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Demain ne meurt jamais! : anticipation personnelle du futur individuel et de l'avenir collectif de jeunes québécois(es)Hupé, Pierre-Elie 24 April 2018 (has links)
La multiplication des crises rend imprévisible l'avenir du monde alors que la lourdeur du modèle productif entrave les possibilités d'imaginer un monde alternatif. Au plan individuel, le nombre de trajectoires de vie possible a explosé. À travers les concepts d'individualisation, de régime d'historicité et de temporalités sociales, ce mémoire étudie la projection individuelle des jeunes québécois(es) dans le futur individuel et l'avenir collectif. Pour la cerner, j'ai réalisé quinze entrevues qualitatives auprès de quinze jeunes de profils socio-économiques variés. À l'analyse apparaît une grande variation dans la longueur des projections des jeunes qui peuvent aller d'un an à une vie entière. De même, ce qui constitue le cœur de la projection varie considérablement : équilibre entre domaines de la vie ; expériences de vie ; famille ; engagement social ; travail. Les répondant(e)s partagent un optimisme généralisé quant à leur futur personnel et considèrent avoir toutes les cartes en main pour se forger un futur à leur convenance même si deux tiers n'ont pas de plan de vie arrêté. L'horizon de la projection dans l'avenir collectif ne dépasse pas la vie humaine. Certain(e)s jeunes identifient des dimensions clefs – environnement, économie, conflit armé – qui auront un impact sur les autres facettes de l'avenir tandis que d'autres les réfléchissent en silo et font abstraction de leur interdépendance : l'utilisation incivile du cellulaire étant aussi préoccupante que la corruption ou que les changements climatiques. Deux tiers des jeunes s'attendent à une détérioration du monde, mais considèrent les menaces collectives à venir comme trop distantes spatialement et temporellement pour s'en inquiéter outre mesure. Dans la société individualiste, la promotion à l'autoréalisation est source d'angoisse pour les jeunes qui doivent renoncer à une multitude de potentialités en choisissant un programme d'étude ou un emploi. L'optimisme devant le futur personnel et l'impression d'une identité fixe dans un monde en mouvement résultent d'un sentiment de séparation du monde qui se renforce dans la société individualiste. Cette permanence semble aussi appuyer la thèse du présentisme de François Hartog (2012) soit la propension de la société contemporaine à donner plus d'importance au présent qu'au passé ou au futur. / The proliferation of crises makes the future unpredictable while the cumbersome nature of the productive model hampers the possibility of imagining an alternative. At an individual level, the number of possible life trajectories has exploded. Through the concepts of individualization, regime of historicity and social temporalities, this thesis studies the individual projection of young Quebecers in the individual and the collective future. To identify it, I conducted fifteen qualitative interviews with young people of various socio-economic background. The analysis shows a great variation in the length of the projections of the young people which can go from one year to a whole life. Similarly, what constitutes the center of the projection varies considerably - balance between life dimensions ; life experiences ; family ; social engagement ; work. The young Quebecers share a general optimism and consider having everything needed to forge a personal future at their convenience even though ten of them do not yet have a detailed life plan. The horizon of projection into the common future does not go beyond the length of human life. Some young people identify key dimensions – environment, economy, armed conflict – that will impact the future while others reflect them separately and disregard their interdependence. For example, the uncivil use of the cell phone seems as worrying as political corruption or climate change. Two thirds of the participants expect a deterioration of the world, but consider the threats too distant spatially and temporally to worry about it beyond measure. In the individualistic society, promotion of self-realization is a source of anguish for young people who have to give up a multitude of potentialities presented to them during childhood when choosing a curriculum or a job. Secondly, optimism about personal future and the impression of a fixed identity in a world in motion are the result of a feeling of separation from the world which is strengthened in the individualistic society. The perceived permanence also seems to support the hypothesis of François Hartog's presentism (2012), namely the propensity of contemporary society to give more importance to the present than to the past or the future.
