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Pratiques d’entreprises et extension de l’informalisation au secteur minier formel ouest-africain : analyse comparée des réponses d’acteurs francophones et anglophones.Viagbo, Komi Mawunam 01 1900 (has links)
Cette thèse part du constat que les cadres théoriques explicatifs des relations d’emploi sont plus adaptés au contexte occidental et ne permettent pas d’expliquer les réalités des pays en développement en général et de l’Afrique subsaharienne en particulier. Elle s’appuie sur les pratiques d’informalisation des emplois miniers par l’externalisation au Ghana et en Côte d’Ivoire pour proposer une théorie appropriée au contexte de l’Afrique de l’Ouest. La question principale de la recherche est la suivante : quelles logiques orientent les acteurs dans leur positionnement face au processus d’informalisation des emplois miniers en Afrique de l’Ouest ? De cette question principale ont découlé les questions secondaires à savoir : que comprendre de l’option des entreprises minières pour les pratiques d’informalisation des emplois? Comment expliquer les stratégies gouvernementales dans l’encadrement ou non de ces pratiques? Et que dire des stratégies de l’acteur syndical ou des communautés locales (autorités/chefferies traditionnelles) face à ces pratiques?
Pour répondre à ces questions, la thèse s’est appuyée sur une comparaison des contextes coloniaux anglophone et francophone de l’Afrique de l’Ouest pour s'interroger sur l’influence des trajectoires et traditions institutionnelles sur les logiques des acteurs contemporains des relations d’emploi. Elle a mobilisé des ressources théoriques complémentaires issues de l’institutionnalisme historique, des variétés de capitalismes, de l’histoire des pays et des théories du système monde et du capitalisme périphérique. La méthodologie est quant à elle basée sur un devis qualitatif, avec une analyse multiniveau et des études de cas comparatives d’entreprises minières au Ghana et en Côte d’Ivoire. Au total, quatre entreprises minières à raison de deux par pays (une entreprise originaire du Canada et une autre originaire de l’Inde dans chacun des pays hôtes) ont été étudiées. Des entrevues ont été réalisées auprès de 33 personnes ressources identifiées au sein de ces entreprises et dans les institutions sectorielles et nationales des relations industrielles. Cette approche méthodologique a permis d’appréhender les contextes nationaux des relations d’emploi dans les deux pays étudiés, mais aussi les logiques mobilisées par les acteurs, aux échelles nationales et des entreprises, face aux pratiques d’externalisation des emplois.
L’analyse des données collectées a permis de constater qu’au niveau des acteurs gouvernementaux des deux pays, la logique a évolué de l’organisation juridique autour de l’emploi formel à durée indéterminée comme norme à la déréglementation et à l’intégration des pratiques d’externalisation grâce aux réformes introduites dans le cadre des programmes d’ajustement structurel. Dans les deux pays, l’influence des organisations internationales notamment le FMI et la BM est déterminante dans l’adoption de cette posture idéologique de la régulation flexible des relations d’emploi. Les logiques patronales d’informalisation des emplois dans les deux pays s’inscrivent, quant à elles, dans des dynamiques de rationalisation de la gestion et donc de maximisation des profits. Toutefois, la thèse a permis de mettre en évidence un effet « pays d’origine de la mine » qui peut affecter la forme de la pratique d’externalisation adoptée, particulièrement en Côte d’Ivoire où les mécanismes de suivi de l’application de la loi ne sont pas aussi contraignants qu’au Ghana. Enfin, les logiques syndicales s’inscrivent davantage dans le cadre institutionnel national d’organisation de l’action syndicale. Au Ghana, la nature décentralisée de l’organisation syndicale est plus favorable à l’exclusion des travailleurs externalisés alors que le cadre centralisé ivoirien se prête davantage à l’unité d’action entre travailleurs externalisés et travailleurs de l’entreprise utilisatrice.
