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Oeuvrer sous la contrainte : le processus décisionnel des intervenantes de la protection de la jeunesse relativement aux décisions de compromission, de retrait et de placement des jeunes AutochtonesJulien, Ariane 12 1900 (has links)
Au Canada, les enfants autochtones sont surreprésentés dans les services de protection de l’enfance ainsi que dans les différents types de placement. En ce sens, le but de ce projet était de mieux comprendre la pratique des intervenants oeuvrant en centre jeunesse relativement aux décisions de compromission, de retrait du milieu familial et de placement (interethnique ou culturellement jumelé) des jeunes Autochtones. Les objectifs spécifiques qui découlaient de cet objectif général étaient au nombre de trois :
1. explorer, à travers le point de vue des intervenants oeuvrant à l’étape de l’évaluation/orientation, le processus de prise de décision en ce qui a trait à la compromission, ou non, de la sécurité ou du développement des jeunes autochtones;
2. explorer, à travers le point de vue des intervenants oeuvrant à l’étape de l’évaluation/orientation et de l’application des mesures (prise en charge), le processus de prise de décision en lien au retrait des jeunes autochtones de leur milieu familial et à leur orientation vers un placement en ressource de type familial (RTF) interethnique ou culturellement jumelé;
3. comprendre quels sont les facteurs qui influencent la prise de décision des intervenants dans les différentes étapes du processus de signalement et de prise en charge par rapport au placement des jeunes autochtones.
Pour mener à bien ce projet, l’étudiante-chercheure a réalisé une première vague de cueillette de données, soit sept groupes de discussion composés d’intervenantes oeuvrant au sein d’un centre jeunesse situé en zone périphérique des grands centres et desservant plusieurs communautés autochtones. Puis, à partir des éléments ayant émergé de ce matériau, a procédé à une seconde vague, composée cette fois de seize entretiens individuels menés également auprès d’intervenantes oeuvrant à ce même centre jeunesse.
La méthodologie utilisée était la théorisation ancrée, ce qui est cohérent avec le cadre théorique (ou concepts sensibilisateurs) utilisé, qui réfère pour sa part à l’interactionnisme symbolique (Blumer, 1969) de même qu’à la pratique réflexive et la construction des savoirs (Schön, 1994; Racine, 1995).
Les résultats obtenus de ces deux phases ont permis de faire ressortir que le processus des intervenantes en ce qui concerne les décisions de compromission, de retrait et de placement des jeunes autochtones est hautement subjectif, dynamique et systémique. Il réfère aux caractéristiques intrinsèques des intervenantes (le Soi et le Savoir), à travers lesquels elles portent en fait un regard sur une multitude de contraintes (l’Autre et le Résultat des processus antérieurs et à venir) et parmi lesquelles on note, entre autres, le contexte de vie particulier des communautés autochtones, les caractéristiques liées aux dossiers des jeunes, les partenaires légaux, etc. Aussi, au fil de leurs interactions avec les contextes, les choses et les différents « autruis » auprès desquels elles oeuvrent ou avec qui elles collaborent (interactionnisme symbolique), de même qu’au gré des savoirs construits (Schön, 1994; Racine, 1995) qu’elles développent à mesure qu’elles gagnent en expérience, les intervenantes en sont venues à développer une façon particulière de prendre leurs décisions, façon qui, en fait, découle de pratiques silencieuses qui, ultimement, leur permettent de maintenir un certain équilibre au sein d’un système de protection peu adapté à la clientèle autochtone.
À cet égard, plusieurs recommandations ont été formulées, dont des recommandations pour les centres jeunesse, ceci dans le but de favoriser une pratique qui soit davantage adaptée aux jeunes Autochtones vivant des situations de compromission, de retrait et de placement ainsi qu’à leur famille. / In Canada, Aboriginal children are over-represented in child welfare services as well as in different types of substitute care. In this sense, the goal of this project was the better understand the practice of child protection services workers in relation to decisions of compromise, family withdrawal from the family and placement (inter-ethnic or culturally matched) of Aboriginal youth. The specific objectives which flowed from this general objective were three in number:
1. explore, through the point of view of stakeholders working at the assessment/orientation stage, the decision-making process with regard to the compromise, or not, of the security or development of Aboriginal youth;
2. explore, through the point of view of stakeholders working at the assessment/orientation stage and application of measures stage, the decision-making process related to the withdrawal of Aboriginal youth from their family and their orientation towards an inter-ethnic or culturally matched foster family;
3. understand what are the factors which influence the decision-making of the interveners in the different stages of the process of reporting and application of measures in relation to the placement of Aboriginal youth.
To carry out this project, the student-researcher carried out a first wave of data collection (seven focus groups made up of woman workers working in a child protection services located on the outskirts of major centres and providing services to several Aboriginal communities). Then, based on the elements that emerged from this material, a second wave proceeded, this time made up of sixteen one-on-one interviews, also carried out with workers working at the same child protection service.
The methodology used is grounded theory, which is consistent with the theoretical framework (or sensitizing concepts) used, which refers to symbolic interactionism (Blumer, 1969) as well as reflective practice and the construction of knowledge (Schön, 1994; Racine, 1995).
The results obtained from these two phases have shown that the workers’ process has to the decisions concerning the situation of endangerment, withdrawal and placement of Aboriginal
youth is highly subjective, dynamic and systemic. It refers to the intrinsic characteristics of the workers (the Self and Knowledge), through which they actually examine a multitude of constraints (the Other and the Result of past and future processes) and among which we note, among other things, the particular life context of Aboriginal communities, characteristics related to youth files, legal partners, etc. Also, throughout their interactions with contexts, things and different “others” with whom they work or with whom they collaborate (symbolic interactionism), as well as the knowledge they build (Schön, 1994; Racine, 1995) that they develop as they gain experience, they have come to develop a particular way of making their decisions, a way that, in fact, stems from silent practices that, ultimately, allow them to maintain a certain balance within a protection system that is unsuitable for Aboriginal clients.
In this regard, a number of recommendations were made, including recommendations for youth centres, with a view to promoting a practice that is more adapted to Aboriginal youth in endangered situations, withdrawal and placement and to their families.
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