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De l'inconvénient de la conjuration : sociologie de l'inachèvement de l'implantation de la gestion intégrée de l'eau par bassin versant au QuébecÉmond, Nancy 24 April 2018 (has links)
Bien plus qu’une simple question d’équilibre entre l’offre et la demande, l’analyse de la gestion des ressources en eau implique d’appréhender un système dont les éléments, naturels et sociaux, sont liés par des interdépendances complexes. La présente thèse porte sur les facteurs socio-relationnels, c’est-à-dire relatifs aux relations sociales (acteurs, natures, formes, objets des relations) qui participent à l’impasse de la gestion intégrée de l’eau par bassin versant (ci-après, GIEBV) au Québec. L’objectif principal de cette étude est de comprendre ce qui explique que la mise en œuvre de la GIEBV demeure inachevée plus d’une décennie après l’adoption de ce nouveau mode de gestion. Cette thèse permet d’approfondir la connaissance sociologique de la gestion durable des ressources naturelles dans la mesure où elle met l’emphase sur la capacité des acteurs à s’intégrer à un nouveau système d’action. Théoriquement, la démarche vise à valider la pertinence de (i) bonifier l’approche néo-institutionnaliste de l’action publique par l’introduction des variables informationnelle et identitaire, et (ii) de croiser les hypothèses de cette école de pensée avec celles de l’analyse structurale (dite réseau ou diktyologie). À la lumière de la littérature, nous postulons que l’idéal-type d’une mise en œuvre de la GIEBV que l’on pourrait qualifier d’achevée devrait reposer sur une intégration et une participation «effective» (i) d’acteurs forts (dotés de capacités et de pouvoirs d’influence), (ii) reconnus socialement et politiquement comme acteurs, (iii) bénéficiant d’un niveau de confiance élevé, (iv) dont les rôles et responsabilités sont clairement définis, (v) partageant des idées (valeurs, croyances) et des intérêts (buts poursuivis), (vi) ainsi qu’une identité commune se traduisant en sentiment d’appartenance au territoire de gestion, et (vii) partenaires dans un système d’échange d’informations (à niveaux multiples par essence) (viii) dont les interactions, institutionnalisées, s’inscrivent dans une temporalité longue. Les résultats montrent que le principal acteur désigné pour assurer la mise en œuvre de la GIEBV, à savoir les organismes de bassin versant (ci-après, OBV), s’avère être en fait un non-acteur autant par détermination que par autodéfinition. Mais l’analyse sociologique nous pousse à aller plus loin. L’OBV est un acteur faible si l’on s’en tient au sens strict du terme, parcouru de contradictions dues à l’ambigüité de son rôle : à la fois acteur passif, en tant que cadre d’action, organisation frontière et relais, et acteur organisationnel fortement mimétique, globalement dépourvu d’une identité d’acteur qui lui est propre. S’il est un acteur influent, il ne l’est qu’officieusement par le biais de son rôle informel et émergent de réseau d’information. L’OBV n’est actuellement ni un acteur collectif, ni un acteur stratégique. Il est un acteur-réseau en devenir. Ce rôle émergent explique alors pourquoi les OBV occupent une position néanmoins centrale dans le système de gestion de l’eau, dont la légitimité commence à s’établir depuis 2009. Par ailleurs, nous avons pu observer que, contrairement à notre proposition conceptuelle de départ sur l’articulation des variables d’action publique, ce sont les facteurs socio-relationnels d’«intérêts» et d’«information» qui ont le plus contribué à l’évolution de la gestion de l’eau vers un mode davantage intégré, alors que l’ambiguïté soutenue entourant les «idées», ou plus spécifiquement l’idée d’acteurs et de leur intégration, participe négativement à la mise en place du nouveau mode de gestion. L’interprétation de la GIEBV et du rôle des OBV, à la fois localement différenciée et institutionnellement isomorphe, donne lieu à un manque de cohérence à l’échelle provinciale, empêchant ainsi l’émergence d’un référentiel d’action collective. En plus de la précarité des OBV, le manque de cohérence pourrait ainsi expliquer l’absence d’un mouvement revendicateur de changement. Il en résulte que le nouveau mode de gestion demeure encore aujourd’hui au stade expérimental selon le classement de Matland (1995). / More than a simple matter of equilibrium between supply and demand, the analysis of water resources management implies to apprehend a system of complex interactions between natural and societal elements. The present thesis focuses on socio-relational factors (i.e. pertaining to the actors, natures, forms and objects of social relations) that contribute to the deadlock that has become integrated water resources management (hereafter IWRM) in Quebec. The main objective of this enquiry is to understand what explains the unsuccessful implementation of IWRM a decade after this new management approach was initiated. This thesis seeks to deepen the sociological understanding of IWRM inasmuch as its puts an emphasis on the capacity of actors to integrate a new system of action. Theoretically the employed method allows to validate the relevance of i) bonifying the neo-institutional approach with the introduction of new information and identity variables, and ii) cross-referencing the hypotheses of the neo-institutional school of thought with those of structural analysis (social network theory or « diktyology »). In the light of literature review, we postulate that an ideal-type of a complete implementation of IWRM should rely on the effective integration and participation of (i) powerful actors (that possess capacities and powers of influence), (ii) that are socially and politically recognised as actors, (iii) that benefit from a high level of confidence, (iv) whose roles and responsibilities are clearly defined, (v) that share common ideas (values, beliefs) and interests (goals pursued), (vi) along with a shared identity that results in