En somme, la thèse soutient que pour comprendre les logiques d’acteurs syndicaux et gouvernementaux face aux pratiques d’informalisation des emplois, il convient de considérer le degré d’autonomie des États par rapport à l’influence des institutions internationales notamment la BM, le FMI et l’OIT. Au-delà de ces organisations, il importe aussi de savoir la façon dont le facteur colonial continue d'influencer les pratiques et logiques d’acteurs de ces pays notamment par le maintien des modèles juridiques hérités, l’utilisation par les tribunaux de la jurisprudence des anciennes puissances colonisatrices et l’alignement des pratiques institutionnelles contemporaines sur les modèles de ces anciennes puissances. Pour ce qui est des entreprises, les données de la thèse appuient l’idée que les pratiques d’externalisation s’inscrivent dans une logique de maximisation des profits, mais elles sont modulées en fonction du contexte national d’implantation des entreprises. Dans un environnement où il y a un mécanisme de suivi rigoureux de l’application des lois, toutes les entreprises ont tendance à avoir des pratiques similaires. En revanche, dans un contexte où le mécanisme de suivi est moins efficace et moins rigoureux on a tendance à observer des comportements d’entreprises qu’on peut relier à leurs pays d’origine.
Finalement, les niveaux de responsabilités et la place accordés aux autorités locales dans les contextes nationaux peuvent entraîner l'implication plus ou moins importante de ces dernières dans les pratiques d’emploi. / This thesis starts from the observation that the theoretical frameworks explaining employment relations are more adapted to the Western context and make it difficult to explain the realities of developing countries in general and sub-Saharan Africa in particular. It draws on the practices of informalization of mining jobs through outsourcing in Ghana and Côte d’Ivoire to propose an appropriate theory to the West African context. The main question of the research is the following: what logic guides the actors in their positioning facing the process of informalization of mining jobs in West Africa? From this main question arose secondary questions, like: What to understand from the practice of jobs informalization in the mining companies? How can we explain government strategies regarding the regulation or lack of regulation of these practices? And what can we say about the strategies of the union actor or local communities (traditional authorities/chiefdoms) regarding these practices?
To answer these questions, the thesis relied on a comparison of the English-speaking and French-speaking colonial contexts of West Africa to question the influence of trajectories and institutional traditions on the logics of contemporary actors of employment relations. It mobilized complementary theoretical resources from historical institutionalism, varieties of capitalism, the history of countries and theories of the world system and peripheral capitalism. The methodology is based on a qualitative estimate, with a multilevel analysis and comparative case studies of mining companies in Ghana and Côte d'Ivoire. A total of four mining companies, two companies per country one from Canada and another one from India in each of the two countries, were studied. Interviews were conducted with 33 individuals selected within these companies and in sectoral and national industrial relations institutions. This methodological approach made it possible to understand the national contexts of employment relations in the two countries studied, but also the logics mobilized by the actors at the national and company levels, relating to jobs outsourcing.
The analysis of the data collected has shown that at the level of the government actors of the two countries, the logic has evolved from the legal organization around formal permanent employment to deregulation and the integration of outsourcing practices through reforms introduced under structural adjustment programs. In both countries, the influence of international organizations, particularly the International Monetary Fund and the World Bank, is decisive in the adoption of this ideological posture of flexible regulation of employment relations. The employers' logic of jobs informalization in the two countries is more in line with the dynamics of rationalization of management and therefore maximization of profits. However, the research has revealed a "country of origin effect" in those mining companies. This effect affects the form of the outsourcing practice adopted, particularly in Côte d'Ivoire where the mechanisms for monitoring the application of the law are not as restrictive as in Ghana. Finally, Union logics are aligned with the national institutional framework, which organize union action. In Ghana, the decentralized nature of union organization is more favorable to the exclusion of outsourced workers, while the Ivorian centralized framework lends itself more to unity of action between outsourced workers and workers from the mining company.
Ultimately, the thesis argues that to understand the logics of union and government actors faced with the practices of informalization of mining jobs through outsourcing, it is appropriate to consider the degree of autonomy of countries in relation to the influence of international institutions, notably the WB, the IMF and the ILO. Beyond these organizations, it is also important to know the way in which the colonial factor continues to influence the practices and logic of actors, particularly through the maintenance of inherited legal models, the use by courts of case law of the former colonizing powers and the alignment of contemporary institutional practices on the models of these former powers. As for companies, the data from the thesis supports the idea that outsourcing practices are part of a profit maximization logic, but they are modulated according to the national context in which the companies are established. In an environment where there is a rigorous monitoring mechanism for law enforcement, all companies tend to have similar practices. On the other hand, in a context where the monitoring mechanism is less effective and less rigorous, we tend to observe behaviors of companies that can be linked to their countries of origin. Finally, the levels of responsibilities and the place granted to local authorities in national contexts can lead to more or less significant involvement in employment practices.
