"En tout état de cause je choisirais de vivre aujourd'hui, en ce moment!" Voilà la réponse de Michel de Saint-Pierre à un journaliste qui l'interrogeait pour savoir à quel moment de l'Histoire il voudrait vivre. Homme d'action, être de passion tout entier dans ses haines et ses amours, ce romancier du demi-siècle désire de tout son cœur nous raconter l'histoire de notre époque - ses batailles, ses progrès, ses triomphes. Car, pour lui, son roman n’est qu'une histoire qu'il raconte aux autres après l'avoir en quelque sorte vécue lui-même.

Le présent mémoire se propose d'étudier un auteur tombé dans une disgrâce à peu près complète depuis une quarantaine d'années: Anatole France. En effet, le nom de France, pour le grand public, n'évoque plus désormais que l'image stéréotypée d'un vieillard malicieux amateur de paradoxes et d'anecdotes, d'un sceptique fin-de-siècle érudit mais superficiel. Si l'on consent à ne pas l'oublier totalement, c'est grâce à la perfection incontestée de son style. Et encore, cette perfection, France l'atteint dans un genre lui-même "passé" et aujourd'hui méprisé: le genre académique.

Le présent mémoire se propose d'étudier les raisons pour lesquelles François Mauriac s'est engagé dans le journalisme politique ainsi que les idées qu'il y a défendues de 1945 à 1960. Après avoir dégagé des confidences et de l'œuvre du romancier les constantes de sa philosophie, l'auteur analyse ses prises de position successives devant les problèmes majeurs de la vie politique française et internationale. Les quatre premiers chapitres mettent l'accent sur les questions les plus importantes de l'après-guerre épuration, communisme, gaullisme, décolonisation, européanisation et modernisation de l'Eglise.

Cette étude, fondée sur l'analyse de certains contes du terroir de la région de Québec, vise à présenter le portrait des Canadiens français tel qu'il a été esquissé par le Frère Marie-Victorin, Mgr Camille Roy, l’abbé Lionel Groulx, le Frère Gilles, Georges Bouchard et le plus important de tous, Adjutor Rivard. Nous n’avons donc pas l'intention d'étudier l’œuvre entière de ces écrivains, étant donné qu’elle n’est pas purement littéraire comme dans le cas du Frère Marie-Victorin, qui traite de sujets scientifiques dans la majeure partie de son œuvre gigantesque; l'abbé Lionel Groulx qui trace notre passé dans une quinzaine d'ouvrages historiques, et Adjutor Rivard qui s’est beaucoup intéressé à la linguistique du parler canadien-français.

Pourtant quelques mois d'intimité avec l'auteur nous ont convaincu du contraire. Qu'il soit "drôlement habillé", nous ne le nions pas, et nous ne voulons pas parler seulement des vêtements aux couleurs criardes ainsi que des lunettes noires si célèbres, nous voulons parler de son œuvre si "drôlement habillée". Quoi de plus invraisemblable, en effet, qu'une jument qui soit le témoin bavard de plus d'un demi siècle de vie paysanne, d'une déesse des champs qui se mêle d'aimer un paysan, et d'hommes munis de dons merveilleux! Mais à côté de ce monde, voici aussi les terribles réalités de notre temps: la guerre, les restrictions, hommes et femmes qui meurent de faim; aussi invraisemblables que ce monde inconnu.

Depuis 1940, la réputation littéraire de Paul Morand a subi une sérieuse éclipse. La politique en est en partie responsable, mais l'évolution des valeurs intellectuelles y est aussi pour beaucoup. Morand s'était identifié à une époque, celle de la génération de 1930. Elle lui avait reconnu un grand talent et l'avait placé presque au même niveau littéraire que Marcel Proust et André Gide. Nos aînés semblent avoir commis une monumentale erreur d'appréciation. Ils ont pris du strass pour du diamant, et se sont laissés éblouir par le "modernisme" de Morand. Cosmopolitisme, ésotérisme, snobisme, joints à une authentique élégance d'attitude, à une passion de la vitesse, à un élan vers le "dernier cri", à une coïncidence parfaite avec son époque, avaient fait de Morand le plus représentatif des écrivains grand' bourgeois de l'entre-deux guerres.

Dés que parurent les premiers livres de Simone de Beauvoir et de Jean-Paul Sartre, une étrange malédiction sembla s'abattre sur les auteurs et leurs disciples les plus sincères. Si "la dérision, en général, fréquente les parvis des dieux", il n'en reste pas moins vrai que la mode de l'existentialisme "la dernière absurdité du siècle" allait jeter la confusion dans les esprits et réduire au bavardage une philosophie "dont tout le sens est de nous arracher au bavardage". En 1943, Simone de Beauvoir ne soupçonnait aucunement l’étrange fortune à venir de l'existentialisme.

Je médite depuis longtemps le rôle de la femme dans le théâtre de Claudel. Or aucun écrivain français si ce n'est Racine n'a créé de femme qui puisse être comparée à la femme claudélienne sans souffrir de la comparaison. Les grands rôles féminins dans le théâtre de Claudel – ceux de Prouhèze, d'Ysé et de Violaine -- sont uniques dans leur profondeur et leur puissance et une étude sérieuse des rôles mineurs découvre une richesse peu soupçonnée au premier abord. D'ou vient cette richesse? Elle vient de la conception que Claudel a eue de la Femme. Elle vient du rôle qu'il lui a donné de jouer dans son théâtre, rôle qui murit d'une pièce a l'autre. Ce qu'est la femme, simple suggestion, dans Tète d'Or 1889, s’épanouit et atteint sa formulation finale dans le Soulier de Satin de 1924.

Alfred de Vigny, né en 1797 et mort en 1863, a vécu et écrit en plein courant romantique. De certains côtés, son art et sa pensée portent les marques de l'école romantique; de certains autres, son oeuvre et son éthique s'en écartent. [...]

Dans un roman où le Narrateur apparaît tour à tour comme héros, spectateur et commentateur désintéressé - où on peut selon les chapitres assister à l'éclosion d'une vocation, suivre l'évolution d'une société ou s'abandonner aux méandres de longues méditations philosophiques ou poétiques - nul n'est surpxis de se trouver à maint tournant face à face avec l'éternel protagoniste de toute destinée : la Mort. [...]