a sense of belonging to the managed territory, and (vii) that are associated within an information exchange system (that is multi-leveled in essence) and (viii) whose institutionalised interactions exist within a long-term temporality. Results show that the principal actor designated to insure the implementation of IWRM, namely watershed councils (hereafter WSC), is proved to be in fact a non-actor, as well in terms of determination than by self-definition. But sociological analysis drives us further. WSC are weak actors in the strict sense of the term, subjected to contradictions caused by the ambiguity of their role: at once passive actors in their quality of frameworks, boundary organisations and relays, and strongly mimetic organizational actors, generally deprived of distinctive actor identities. If they are actors, it is only in an unofficially, by way of their informal role of information network. At this time the WSC are neither collective actors, nor strategic actors. They are network actors in the making. This emerging role therefore explains why WSC nevertheless occupy a central position in the system, the legitimacy of which is starting to ascertain itself since 2009. Futhermore, we were able to observe that, contrarily to what was stated in our initial conceptual proposition relating to the articulation of variables, it is revealed that socio-relational factors of « interest » and « information » contribute most to the evolution of water management to a more integrated, whereas a sustained ambuigity surrounding « ideas » and, or more specifically the idea of actors and their integration, participate negatively to the implementation of the this new management mode. From the interpretation of IWRM, both locally differentiated and institutionally isomorphic, arises a lack of coherence at the provincial scale, which prevents the creation of a global referential of collective action. In addition to the precarity of organisms, the observed lack of coherence could explain the absence of a social movement claiming for political change. This situation results in the fact that the new mode of management that is IWRM remains to this day in an experimental state according to the classification of Matland (1995).
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S'enrichir selon ses moyens : les effets de l'endettement sur les inégalités de patrimoine au Canada de 1999 à 2012Lizotte, Mathieu 24 April 2018 (has links)
La présente étude s’intéresse aux effets de l’endettement des ménages canadiens sur les inégalités de patrimoine de 1999 à 2012. Elle s’inscrit au cœur même de tout ce débat sur l’endettement des ménages qui oppose ceux qui voient la hausse d’endettement comme une détérioration de la situation financière des ménages et ceux qui soutiennent que les ménages demeurent tout à fait solvables. Reconnaissant d’emblée que l’endettement est un phénomène qui est situé à l’intersection du marché du travail et du marché financier, nous dégageons les effets de l’endettement sur les inégalités de patrimoine à deux échelles : i) la distribution de patrimoine; et ii) les classes socioéconomiques. Cela est accompli notamment par une étude approfondie des deux principales composantes du patrimoine – les actifs et les passifs – que nous avons décomposées selon une classification que nous avons élaborée. L’étude des finances des ménages selon la stratification sociale permet d’expliquer exactement ce que l’explication principale de l’endettement des ménages, l’hypothèse des cycles de vie de Modigliani, ne peut pas : la hausse spectaculaire d’endettement des ménages canadiens de 1999 à 2012. L'étude de l'endettement par le prisme des inégalités sociales permet de mettre en évidence un fait jusqu'ici peu souligné : les inégalités de patrimoine reflètent forcément des différences marquées des capacités d'emprunt. Les résultats indiquent que la hausse d’endettement que nous avons observée de 1999 à 2012, aussi remarquable soit-elle, n’est pas due à la détérioration généralisée de la situation financière des ménages, mais, au contraire, à la croissance des inégalités de patrimoine à l’échelle des classes socioéconomiques. Les résultats nous invitent à concevoir le crédit à la fois comme une facette de l’épargne moderne, un facteur d’inégalité et une forme d’exclusion sociale. / The present study is on the effects of household debt on wealth inequality in Canada from 1999 to 2012. It aims to contribute to the debate that is currently taking place between two camps, those who view rising household debt as the deterioration of household finances, and those who argue that the level of household debt remains serviceable. Recognizing household debt as a phenomenon situated at the intersection of the labour market and the financial market, we sought to determine its effects on household wealth at two levels of analysis: i) the wealth distribution; and ii) socioeconomic classes. This was accomplished notably by a detailed analysis of the two principal components of wealth (assets and debts), which were decomposed according to an original classification of financial categories. The study of household finances from a stratification perspective allows us to explain precisely what the principal explanation of household debt, the lifecycle hypothesis, cannot: the reasons why the rise in household debt between 1999 and 2012 was so spectacular. The study of household debt through the prism of social inequality allows us to highlight a fact that is rarely acknowledged: wealth inequality reflects important differences in borrowing capacities. The results show that the rise in household debt observed between 1999 and 2012, as remarkable as it was, did not lead to the deterioration of household finances, but it did lead to an increase in wealth inequality between socioeconomic classes. These results invite us to view credit as a facet of modern household savings, a leading factor of inequality and a form of social exclusion.
