Les patients atteints du trouble d'anxiété généralisée (TAG) ou du trouble obsessionnel-compulsif (TOC) montrent un biais attentionnel envers l'information menaçante spécifiquement liée au contenu de leurs pensées intrusives. Toutefois, les processus à l'origine de ce biais demeurent méconnus. Il existe certaines hypothèses et interprétations diverses provenant d'études aux méthodes différentes pour expliquer" le biais, allant d'un traitement automatique ou d'une capture attentionnelle par l'information menaçante, à un problème de désengagement de l'attention ou un évitement attentionnel de la menace. L'objectif de la thèse est de tenter d'établir le mécanisme responsable du biais attentionnel dans le TAG et le TOC. Pour ce faire, des patients souffrant du TAG, du TOC et des participants non atteints sont soumis à une tâche de clignement attentionnel (CA; attentional blink) au cours de laquelle ils doivent identifier deux cibles, à connotation neutre ou menaçante, présentées parmi une succession rapide de distracteurs. Les résultats indiquent, dans le TAG et le TOC, une performance plus faible à l'identification de cibles menaçantes comparativement aux cibles neutres, appuyant ainsi l'hypothèse de l'évitement de l'information menaçante. Cependant, ce même patron est également observé chez les participants non atteints, amenant donc à remettre en question la spécificité du biais attentionnel en lien avec la psychopathologie. Les conclusions de la thèse s'opposent également à l'idée d'une manifestation universelle du biais, qui semble plutôt se modifier selon le contexte expérimental. Finalement, une conceptualisation révisée du biais attentionnel dans le TAG et dans le TOC est proposée, considérant davantage le biais comme un processus dynamique et dont la manifestation varie selon le contexte situationnel et la nature des processus cognitifs sollicités par ce contexte.