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Les enjeux du patrimoine au Liban : Baalbek : quelles échelles pour quels patrimoines ? / The stakes of heritage in Lebanon : Baalbek : what scales for which heritages?Salem, Ghada 20 December 2011 (has links)
Pays où se croisent influences occidentale et arabe, le Liban est un laboratoire heuristique pour analyser la question patrimoniale. Son système politique confessionnel, sa société communautaire et sa situation stratégique au Moyen Orient en font un enjeu géopolitique. La construction nationale a approprié le regard orientaliste pour postuler une identité libanaise assise sur des mythes fondateurs ; elle a mobilisé les Libanais autour des valeurs communes de la nation afin de diluer les identités communautaires. La guerre civile a réactualisé ces identités et les communautés se sont emparées de leurs particularismes religieux au profit des acteurs divers qui s’affrontent au Moyen Orient et qui instrumentalisent la carte communautaire libanaise dans leurs confrontations. Le Liban a traversé deux périodes de construction identitaire : nationale et communautaire ; chacune de ces périodes a sécrété un patrimoine particulier. À Baalbek, ville connue par l’Occident à travers les récits des voyageurs, la construction nationale désigne le site archéologique comme patrimoine national. Or, ce site se caractérise par une sédimentation de couches culturelles qui sollicite une lecture patrimoniale différente selon des échelles : alors que le regard occidental y voit des temples romains, la population locale y voit une Qalaa (citadelle) arabe. Entre la romanité et l’arabité du site, l’État libanais a opté pour sa dimension phénicienne qui affirme que les Libanais sont les descendants des Phéniciens. Avec la remontée du pouvoir communautaire chiite dans la ville, un nouvel objet patrimonial émerge : le mausolée de Sit Khawla répond par son référentiel identitaire et la dynamique économique qu’il induit dans la ville, aux aspirations de la population locale recomposée communautairement. Il s’ensuit deux pôles patrimoniaux qui coexistent dans l’espace de Baalbek. Cette bipolarité patrimoniale renvoie à des enjeux, des logiques d’acteurs et des acceptions du patrimoine que cette thèse s’attache à analyser. / A country influenced by both the Western and Arab world, Lebanon is a heuristic laboratory to analyze heritage questions. Its confessional political system, community social structures and strategic location in the Middle East contribute to make it an important geopolitical stake. The Lebanese nation-building process appropriated the Orientalist gaze to force a national identity based on several founding myths. It sought to gather the Lebanese around national common values, and so weaken the community identities by promoting the image of a socio-cultural mosaic. The civil war refreshed these identities, and the communities seized their specific religious particularisms, which the regional powers in the Middle East manipulated for their power game. Lebanon witnessed two periods of identity-building: national and community, each of them inventing a particular heritage object. In Baalbek, a city that was familiar to the West thanks to travellers, nation-building process appointed the archaeological site as a national heritage. However, the site is characterized by sedimentation of several cultural layers, each participating in different scales of heritage interpretation: while the Western gaze sees Roman temples, the local gaze sees an Arab Qalaa (citadel). In addition to the Roman and Arab identity of the site, the Lebanese state stressed its Phoenician dimension favourable to its national discourse which affirms that the Lebanese are the descendants of Phoenicians. With the rise of Shiite community power in the city, a new heritage object attracts the local level: the mausoleum of Sit Khawla responds to the aspirations of local population, by its referential identity and its economic dynamics which it has induced in the city, now recomposed on a community basis. As a result, two heritage centres coexist in Baalbek’s space. This bipolarity underlines heritage issues, the actors’ logics and the different significance of the conception of heritage, which this thesis attempts to analyze.
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