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Reconnaissance et management : le cas du Harvard Business ReviewBélanger, Marc-André 24 April 2018 (has links)
L'objectif de ce mémoire de maîtrise est de présenter et de critiquer le discours néomanagérial portant sur le thème de la reconnaissance au travail en s'appuyant sur la théorie de la lutte pour la reconnaissance proposée par Axel Honneth. Nous avons analysé 126 articles sélectionnés dans le Harvard Business Review de 2009 à 2013 pour comprendre comment les auteurs abordent la reconnaissance au travail, mais aussi l'autonomie, la réalisation de soi et l'identité qui sont des thèmes intimement liés à celui de la reconnaissance. Cette analyse nous a permis de montrer que les chercheurs et les praticiens du management emploient divers éléments de ces quatre thèmes afin de mobiliser la main-d'œuvre au profit des entreprises. Le discours qui transparaît dans les textes des auteurs encourage les entreprises à utiliser des stratégies pour convaincre les individus que leurs objectifs professionnels et personnels coïncident avec les objectifs de performance et de rentabilité des entreprises. Ces quatre thèmes, lorsqu'appliqués au management, constituent de puissants outils pour organiser et gérer les qualités et les capacités des individus de manière à optimiser leur performance professionnelle. Cette approche s'oppose à la théorie d'Honneth qui place la reconnaissance au centre d'un projet éthique mobilisant l'autonomie, la réalisation de soi et l'identité pour assurer l'autoréalisation des individus et des collectivités.
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Nourrir la communauté : analyse du lien social dans deux cuisines collectives au NunavikBauler, Claire 24 April 2018 (has links)
Ce projet de recherche vise à étudier la fonction sociale de la cuisine collective dans le contexte du Nunavik. Les cuisines collectives peuvent être analysées comme une stratégie de lutte contre l’insécurité alimentaire, mais également comme un lieu de rassemblement, d’échanges, d’apprentissages et de partage d’expériences entre les membres qui y participent. Alors que bon nombre d’écrits ont traité de ces initiatives, notamment dans les grandes villes du Canada et en Amérique du Sud, nous souhaitons analyser la place de la cuisine collective dans le contexte des communautés inuit et contribuer aux connaissances scientifiques sur le sujet. Nous avons mené une recherche empirique d’une durée d’un mois dans les communautés de Kangiqsualujjuaq et de Kuujjuaq, au Nunavik. En même temps de participer à la cuisine collective, nous avons réalisé des entrevues semi-dirigées avec les coordinatrices des deux cuisines collectives ainsi qu’avec les participantes. Les résultats indiquent que le concept de la cuisine collective au Nunavik est une initiative propice à la création de relations sociales entre les membres de la communauté. La cuisine collective peut donc être considérée comme un dispositif de renforcement du lien social et de la cohésion sociale dans les communautés du Nunavik. / This research project aims to study the social function of the community kitchen in the northern context of Nunavik. Community kitchens can be viewed as a strategy for combatting food insecurity, but also as a gathering place for the community where participating members learn to cook, share experiences and socialize. While many scientific articles have dealt with this phenomenon in major Canadian cities and in South America, we decided to study the subject in the context of Inuit communities, thus making a contribution to the existing literature on this topic. We conducted a one-month empirical research in the Nunavik communities of Kangiqsualujjuaq and Kuujjuaq. Besides participating in the community kitchen, we conducted semi-directed interviews with its coordinators and its participants. The results show that the community kitchen in Nunavik is conducive to the creation of social relations among its members. The initiative can therefore be considered as a means of building and strengthening social bonds and social cohesion in Nunavik communities.
