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L'immortalité chez Pindare : la parole inspirée entre religion et poésieCarrière-Bouchard, Ulysse 08 1900 (has links)
C’est par une généalogie de l’immortalité poétique en Grèce archaïque, depuis une immortalité ne concernant que le renom jusqu’à une forme de survie personnelle, que s’ouvre cette recherche. Arrivé à Pindare, une étude approfondie de sa première Néméenne, au moyen de la théorie de l’énonciation de Benveniste et de la narratologie de Genette, permet de détailler comment se construit, dans l’épinicie, un régime temporel de l’éternité, dans lequel le poète inscrit le vainqueur qu’il célèbre.
Je me penche alors sur la formation, dans l’épinicie, d’un réseau de concepts dont font partie la mémoire, la vérité, la lumière et l’or, réseau servant à créer une connotation d’immortalité. Ce réseau est ensuite analysé au travers des relations sociales qui le déterminent, au moyen du matérialisme historique et de l’herméneutique négative. Il en ressort que ce réseau marque la construction d’une idéologie aristocratique, dont la structure est détaillée grâce au concept d’hégémonie de Gramsci, ce qui laisse voir que l’immortalité poétique, chez Pindare, a pour fonction de poser un ordre social comme éternel.
L’immortalité religieuse de Pindare est placée dans ce contexte et interprétée comme une autorité extra-littéraire devant asseoir la forme non traditionnelle d’immortalité poétique de Pindare, recours rendu nécessaire par un ébranlement de l’autorité littéraire. Ainsi, le développement exacerbé, en Grèce archaïque, de l’immortalité poétique, est réinterprété comme le produit d’une crise généralisée de l’autorité, une lutte des classes devant mener à la défaite de l’aristocratie terrienne et à l’émergence de la polis de la Grèce classique. / This research opens with a genealogy of poetic immortality in Archaic Greece, from an immortality of renown down to a form of personal survival. A detailed study of Pindar’s first Nemean, through Benveniste’s enunciative linguistics and Genette’s narratology, shows how the epinician constructs a temporal regime of eternity, in which the poet inscribes the victor. I proceed to analyze how, through the epinician, a network of concepts comprising memory, truth, light, and gold, is used to create a connotation of immortality. The social relations that determine this network are then analyzed through historical materialism and negative hermeneutics. From there, it appears that this network shows the construction of an aristocratic ideology, whose structure is then detailed through Gramsci’s concept of hegemony. This reveals how Pindar’s poetic immortality serves to ground a social order as eternal. Pindar’s religious immortality is then cast within this context and interpreted as an appeal to an extra-literary authority whose role is to legitimize the non-traditional form of poetic immortality developed by Pindar, an appeal made necessary by an undermining of literary authority. Thus, the increasing development of poetic immortality throughout Archaic Greece is reinterpreted as the product of a general crisis of authority, of a class struggle that would lead to the defeat of the landed aristocracy and the emergence of the polis of Classical Greece.
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