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Structure nominale et expression du temps, du mode et de l'aspect en saramaka : analyse synchronique et diachronique

Bally, Anne-Sophie 05 1900 (has links) (PDF)
La curiosité des linguistes à l'égard des langues créoles repose sur la façon dont celles-ci ont été créées, puisque ce sont des langues que l'on a vu émerger dans des intervalles de temps très brefs et souvent dans des conditions sociohistoriques très particulières, comme l'esclavage dans les Antilles au XVIIe siècle. Les langues créoles sont le fruit d'un contact de plusieurs langues et elles sont par conséquent dans leur structure le reflet des langues en présence lors de ce contact. Dans cette thèse, nous nous intéresserons particulièrement à une de ces langues créoles : le saramaka, une langue créole à base lexicale anglaise et portugaise parlée au Suriname et en Guyane française par environ 30 000 locuteurs. Cette langue sera traitée sous deux angles différents, mais complémentaires. Le premier angle est une description synchronique fine de la structure nominale et de la structure verbale et plus spécifiquement, les catégories dites « fonctionnelles » qui y apparaissent. Le second angle est une recherche approfondie de l'origine et de la création de ces deux structures, en comparaison avec les structures équivalentes dans les langues en présence au moment de sa création. Le cadre théorique dans lequel s'inscrit cette recherche est résolument saussurien, puisqu'il fait appel à la notion du signe linguistique tel que développé par Saussure (1916) comprenant un signifiant (une image acoustique) et un signifié (un concept). Les deux propriétés fondamentales du signe sont son caractère radicalement arbitraire et sa linéarité, imposée par la modalité orale. Nous reprenons les travaux de Bouchard (2002, 2005, à paraître) pour l'aspect combinatoire de ces signes linguistiques, c'est-à-dire pour l'aspect syntaxique de notre cadre théorique. Faire le choix d'un tel cadre théorique pour parler des langues créoles est en soi novateur, puisque beaucoup des recherches actuelles se déroulent au sein du cadre théorique de la grammaire générative. Dans le premier chapitre, nous verrons quels sont les problèmes liés aux hypothèses actuelles sur la genèse des langues créoles, en particulier quand celles-ci s'ancrent dans le cadre théorique de la grammaire générative. Il sera proposé plutôt de prendre comme point de départ à la genèse des langues créoles le fait que celles-ci sont des cas particuliers d'acquisition d'une langue seconde. Les agents de formation d'une langue créole ne recevant pas un enseignement explicite de la langue-cible, le système de signes linguistiques de la langue en cours d'acquisition est purement fondé sur les perceptions que ses apprenants en avaient. Ainsi, les signifiants de la langue-cible étant sonores, donc directement accessibles, ceux-ci ont été relativement bien acquis. Les signifiés de la langue-cible étant moins accessibles, puisqu'il n'y a pas eu d'enseignement explicite de la langue-cible, ceux-ci ont été moins bien acquis et souvent amalgamés avec les signifiés des signes équivalents dans la langue maternelle des apprenants. On a affaire à un mécanisme de transfert négatif dans ce cas, comme cela est abondamment documenté dans le domaine de l'acquisition des langues secondes. Dans le second chapitre, nous présentons dans les grandes lignes les caractéristiques de la langue saramaka, ainsi que la façon dont nous avons recueilli les données et quelle est la méthodologie employée pour les traiter. Les chapitres trois et quatre sont l'application directe du cadre théorique que nous développons dans le premier chapitre. Ils cherchent à comprendre et à expliquer l'origine de la structure nominale et de la structure verbale, des signes qui les composent et de l'ordre de ceux-ci. Nous voyons dans ces chapitres, au fil des démonstrations, que notre cadre théorique basé sur les perceptions des apprenants du système de signes linguistique des langues-cibles explique adéquatement la formation de ces structures. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : saramaccan, signe linguistique, Saussure, langues créoles, anglais, portugais, langues gbe, syntagme nominal, marqueurs de TMA.

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