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Devenir grand-parent au Québec - Solidarités familiales intergénérationnelles, expériences contingentes et idéaux situésBoucher, Andrée-Anne 24 April 2018 (has links)
Tableau d'honneur de la Faculté des études supérieures et postdoctorales, 2017-2018 / Aujourd’hui, devenir grand-parent se vit d’une tout autre façon que pour les générations précédentes : la grand-parentalité est désormais reconnue contingente, généralement comme une chance, et on y évolue dans des situations de solidarité familiale intergénérationnelle diversifiées qui se transforment avec l’interprétation de nouveaux rôles de parents et de grands-parents. Ce mémoire vise à comprendre comment la solidarité familiale intergénérationnelle se transforme avec la naissance d’un premier enfant et petit-enfant et comment, dans ce nouveau contexte, les parents et grands-parents se trouvent engagés dans des pratiques de solidarité dans lesquelles – et par lesquelles – le rôle grand-parental prend forme. L’analyse d’entretiens croisés réalisés auprès de onze parents et de neuf grands-parents révèle que la naissance d’un enfant est perçue comme un moment charnière qui introduit de nouvelles attentes induisant pour la plupart un renforcement de la solidarité familiale intergénérationnelle, autant par une multiplication des pratiques concrètes de solidarité que par l’expérience de normes et de sentiments nouveaux. Le rôle grand-parental se profile dans la continuité du rôle parental exercé précédemment, en réponse aux nouveaux besoins des parents. Il s’articule également aux rôles tenus par les parents auprès des enfants, selon un principe de consolidation des fonctions parentales, ou de différentiation par rapport à celles-ci. Mais si le rôle grand-parental se définit en grande partie dans son articulation au rôle parental, il se compose également dans la filiation d’idéaux personnels qui renvoient à des souvenirs, s’appuient sur des modèles et se dessinent en opposition à des contre-exemples. C’est donc entre les attentes que posent ces conceptions idéalisées et les possibilités concrètes qu’offre la situation de solidarité familiale intergénérationnelle que le rôle grand-parental prend forme. / In contrast with previous generations, becoming a grandparent nowadays is experienced utterly differently. Being a grandparent is now a contingent situation, generally perceived as a chance, which results in the growth of a plurality of situations of intergenerational family solidarity, evolving coextensively to the interpretation of the new roles of both parents and grandparents. This thesis aims to understand how intergenerational family solidarity is transformed with the birth of a first child and grandchild, and how, in this new context, parents and grandparents find themselves engaged in practices of solidarity, in which – and by which – the role of the grandparent is embodied. The analysis of cross interviews conducted with eleven parents and nine grandparents reveals that the birth of a child is perceived as a turning point, introducing new expectations leading to a reinforcement of intergenerational family solidarity. This was observed through a multiplication of tangible practices of solidarity where much of the experience of sentiments, dispositions and norms newly arouse. The role of the grandparent is located in the continuity of the role previously played as a parent, and is shaped in response to the new needs of the parents. This role is also integrated with the roles of the parents themselves vis-à-vis their children, following a principle of consolidation or differentiation of the parents’ functions. The role of the grandparent is strongly defined by its association with the role of the parent, and yet the grandparent’s role takes form through personal ideals that recall memories, role models, or stand in opposition to counterexamples. It is therefore between the expectations induced by these ideals and the tangible possibilities offered by the situation of intergenerational family solidarity that the role of the grandparent arises, thereby taking shape and form
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Les représentations sociales de l'éducation : valeurs et pratiques enseignantes au collégial préuniversitaireVekeman-Julien, Isa 24 April 2018 (has links)
Cette étude exploratoire dresse un portrait des représentations sociales de l’éducation des professeurs du collégial préuniversitaire. Elle tente de comprendre en quoi les valeurs et les pratiques des enseignants sont liées les unes aux autres. Pour ce faire, elle décortique ces représentations sociales par le prisme de trois sphères: la représentation sociale de l’éducation (sphère sociale), celle de l'institution collégiale (sphère institutionnelle) et celle du rapport entre l’étudiant et l’enseignant (sphère individuelle). Chacune de ces sphères est décrite au regard des différentes dimensions de la représentation sociale (cognitive, affective et comportementale). Cette étude s'intéresse également à l'influence de deux variables au regard des représentations sociales que les enseignants se font de l’éducation. Elle se penche d'abord sur l'influence de l’orientation idéologique induite au cours de la formation (ou non) des enseignants en pédagogie, puis sur l’influence de la sous-culture propre au programme enseigné (Sciences humaines ou Sciences de la nature). / This exploratory study presents a portrait of the social representations of the education of pre-university college teachers. It attempts to understand how the values and practices of teachers are linked to one another. To do this, it analyses these social representations in light of three spheres: the social representation of education within society (social sphere), that of the collegiate institution (institutional sphere) and that of rapport between student and teacher (individual sphere). Each of these spheres is described in reference to different dimensions of the social representation (cognitive, affective and behavioral). This study also examines the influence of two variables on the social representations that teachers have on education. It first looks at the influence of ideological orientation induced in the course of teachers’ study (or not) in pedagogy and then at the influence of the very subculture of the program being taught (Humanities or Natural Sciences).
