Cette recherche s'intéresse à l'herméneutique théologique de l'enseignement de Vatican II sur le thème du laïcat (1965-2003), faite par le magistère et les théologiens. À partir de ces lectures du concile, est-il possible de penser des ministères exercés par des laïcs et, le cas échéant, quelles en seraient les conditions? Après avoir répartis en trois périodes les interprétations du concile, les postures et les méthodes herméneutiques des différents relecteurs ont été analysées avant de dégager les conclusions théologiques de leur interprétation. Le rapport aux textes conciliaires est conditionné par un ensemble de facteurs, touchant à la fois la position et les méthodes de l'herméneute ainsi que le contexte dans lequel se fait la relecture. L'histoire de Vatican II inclut l'histoire de sa réception et de son herméneutique qui évolue et connaît des accents différents en s'éloignant de sa clôture.

Après le concile Vatican II, le développement du concept ecclésiologique de la communion a établi de nouveaux rapports entre les membres du Peuple de Dieu. Par rapport à la mission de l'Église à laquelle tous les membres sont invités à participer, nous avons interprété ces rapports comme étant des apports de coresponsabilité. La coresponsabilité entre les prêtres et les laïcs offre les meilleures conditions pour découvrir la signification profonde, la spécificité et le sens dynamique de la ministérialité de l'Église entière au service d'une mission ecclésiale dont tous sont solidairement responsables dans la complémentarité des charismes et des services. L'analyse de contenu de quelques documents du Magistère authentique de l'Église nous aidera à montrer que dans la diversité des ministères et la complémentarité des services, un nouveau visage de l’Église se dessine. Dans ce nouveau visage, ce qui est important, ce n'est pas le fait que les laïcs feront demain ce que les prêtres font aujourd'hui, mais le fait de prendre conscience que les prêtres et les laïcs sont invités à participer ensemble à la mission de l'Église, à travailler dans la complémentarité et la collaboration en tenant comte e la vocation, du charisme et de l'état de vie de chacun.

Regula monachorum! Voilà une Règle de vie, écrite au 6e siècle, pour des chrétiens invités à quitter le monde pour suivre le Christ, qui, paradoxalement, s'avère, mutatis mutandis, un guide de vie, en très grande partie, idéal pour d'autres chrétiens, justement appelés, de par leur vocation spécifique, à ne pas le quitter! Saint Benoît a, manifestement, écrit cette Règle, tissée d'Écriture, pour que ses moines soient d'abord de bons chrétiens. Voilà pourquoi le laïc, qui accepte de suivre le Christ, dans le monde, se sent fortement interpellé par ce modèle de vie évangélique. Il y perçoit, en effet, la voix d'un Maître qui lui rappelle avec des accents vibrants, parfois pathétiques, l'urgence de répondre à sa vocation chrétienne, par une vie théologale ardente et une saine vie morale. Il y trouve, également, une doctrine spirituelle et des moyens pratiques privilégiés, applicables dans le monde, non seulement pour écarter les obstacles à une vie spirituelle équilibrée, mais aussi pour y assumer pleinement, selon les circonstances concrètes de la vie courante, ses responsabilités humaines et professionnelles, conformément à la volonté de Dieu, dans l'amour du Christ et du prochain.

Les laïcs avaient quelques devoirs à accomplir: prier pour le succès de l'évènement conciliaire et faire des efforts pour une sanctification personnelle. Au Québec, on a voulu leur donner la possibilité d'apporter leurs vœux et leurs suggestions lors de la phase préparatoire du concile. C'est ainsi qu'ont été organisées au Québec, à partir du mois d'octobre 1961, une série de 13 consultations préconciliaires des laïcs. Il s'agissait là d'un trait particulier au Québec puisque, dans le monde entier, nous n'en comptons pas autant. À l'étude des rapports rédigés suite à ces rencontres, nous découvrirons comment, à la veille de Vatican II, les laïcs percevaient leur Église locale, quelles étaient leurs principales doléances et suggestions. Nous ferons donc une analyse de contenu des rapports rédigés suite aux rencontres préconciliaires de Québec, Saint-Jérôme et Sainte-Anne-de-la-Pocatière.