal here is more to describe the imaginary of hatred and its socio-political uses, rather than studying this passion as such. The political field of libelles,veritable factories of hatred, allow one to study the (anti-)pathetical political strategies that were put into place, publicised and instrumentalised in polemical writing from the time of the Regency of Marie de Medici to the ministries of cardinals.
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