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Familles, communautés et industrialisation en Amérique du Nord : reproduction familiale canadienne-française à Québec et à Manchester (New Hampshire) au tournant du XXe siècleHarton, Marie-Ève 24 April 2018 (has links)
Tableau d’honneur de la Faculté des études supérieures et postdoctorales, 2016-2017 / Bien qu'aujourd'hui le Québec soit reconnu pour son faible taux de fécondité, le Québec d'autrefois porte davantage l'étiquette de « terroir fertile ». Force est néanmoins de constater que l'image d'une population canadienne-française homogène caractérisée par un mode de reproduction spécifique fut davantage l'apanage des discours des élites (Gauvreau et coll. 2007; Gossage et Gauvreau, 1999) qu'une réalité typiquement canadienne-française (Lavigne, 1983; Bouchard et Lalou, 1993; Gossage, 1999b; Gauvreau et Gossage, 2001; Gauvreau et coll., 2007a; Marcoux, 2010). Cette thèse a pour objectif principal d'apporter une contribution à ce courant de recherche en élargissant l'espace-temps des études déjà menées sur la fécondité canadienne-française et québécoise dans le but d'illustrer les variations des régimes démographiques, et ce, avant le déclin généralisé de la fécondité dans les années 1920 (Gauvreau et coll., 2007a). Cette étude s'inscrit dans un courant de recherche qui vise à analyser les comportements de fécondité en tant que phénomène social complexe dont l'étude des principales transformations relève d'une analyse du changement social (Gaffield, 1991; Bouchard, 1996; Szreter, 1996; McQuillan 1999; Beaujot, 2000; Praz, 2005; Gauvreau et collab., 2007a; Marcoux et St-Hilaire, 2008; Marcoux, 2009; Olson et Thornton, 2011). À l'instar des travaux de Gaffield (1991) et de Praz (2005), elle recadre les comportements de fécondité au sein de la reproduction familiale prise au sens large et examine les mécanismes par le biais desquels s'opère l'articulation des sphères de production et de reproduction au sein des ménages. La thèse suggère que les ressorts de l'industrialisation ont constitué un vecteur de changement social au tournant du XXe siècle par le biais de la diversification des comportements de fécondité canadiens-français à l'échelle nord-américaine. À partir de l'étude approfondie de deux milieux urbains contrastés, elle montre que les Canadiens français ont des comportements reproducteurs différents d'un milieu à l'autre et que cette tendance s'accentue entre 1880-81 et 1910-11. Qui plus est, des différences sont également perceptibles au sein de chaque milieu entre les différentes sous-populations canadiennes-françaises. En recadrant les comportements de fécondité effective au sein de la reproduction familiale, la thèse met en évidence l'influence des rapports de genre et de génération sur l'articulation entre la production et la reproduction. La thèse révèle que ces rapports sont construits dans des conditions spécifiques qui permettent d'expliquer les variations des modes de reproduction. Enfin, l'analyse fait ressortir l'imbrication de l'influence des facteurs structurels et culturels sur les comportements reproducteurs et elle montre comment leur institutionnalisation diffère d'un milieu à l'autre. Au terme de l'exercice, cette thèse apporte un nouvel éclairage sur les modèles reproducteurs canadiens-français. Elle élargit l'espace-temps des principales études menées à ce jour en plus de contribuer à la réflexion épistémologique et méthodologique sur le sujet.
