La relation entre troubles mentaux graves et violence criminelle, bien qu’étant la cible de nombreuses recherches, n’est, à l’heure actuelle, pas totalement établie. Ainsi, en explorant la piste d’une tierce partie – à savoir la présence d’un trouble d’abus ou de dépendance à une substance psychoactive – la présente étude vise à améliorer la compréhension du processus de passage à l’acte violent au sein des carrières criminelles des personnes atteintes de troubles psychiatriques. Sur la base des récits narratifs de neuf usagés d’un service de psychiatrie légale présentant un parcours de violence, les données récoltées ont pour objectif d’explorer la carrière criminelle des contrevenants atteints de troubles mentaux graves. Ainsi, il s’agit d’approfondir le sens que représentent leurs actes, de comprendre l’implication des substances psychotropes au sein de cette dynamique en déterminant l’enchaînement des éléments entrant en interaction, et de supposer quelles dimensions sont les plus à risques quant au passage à l’acte violent. La première contribution, comme d’autres avant nous, est de faire état d’un lien entre l’abus de substances psychoactives et la perpétration d’actes criminels, notamment violents, au sein des carrières criminelles des personnes présentant des troubles mentaux graves. Deuxièmement, l’identification des facteurs de risques et de facilitateurs cliniques, contextuels, historiques et relationnels nous ont permis de constater que le processus du passage à l’acte criminel va plus loin que l’interaction des troubles mentaux graves et de l’abus de substances. Troisièmement, l’approche qualitative de l’étude des carrières criminelles, trop peu utilisée dans les précédentes recherches portant sur le sujet, a permis d’étayer et de nuancer le modèle typologique de Hodgins et coll. (1998) présentant le parcours de vie des criminels atteints de troubles mentaux graves. Finalement, cette recherche permet d’orienter le développement de programmes d’interventions visant la réinsertion au sein des structures médico-légales. / The relationship between severe mental illness and criminal violence is strongly studied in the field. However, the link between these two elements is still misunderstood. In fact, this study aims to improve the understanding of violence emergence in psychiatric population’s criminal career by exploring the interaction of substance abuse disorder. The data collected in this study come from self-narrative stories of 9 participants who frequent a forensic psychiatry structure. These data intend to explore the criminal career of people with severe mental illness, deepen the meaning of their actions, understand the involvement of substance use in this dynamic by ascertain the interactional elements’ sequence and find which dimensions are more likely to produce violent acts. Like many before, the first contribution of this research project is, to establish a link between violent criminal actions and substance use in psychiatric population. Secondly, it appears that the outbreak of criminal behavior goes farther than this interaction between substance uses and severe mental illness. Indeed, the method used in this project allowed us to identified risk factors and clinical, contextual, historical, and relational facilitators leading to violent crimes. Third, the qualitative approach, less used in this research field, enable to support and qualify the typological model of Hodgins et al. (1989), presenting the life course of criminals with severe mental disorders. In the end, this study helps guide the development of intervention programs, for reintegration, into forensic psychiatry structure.

Alors que la compréhension des motivations sous-jacentes à la délinquance sexuelle, notamment en ce qui concerne la récidive, continue d’attirer l’attention des chercheurs, la compréhension des motivations entourant la première infraction sexuelle reste limitée. Cette absence de connaissance concernant l’apparition de la délinquance sexuelle reste un défi notamment pour la prévention du phénomène. Cette lacune complique divers aspects de la réinsertion sociale. Cela inclut le développement de programmes efficaces qui ciblent les besoins spécifiques des délinquants, la mise en place de mesures préventives, un manque de soutien des services de réinsertion, ainsi qu'une stigmatisation des délinquants sexuels par la société, entravant leur capacité à se réintégrer positivement. Comprendre les motivations derrière le comportement sexuel déviant nécessite de s’intéresser aux facteurs entourant le parcours de vie et le délit de l’individu. Il est nécessaire de comprendre les circonstances qui ont conduit à leurs actions, mais également la manière dont le passage à l’acte s’inscrit dans leur vie. Le but de la présente étude était de mettre en lumière les trajectoires de vie des individus qui ont commis une première infraction à caractère sexuel afin de mieux comprendre les motivations à commettre ce type d’acte criminel. Pour ce faire, une méthodologie qualitative a été utilisée au sein de laquelle douze personnes, recrutées en maison de transition et ayant commis un délit sexuel, ont été amenées à préciser leurs trajectoires de vie, de leur enfance à la commission de leur première infraction sexuelle. Il est apparu que les trajectoires des auteurs de délinquance sexuelle étaient très diversifiées et parsemées de difficultés. Ces difficultés rencontrées étaient propres aux participants et concernaient des sphères de vie multiples. À travers le parcours de ces individus, nous avons étudié la nature des délits qu’ils ont perpétrés. Notre objectif était de pénétrer au coeur de leurs motivations, d'explorer les mécanismes qui ont conduit à leur passage à l'acte, tout en examinant leur regard rétrospectif sur les crimes commis. À l’avenir, cela permet inévitablement de concevoir des programmes de réinsertion et de prévention de la récidive efficaces et adaptés aux besoins des individus concernés. / While understanding the motivations underlying sexual offending, particularly regarding recidivism, continues to attract researchers' attention, understanding the motivations surrounding the first sexual offense remains limited. This lack of knowledge regarding the onset of sexual offending remains a challenge, especially for preventing the phenomenon. This gap complicates various aspects of social reintegration, including the development of effective programs targeting offenders' specific needs, implementing preventive measures, lack of support from reintegration services, and societal stigmatization of sexual offenders, hindering their ability to reintegrate positively. Understanding the motivations behind deviant sexual behavior requires examining the life trajectories and offense of the individual. It is necessary to understand the circumstances that led to their actions and how the offense fits into their life. The purpose of this study was to shed light on the life trajectories of individuals who committed a first sexual offense to better understand the motivations behind this type of criminal act. To achieve this, a qualitative methodology was used in which twelve individuals, recruited from transition houses, and having committed a sexual offense, were asked to elaborate on their life trajectories, from childhood to the commission of their first sexual offense. It emerged that the trajectories of sexual offending authors were highly diverse and fraught with difficulties. These encountered difficulties were specific to the participants and concerned multiple spheres of life. Through the journeys of these individuals, we examined the nature of the offenses they committed. Our goal was to delve into their motivations, explore the mechanisms that led to their actions, and examine their retrospective view on the crimes committed. In the future, this inevitably allows for the design of effective reintegration and recidivism prevention programs tailored to the needs of the individuals involved.