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Émergence et évolution de la collaboration dans la planification forestière du Nitaskinan (Québec, Canada) 1990-2013Fortier, Jean-François 24 April 2018 (has links)
Cette thèse propose un nouvel éclairage sur le rôle grandissant des Premières Nations dans l’aménagement durable des forêts. À travers une approche qualitative et longitudinale, cette thèse se penche sur l’évolution de la collaboration dans le cadre de la planification forestière à partir de l’exemple des Nehirowisiwok (Atikamekw) et du secteur forestier québécois, de 1990 à 2013. Elle vise à mieux comprendre les facteurs et les conditions qui ont influencé l’évolution d’une gouvernance forestière plus collaborative. Cette thèse poursuit également comme sous-objectif l’identification et la caractérisation des interrelations entre les processus de collaboration à l’étude et d’autres processus afin de déterminer dans quelle mesure ces interrelations ont influencé leur développement dans le temps et l’espace ainsi que les efforts de collaboration. Au cours de la période à l’étude, les Nehirowisiwok se sont engagés dans une myriade de démarches et d’initiatives reliées à la planification forestière. Cette thèse fournit une analyse approfondie de trois processus s’étant déroulés à différents moments de la période à l’étude en examinant les dimensions clés de chaque processus. Les résultats montrent que les efforts de collaboration ont grandement été influencés par un contexte évolutif. On retrouve notamment la révision du régime forestier à la fin des années 1990, les jugements Haïda et Taku River en 2004 ainsi que l’adoption d’un nouveau régime forestier. Il a aussi été remarqué que les dimensions du processus de collaboration étaient interreliées. Par conséquent, lorsqu’une dimension du processus changeait cela pouvait entraîner un « effet domino » sur d’autres aspects du processus. Enfin, bien que la plupart des précédents auteurs s’entendent de plus en plus pour dire que la collaboration est un processus dynamique dans le temps, les résultats confirment que la collaboration évolue, mais en partie. Cette thèse met aussi en lumière l’interaction entre les effets et les conditions de la collaboration dans le contexte de la planification forestière. En effet, sans les apprentissages qui découlent des collaborations antérieures, la collaboration a tendance à livrer des résultats plutôt insatisfaisants. Cela arrive surtout lorsque les acteurs n’ont pas une histoire antérieure de collaboration. Donc, pour avoir des retombées immédiates satisfaisantes pour l’ensemble des parties concernées, les acteurs ont dû développer de nouvelles habiletés, apprendre le vocabulaire forestier, se familiariser avec les préoccupations de l’Autre, raffiner et développer de nouveaux outils et instruments, mais surtout, bâtir une nouvelle démarche commune envers laquelle ils ont confiance. En somme, les acteurs ne collaborent pas du jour au lendemain; ils doivent d’abord apprendre à collaborer avant de pouvoir collaborer efficacement. Les résultats ont aussi permis de développer une classification empirique des liens observables entre les processus de collaboration. Cinq grands ensembles de liens ont été observés : descendance, dédoublement, opposition, complémentarité et influence. Ces différents liens montrent que les processus de collaboration n’évoluent pas en vase clos et qu’ils peuvent avoir des effets significatifs sur leur environnement et les autres processus. Plus encore, ils illustrent que les processus de collaboration ne viennent pas seulement s’ajouter, compléter ou remplacer les processus existants tel que la littérature est souvent portée à les dépeindre. Enfin, à partir des conclusions de cette étude, de nouvelles questions se posent. Est-ce que la collaboration avec les Nehirowisiwok dans le cadre de la planification forestière a évolué de la même façon avec les Premières Nations présentes dans les autres régions du Québec? Quels seraient les facteurs et les conditions qui expliqueraient les différences et les similarités observables? Il serait aussi intéressant d’examiner comment la collaboration a évolué dans les autres domaines de la gouvernance forestière telle que l’octroi des permis de coupe (garanties d’approvisionnement), l’élaboration des politiques forestières, l’affectation du territoire, détermination des rôles et responsabilités en matière de gestion des feux de forêt et ainsi de suite. Enfin, il semble plus que jamais pertinent d’examiner comment et quand il demeure possible d’articuler la collaboration à d’autres mécanismes de gouvernance afin de pouvoir profiter pleinement de son potentiel en matière de gestion durable et équitable du Nitaskinan. / This thesis sheds new light on the growing role of First Nations in sustainable forest management. Through a qualitative and longitudinal approach, this thesis examines the evolution of collaboration between the indigenous Nehirowisiwok (Atikamekw Nation) and Quebec’ industrial and governmental actors in forest planning on Nitaskinan during the period 1990 to 2013. It aims to better understand the factors and conditions that influenced the evolution of collaborative forest governance. This thesis also aims to identify and characterize interrelations between the collaboration processes analyzed and others processes to determine how these relationships have influenced the development of collaborative efforts in time and space. During the study period, the Nehirowisiwok engaged in a myriad of approaches and initiatives related to forest planning. This study examines three distinct processes that took place at key stages during the period, analysing critical dimensions of each process. The results show that collaborative efforts were greatly influenced by a changing environment, particularly the revision of the forestry regime in the late 1990s, the Haïda and Taku River judgements in 2004 and the adoption of a new forestry regime in 2010. Importantly, although collaborative processes are distinct, the dimensions of these processes are intertwined. Changes in, or caused by, one process can have a “domino effect” on dimensions of the other collaborative processes. Finally, although most previous authors agree that collaboration is an emergent and dynamic process in time, the results indicate that these changes may be partial, rather than complete. This research highlights the interactions between the conditions for collaboration and the effects of this collaboration in the context of forest planning. Indeed, without the learning arising from previous collaborations, collaboration tends to deliver unsatisfactory results. This mostly happens when actors do not have a prior history of collaboration. Consequently, in order to obtain satisfactory and immediate benefits for all stakeholders (including the Nehirowisiwok), the actors had to develop new skills, learn the forestry vocabulary, become familiar with the concerns of the Other and refine and develop new tools and instruments. Particularly importantly, they need to build a new common approach in which they can trust each other. In short, the actors do not collaborate overnight; they must first learn to cooperate before they can collaborate effectively. The results also helped develop an empirical classification of links between collaborative processes. Five general sets of interrelations were observed: genealogical, duplication, opposition, complementarity and influence. These links show that collaborative process does not exist in isolation and can have significant effects on their environment and other processes. Moreover, they demonstrate that collaborative processes do not simply add to, supplement or replace existing processes, as is often portrayed in the literature. Finally, based on the findings of this study, new questions arise. Have other First Nations in Quebec experienced an evolution in collaborative forest planning, in the same way as the Nehirowisiwok? What are the factors and conditions that explain the differences and similarities observed? It would also be interesting to examine how collaboration has evolved in other areas of forest governance, such as the allocation of timber supply, the development of new forest policy, land use planning, or forest fire management. Finally, it seems more relevant than ever to consider how and when it is still possible to articulate collaboration to other governance mechanisms in order to take full advantage of its potential for sustainable and equitable governance of Nitaskinan.
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Étude de la normativité sexuelle contemporaine : le cas d'une communauté de pratiques BDSMDéry, Caroline 24 April 2018 (has links)
Afin de cerner la teneur de la normativité sexuelle en contexte contemporain, cette étude prend pour objet les discours de praticien-ne-s de BDSM (bondage, discipline, domination, soumission, sadomasochisme) et la manière dont ces derniers font l'expérience du regard des autres sur leurs pratiques. L'étude montre que le type de rapport au jeu des praticien-ne-s influence leur rapport à la norme. Selon que les praticien-ne-s cherchent ou non à gommer la distance entre leur rôle dans le cadre du jeu et leur identité sociale, ils sont susceptibles de se positionner en rupture ou en continuité vis-à-vis de la normalité sexuelle. Tandis que ceux qui cherchent à quotidianiser leur pratique adoptent une attitude de distinction et conçoivent la sexualité normale comme étant ennuyeuse, les autres qui conçoivent le BDSM comme un jeu circonscrit dans des moments spécifiques sont portés à normaliser leurs pratiques et à les situer dans le prolongement de la normalité sexuelle. Les distinctions entre les deux types de rapport au BDSM (celui des tenant-e-s de la vieille école et des joueurs) portent essentiellement sur leur rapport aux coulisses du jeu et à la distance vis-à-vis des rôles. Les praticien-ne-s ne ressentent que très peu de stigmatisation auprès d'autrui. Les traces de l'épreuve d'un stigmate n'apparaissent que via le prisme de complexes et questionnements personnels chez les répondant-e-s qui s'interrogent parfois à savoir si leur intérêt pour certaines pratiques est sain. Les pratiques BDSM sont de l'ordre de la sphère privée et constituent un stigmate invisible. Les praticien-ne-s choisissent à qui et de quelle manière révéler qu'ils s'adonnent au BDSM en se basant sur la compréhension qu'ils ont de la normativité. Le niveau d'intimité partagé ainsi que la séparation entre la sphère privée et publique font office de critères pour départager à qui révéler son intérêt pour le BDSM et comment.
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